mercredi 16 septembre 2020

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Paroles d'enfants : les disputes (2)


 Avec « La leçon de Professeur Hibou »*, les enfants de maternelle apprennent à réagir autrement à leurs problèmes…

  

Discussion autour des disputes

 

-        N. : Quand on se dispute dans la cour, on peut aller s’asseoir sur le banc.

-        E. : Il faut toujours se réconcilier, comme ça, on retrouve le bonheur dans son cœur.

-        S. : Il faut faire attention aux autres et ne pas les bousculer.

-        A. : On a droit de régler les disputes. Il ne faut pas dire de mensonges.

-        M. : C’est pas bien de faire les disputes avec S. et L. C’est bien de jouer avec B.

 

Pendant un temps de jeux libres, S. prend une plaque de construction à J. Ils viennent tous deux voir la maîtresse qui leur demande d’interroger leur cœur. S. dit : « Je dois lui rendre. » J. dit : « Il faut qu’il me le rende. ». Ils repartent jouer ensemble.

 

M. n’est pas gentille, en ce moment, avec ses copines. Elle va s’asseoir sur une chaise puis revient et dit : « C’est bien d’écouter les autres. »

 

* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS    

mardi 1 septembre 2020

«  Renoncer à la liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme.  »  (Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe français, 1712-1778)

La salle de classe : salle de résonance ou espace numérique ?

Home-office est le nom de la nouvelle forme de fonctionnement, également dans les écoles. L’enseignement vit un coup de pouce numérique. L’euphorie est grande – au risque d’oublier que l’éducation est également un processus relationnel. Il est donc grand temps à une réflexion pédagogique.


Par Carl Bossard

La société du non-stop a bégayé et vacillé de manière inattendue, elle s’est même arrêtée à bien des égards. L’enseignement en face-à-face est au point mort. Les soi-disant «vacances du corona»sont à l’ordre du jour. Cependant, les quelque 1,3 millions d’écoliers suisses doivent continuer à apprendre leurs dossier presque comme s’ils se trouvaient à l’école – sans aller à l’école. Ils travaillent à domicile, surveillés et accompagnés par leurs professeurs – à travers les canaux numériques, par des textes d’information, des sujets par ou des messages push, via des sites web ou des applications entiers, par appel vidéo, parfois à l’aide de documents envoyés par la poste, parfois du bon vieux téléphone ou même lors de conversations individuelles à l’école.

L’apprentissage nécessite des relations positives

L’enseignement total à distance est un domaine encore inexploré. On dispose de peu d’expérience. En conséquence, il fonctionne différemment – ici de manière optimale, là parfois mieux, parfois moins bien et, des fois, pas du tout. «Beim Fernunterricht überzeugten nicht alle Lehrer» (Tous les enseignants ne sont pas convaincus par l’enseignement à distance), titre en gros la SonntagsZeitung (Journal du dimanche), non sans sous-entendu.

Cela aurait dû être pris au sérieux il y a longtemps, voilà les accusations actuelles contre l’école. Le développement numérique a tout simplement été trop lent, disent-ils; il prend maintenant sa revanche. C’est pourquoi le mot à la mode retentit avec force pour la numérisation intensifiée, voire radicale, de l’enseignement dans tout le pays. Mais cet appel impulsif à l’école numérique doit être contrecarré par une réflexion pédagogique. Il y a une bonne raison pour laquelle les enfants n’ont pas été abandonnés seuls depuis longtemps avec une sorte de logiciel éducatif parce qu’en un mot, nous sommes des personnes et parce que l’apprentissage exige des relations positives. L’école et l’enseignement sont à bien des égards un processus de résonance, une relation entre les personnes. L’éducation se déroule «dans des processus d’interaction dense (avec les personnes et les choses)», analyse le sociologue Hartmut Rosa.

L’homme n’est pas Robinson Crusoë

C’est donc une des constantes anthropologiques de base que l’homme a besoin d’une contrepartie pour se reconnaître. Martin Buber, pédagogue et philosophe de la religion, a condensé cette idée en une déclaration essentielle: «L’homme devient lui-même en vous».5 Par conséquent, cette contrepartie ne doit pas manquer; même le meilleur programme numérique ne peut remplacer le vis-à-vis humain. C’est ce que l’on peut également constater en ces jours de Corona avec l’enseignement à distance. D’innombrables enfants regrettent la compagnie de leurs camarades de classe et de leur professeur; à l’inverse, de nombreux éducateurs recherchent un contact direct et personnel avec leurs élèves. L’homme n’est pas une figure à la Kaspar Hauser, et très peu d’entre eux conviennent au Robinson Crusoë moderne. Laissés à eux-mêmes, ils se perdent dans un monde sans soutien et sans orientation. Les gens ont besoin d’un «vous» pour pouvoir se développer [...]


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Le mouvement est une composante importante de l’apprentissage mais nous avons tendance à l’oublier dans les écoles.

Par Caroline

Non seulement le mouvement augmente l’engagement du cerveau dans l’action mais le mouvement va également aider le cerveau à fonctionner plus efficacement en augmentant la quantité d’oxygène et de sang qui l’irrigue.

Les premiers systèmes sensoriels à maturer sont ceux qui gouvernent l’activité motrice (cervelet) et l’orientation spatiale (système vestibulaire). Le système vestibulaire nous dit où se trouve notre corps dans l’espace, où se trouvent nos membres, et nous permet d’aller d’un point A à un point ou encore de rester assis ou debout sans tomber. Ces systèmes travaillent ensemble pour percevoir, rassembler et traiter des informations dans le but de planifier nos mouvements et de diriger notre attention.

Par ailleurs, les enfants ne sont pas des purs esprits ou des cerveaux désincarnés. Les enfants n’apprennent pas seulement à former des idées mais apprennent également à utiliser leurs mains, à parler, à interagir avec les autres ou encore à utiliser leur corps au service de leurs objectifs. Ces compétences se construisent justement par le mouvement, par l’interaction avec les autres, par le toucher, par l’engagement actif au sein d’un environnement donné.

En classe, on a trop souvent tendance à oublier que les élèves ont des corps (voire à considérer les corps comme des éléments gênants, source de nuisances).

Les conséquences du manque de mouvement chez les enfants

Un accroissement des problèmes sensoriels et moteurs 

Angela Hanscom, ergothérapeute américaine spécialisée dans le développement de l’enfant, a remarqué un accroissement des problèmes sensoriels et moteurs chez les jeunes américains. Elle estime qu’il y a un effet de causalité entre ces problèmes (chutes fréquentes, problèmes de repérage dans l’espace, agressivité, motricité fine peu précise, problèmes de maintien de l’attention) et le manque de mouvement des enfants […]


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Blanquer transforme l’École de la République en succursale d’Uber

La contre-révolution Blanquer est en marche. L’objectif est de faire basculer l'école vers un système entrepreneurial et ubérisé, inégalitaire et territorialisé.


Par Francis Daspe

Celles et ceux qui estimaient que l’école, de par son supposé statut de fonction régalienne, était préservée d’un certain nombre de dérives doivent se rendre à l’évidence et amèrement déchanter. Avec cette majorité se voulant disruptive, une contre-révolution scolaire est bel et bien en marche. Le ministre Blanquer a résolu de la réaliser pleinement. Pour y parvenir, il a opté pour un modèle d’ubérisation de l’école. Plusieurs leviers sont manipulés à cet effet, afin de transformer l’École de la République en une vulgaire succursale éducative d’Uber.

Les racines de cette basse besogne se trouvaient déjà dans la vision managériale et autoritaire qui bousculait le service public d’éducation. Les méthodes déshumanisantes et autoritaires du New Public Management sont très largement utilisées, avec la brutalité qui va de pair. Pour les enseignants, il ne s’agit plus d’exercer leur métier mais de se contenter de se soumettre aux injonctions ministérielles. Les dispositions de la loi sur l’école de la confiance furent à cet égard une accélération significative, avec le prétendu devoir de réserve. Sans oublier l’enseignement à distance, testé grandeur nature en raison de la crise sanitaire, qui a vu la prolifération de l’utilisation de logiciels privateurs de liberté et capteurs de données privées.

L’école ubérisée se caractérise également par l’imposition de savoirs utilitaristes et minimalistes. Sous couvert de la nécessaire maîtrise des savoirs fondamentaux hélas trop souvent négligés et galvaudés, le ministre se rabat sur une vision purement rétrécie et rabougrie des savoirs, en les déconnectant des dimensions culturelles, scientifiques et artistiques. Au final, bien loin des objectifs de construction de l’individu et de son émancipation par l’acquisition de savoirs structurés et structurants.

Un autre aspect de cette dérive préoccupante se traduit par la prédominance accordée à la technique et à l’expertise dans l’acte pédagogique. Comme si celui-ci pouvait se réduire à un simple protocole… Le ministre Blanquer veut imposer ses conceptions personnelles à l’ensemble d’une profession, celles des neurosciences. Et ce sans un quelconque débat contradictoire, sans évaluer de façon indépendante ni la pertinence ni l’efficacité de ces politiques éducatives, en tournant le dos aux apports des sciences cognitives et des sciences de l’éducation pour ne privilégier que le seul pan de la recherche lié aux neurosciences. La marotte du Ministre est d’imposer une neuropédagogie désincarnée qui réduit drastiquement les fondements de la liberté pédagogique.

De ce parti-pris, découle la systématisation d’évaluations nationales. Au prétexte encore une fois de la crise sanitaire et des conséquences de la fermeture des écoles pendant la période de confinement, le ministre les impose pour l’ensemble des niveaux scolaires à la rentrée 2020. Les évaluations ont montré leur violence institutionnelle envers les élèves et les enseignants; pire, elles ont aussi démontré leur très mauvaise conception et leur profonde inutilité. Ces évaluations standardisées engendrent un biais parfaitement identifié maintenant: le “teaching to the test”, c’est-à-dire adapter son enseignement aux seules perspectives des prochains tests. La généralisation du contrôle continu pour l’obtention du bac va de surcroît aggraver la situation de “bachotage permanent” à tous les échelons du système éducatif [...]


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