jeudi 15 décembre 2016

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Semer la paix

Par Kodegui (enseignant à Lomé, Togo, en CM2)


Le fait d’appliquer cette leçon* durant ces deux années, m’a montré une autre façon de gouverner ma classe. C’est-à-dire, cette année j’ai décidé d’aider les enfants à gérer leurs problèmes eux-mêmes, en se fondant toujours sur le cœur afin qu’ils soient rapidement eux aussi autonomes et responsables.
En plus de cela, après le temps de silence matinal en classe, pour ne pas oublier les conseils de Mario et Maria, je donne à mes élèves une petite leçon de morale basée sur le cœur et qui devrait les amener à : pratiquer la démocratie à l’école et le respect mutuel, à aimer les autres, et à semer la paix dans notre classe et partout où l’on se trouve. 


* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

jeudi 1 décembre 2016

«  Il nous faut être conscient que le problème ne se limite pas aux écoles telles qu’elles sont conçues aujourd’hui et ne réside pas dans des questions de méthodes d’éducation, plus ou moins pratiques, plus ou moins philosophiques. Ou l’éducation contribuera à un mouvement de libération universelle en indiquant comment défendre et élever l’humanité, ou bien elle s’atrophiera comme il arrive à un organe devenu inutile dans le parcours évolutif d’une espèce.  »  ( Maria Montessori, médecin et pédagogue, 1870-1952)

Philippe Bihouix : «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants "hors-sol", comme des tomates»

L’ingénieur et essayiste jette un pavé dans la cour de l’école. Non, le numérique ne permet ni d’apprendre mieux, ni de lutter contre les inégalités. Il est même nuisible à l’acquisition des fondamentaux, fait perdre le goût de l’effort et met en péril le métier d’enseignant.


Par Noémie Rousseau

Conformément au plan numérique pour l’éducation, lancé en mai 2015 par François Hollande, 175 000 collégiens et écoliers ont fait leur rentrée avec une tablette. Grâce à des «méthodes d’apprentissage innovantes», il promet de «favoriser la réussite scolaire», de «former des citoyens responsables et autonomes», de «préparer aux emplois digitaux de demain». Voilà un siècle que des technologies toujours plus en pointe se succèdent dans les classes, promettant inlassablement de révolutionner l’école. Mais le miracle n’a pas eu lieu. Et il ne se produira pas, prévient d’emblée Philippe Bihouix dans son nouvel essai le Désastre de l’école numérique (Seuil). Les résultats douchent systématiquement les espérances, et pourtant la course à l’équipement continue, onéreuse et nocive. Avec l’enseignante Karine Mauvilly, l’ingénieur et essayiste veut «jeter un pavé dans la mare», «ouvrir le débat», à l’heure où l’autre défi de la rentrée, c’est de laisser les Pokémon au portail des établissements scolaires.

En quoi l’école numérique est-elle un «désastre» ?

Elle est née sous une «mauvaise étoile» (de l’italien disastro), celle du besoin compulsif d’innover à tout prix, de la fascination naïve pour la technique et la nouveauté. Elle est une défaite, celle du «combat» pour une école plus juste : la fuite en avant numérique est d’abord le signe de l’échec de décennies de réformes du système scolaire. On n’a plus que ça à proposer, la technologie pour panser toutes les plaies du système scolaire [...]


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La maîtrise de la pensée

La maîtrise de la pensée : un enseignement élémentaire, observations d'un directeur d'école


Par un directeur d'école

L'année scolaire 2014/2015 m'aura été difficile, j'ai eu quelquefois l'impression de perdre pied face au groupe des élèves, comme un étonnement. Après de nombreuses années d'observations, de réflexions, d'échanges, de lectures, d'intérêt et d'engagement quotidien, d'échecs et de fatigue aussi, je me suis construit une représentation relativement précise de ma responsabilité d'enseignement. Même si celle-ci reste personnelle et globalement intuitive, elle constitue une assise, une confiance qui aurait dû me permettre de stabiliser convenablement l'espace de ma classe. Cependant, j'avoue avoir été parfois dérouté, confronté à des problématiques extravagantes en nombre et en intensité accrus [...] 

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A Aubervilliers, un collectif invente un autre collège

Une petite révolution est en cours dans l’Éducation nationale. A Aubervilliers, un collectif d’enseignants imagine un collège différent, dont le fonctionnement serait démocratisé, l’enseignement polytechnique, les décisions collectives... Un rêve dont ils espèrent convaincre l’institution de le concrétiser dans un nouvel établissement en 2017.


Par Marie Astier (Reporterre)

Tout a commencé par une grève : en 2010, à Aubervilliers, des suppressions de postes sont annoncées, alors que le nombre d’élèves augmente. Pendant deux mois, les profs des collèges du secteur protestent, se rencontrent, débattent. « On a discuté de l’école, de ce qui n’allait pas, se rappelle Isabelle Darras, professeure de lettres classiques. Puis on a appris que le département votait le budget pour construire un nouveau collège à Aubervilliers. » C’est le déclic : et si cet établissement à naître, dont les plans ne sont même pas encore dessinés, était justement l’occasion de repenser un collège différent ?

Au départ, ils sont quelques profs et un CPE (conseiller principal d’éducation), exerçant tous en zone « difficile ». Ils se réunissent dans un collectif, puis créent l’association pour un collège coopératif et polytechnique à Aubervilliers (A2CPA). Aujourd’hui, ils sont une dizaine de permanents, plus une trentaine de curieux réguliers.

Ils mettent une contrainte à leur imagination : le collège sera public et respectera la carte scolaire. « On fait un collège pour nos élèves, insiste Vincent Boroli, professeur d’EPS dans le 19e. On a envie d’offrir un service public d’éducation de meilleure qualité, et ce dans une des villes les plus pauvres de France. »

L’éducation nationale, usine à élèves ?

Trop d’élèves par classe, manque de moyens, direction parfois autiste. Tous sont insatisfaits des conditions dans lesquelles ils exercent leur métier. « On a plus l’impression d’être dans une logique d’usinage de l’éducation que dans un métier où on prend en compte l’humain. L’éducation nationale est basée sur un modèle très vertical où l’on applique des décisions sans avoir l’impression d’en être les auteurs », dénonce Vincent.

« Aujourd’hui dans le secondaire, les conditions ne sont pas créées pour que les professeurs travaillent en équipe. Or la transmission des savoirs est une affaire collective », observe André Sirota. Ce chercheur et professeur en psychologie à l’université Paris-Ouest, spécialiste de l’éducation, soutient activement le collectif.

Mais attention, avertit Séverine Labarre, professeure de lettres modernes, « on n’a pas pensé les choses en fonction de ce qu’on n’aime pas dans l’éducation nationale, on l’a construit en fonction de ce que l’on voudrait. » [...]


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Respecter les lois naturelles de l’enfant, la clé pour une grande révolution de l’éducation

Pendant trois ans, Céline Alvarez a porté un projet de classe unique dans la maternelle d’un établissement classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) et plan violence à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Son expérience visait à montrer, grâce à un suivi scientifique des progrès des enfants, qu’une proposition pédagogique basée sur les mécanismes naturels d’apprentissage leur serait hautement bénéfique. Entretien avec une passionnée de l’éducation.


Pourquoi avez-vous décidé de mener une telle expérience ?
J’étais indignée par les chiffres alarmants de l’échec scolaire. Il faut savoir que, chaque année, 40 % de nos enfants sortent du CM2 avec des acquis fragiles ou insuffisants en mathématiques et en lecture. Les rapports de 2007 et de 2012 du Haut Conseil de l’éducation précisent que ces lacunes empêcheront les enfants de poursuivre une scolarité normale au collège. J’ai toujours été convaincue que l’école nous imposait un fonctionnement inadapté, contraire à nos « lois » d’apprentissage et d’épanouissement, mais ce chiffre fut un déclencheur. Après mes études de linguistique, il m’a décidée à infiltrer le système en passant le concours d’enseignante, et à obtenir carte blanche dans une maternelle où les trois sections étaient mélangées pour « voir » ce que donnerait un environnement de classe plus respectueux des mécanismes naturels d’apprentissage. Les enfants seraient-ils encore autant en difficulté ? Avant de mener cette expérience, j’ai étudié longuement la recherche cognitive, les neurosciences sociales et affectives, la linguistique, ainsi que les travaux de Maria Montessori.

Qu’est-ce que cela vous a appris sur le fonctionnement des enfants ?

Une chose merveilleuse : que ce dont ils ont besoin pour apprendre et s’épanouir est d’une simplicité insolente. Encore mieux : nous savons déjà intuitivement ce qui leur est nécessaire [...]


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