mercredi 16 décembre 2015

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Une réponse claire, simple et adaptée aux enfants d’aujourd’hui

Par Clotilde (éducatrice spécialisée)

De par mon métier d'éducatrice, je rencontre de nombreux parents depuis des années et je constate qu'ils sont de plus en plus démunis, perplexes, voire parfois complètement dépassés face à l'éducation de leurs enfants. La cellule familiale et les modes de vie ont évolué à une vitesse vertigineuse et beaucoup de parents ont perdu leurs repères, les enfants sont désorientés.
Comment répondre au besoin criant d'autorité des enfants ? Comment aider les parents à incarner l’autorité de façon légitime ?
Lorsque j'ai lu La leçon de Professeur Hibou (1), j'y ai vu une réponse claire, d'une simplicité remarquable, parfaitement adaptée aux enfants d'aujourd'hui :


• Une réponse, à la portée de tout un chacun. 

• Une réponse pour accompagner les enfants vers une autonomie véritable : « Écoute ton cœur et fais ce qu'il te dit ». 
• Une réponse à leur besoin de liberté. 
• Une réponse qui donne aux parents l'immense responsabilité de toujours amener l'enfant à sentir dans son cœur ce qui est à faire et à s'y soumettre – et le devoir de jouer le jeu afin d'être un exemple à suivre. 
• Une réponse qui, si elle est mise en pratique dès la petite enfance, aidera les adultes à se défaire de l'habitude néfaste et parfois désastreuse, de savoir ce qui est bien pour les enfants. 

J'ai eu l'occasion de lire La leçon de Professeur Hibou à des enfants petits, mais aussi un peu plus grands, elle leur parle et les interpelle. On dirait qu'ils mesurent, de manière intuitive, l'étendue de la leçon et l'ouverture qu'elle provoque dans leur conscience.
J'ai même vu un enfant, particulièrement coquin, se boucher les oreilles. Il savait, intuitivement, qu'il ne pourrait plus faire à sa tête s'il apprenait à faire selon son cœur. Cela montre à quel point La leçon de Professeur Hibou éveille à la réalité de l'autorité que l'enfant porte en lui et combien elle est porteuse d'espoir pour l'avenir du monde. 



(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

Pédagogie frontale pour gardeuses d’oies

Par Jean-Louis Cordonnier

Du haut de leurs perchoirs, ils nous prennent pour des volailles. Certains escomptent que les électeurs obéissants aillent voter – au pas de l’oie – pour « faire barrage ». Ce mépris de la démocratie ne date pas d’aujourd’hui. Mais ça s’aggrave. Quand j’entends le mot pédagogie dans la bouche d’un journaliste ou d’un politicien, je sais ce qu’il va mentir [...]

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mardi 8 décembre 2015

«  L’histoire de l’humanité devient de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe.  »  ( Herbert George Wells, écrivain, 1860-1945)

Pas d'instruction sans éducation

Par une enseignante

Professeur d'anglais depuis des années en lycée professionnel, dans l'Éducation nationale, je constate que, malgré l'expérience accumulée, enseigner devient une gageure, pour ne pas dire une illusion, dans le contexte planétaire actuel de globalisation.

La perte des repères et valeurs traditionnels au profit d'une culture de masse, enracinée dans une vision matérialiste exacerbée de l'existence, modifie notre perception et notre approche de l'éducation. Dans ces conditions, enseigner, apprendre, éduquer, ne relève pas d'un devoir sacré envers les jeunes générations pour que se perpétue le flambeau de l'humanité sur terre, mais d'une simple exigence utilitariste qui s'accommode des fluctuations des capitaux et dessine l'avenir des jeunes en fonction des besoins du marché.


Les lycées professionnels, par le public hétérogène de jeunes qu'ils accueillent (certains motivés, mais beaucoup d'autres dans des voies de garage en raison de leurs piètres résultats scolaires) sont un échantillon révélateur de cette dérive. Le système scolaire et plus généralement l'éducation telle qu'on la conçoit actuellement ne répondent [...]


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Vive le numérique !

Accord entre l’EN et... Microsoft


J’ai pris connaissance connaissance avec consternation de l’accord passé hier, 30 novembre 2015, entre le ministère de l’Éducation Nationale et la société Microsoft sur le numérique à l’école. Le contenu de cet accord ne laisse aucun doute : il s’agit bien d’une mise sous tutelle de l’EN par Microsoft. [...]

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Le Ministère de l’EN, relais de la propagande d’un lobby patronal ?

Communiqué de l’APSES : Association des professeurs de sciences économiques et sociales 

Mardi 1er septembre 2015


Le logo du Ministère de l’Éducation nationale accolé à celui du think-tank patronal l’Institut de l’Entreprise (IDE)* et du journal les Échos sur la première page d’un futur « journal d’actualité » économique très orienté à destination de lycéens ? C’est ce qu’ont pu découvrir des enseignants aux récents Entretiens-enseignants-entreprises co-organisés par le Ministère et l’IDE les 25 et 26 août derniers. Le prototype du journal est particulièrement inquiétant. Car si l’objectif annoncé est "d’éclairer les thématiques des programmes par des faits d’actualité" et "d’ouvrir et alimenter le débat en classe", le moins que l’on puisse dire est que le « débat » proposé risque de ne pas être très contradictoire. [...] 

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mercredi 18 novembre 2015

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (2)


Par Florence (maman de V., 5 ans)

Voici les échanges que j'ai pu avoir avec V. sur cette histoire (1) et mes remarques.

- V., tu aimes l'histoire de Maître Hibou ? Oui.

- Pourquoi ? Parce qu'elle est belle à écouter et trop jolie.
- Tu y penses souvent ? Oui, très souvent. 
- Pourquoi ? Parce que je l'aime. 
- Et c'est bien d'interroger son cœur ? Oui.
- Pourquoi ? Parce qu'il faut être sage et être copain avec tous les autres. 
- Et l'histoire t'a aidé à être copain avec tous les autres ? Oui.

Je me suis aperçue qu'avec cette introspection V. était plus posé. C'est comme s'il prenait vraiment conscience des bêtises qu'il faisait, alors qu’auparavant, on lui criait dessus, on le punissait, mais ça ne le touchait pas.

Parfois de lui même il me dit que son soleil est blessé. Alors on discute pour savoir ce qu'il faut faire pour aller mieux.

Maintenant, à nous parents, de faire sortir du cadre de l'école cette histoire de Maître Hibou qui fonctionne très bien en classe et à la maison. Je dis à V. que cette règle est valable partout : au judo, au centre-aéré, avec les cousines, bref partout. Pour lui, c'était à l'école et à la maison c'est tout.

En tout cas, je compte bien la lire à la petite sœur dans quelque temps.


(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (1)


Par Caroline (maman de T., 5 ans)

En ce qui concerne Professeur Hibou (1) et T.... ce volatile est devenu le symbole du bien et du mal pour mon garçon. A plusieurs reprises, alors qu'il s'apprêtait à faire une bêtise ou à ne pas écouter une consigne, nous l'avons surpris à "se reprendre" en cours de route. A notre félicitation et à notre question du pourquoi a-t-il finalement choisi la raison, T. a répondu simplement que dans son cœur, il savait que ce n'était pas bien, qu'il a pensé à Mario et Maria et qu'il a donc changé d'avis. (Merci Professeur Hibou !)
De même, nous l'avons plusieurs fois entendu faire la leçon à son grand frère, en évoquant le fait qu'il faisait quelque chose de mal, et que Professeur Hibou dit qu'il faut écouter son cœur et faire le bien...
Enfin, à sa sortie de fin d'année, T. a partagé son pique nique avec un enfant qui n'en avait pas ; la veille au soir nous avions lu l'histoire du Professeur Hibou à sa demande et à la fin de la lecture, il avait conclu, comme systématiquement, qu'il serait très très sage le lendemain... Est-ce lié ?
Quand nous lui demandons de nous expliquer pourquoi il aime tant l'histoire de Professeur Hibou, il répond : " Parce que des fois, ma tête n'a pas envie d'être sage, mais si je pense à Mario et Maria, alors, mon cœur me dit qu'il faut que je sois sage et je suis sage".


(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

lundi 16 novembre 2015

Attentats, nous ne savons plus que dire...

Attentats, nous ne savons plus que dire, plus que faire. Est-ce trop tard ?


Par Bernard Collot

C’est le plus terrible, nous ne savons plus quoi dire, plus quoi faire en dehors de manifester une émotion.

Nous ressentons bien que c’est l’aboutissement non terminé d’une multitude de facteurs et d’impasses dans lesquels nos sociétés se sont engluées. Ce qui est terrible, c’est que dans l’immédiat il n’y a aucune solution, ce qui est pire c’est qu’il faut fuir de plus en plus en avant et qu’on ne peut plus rationnellement enrayer cette fuite aussi bien dans l’opinion publique que dans les institutions qu’on appelle comme protecteurs. Se protéger des terroristes bien sûr, qui ne le demanderait pas, mais nous ne pouvons plus nous protéger de ce qui produit les terroristes puisqu’ils ne naissent pas de façon spontanée. Le terreau, c’est bien notre société en particulier depuis qu’on la veut mondialisée. Une société irrationnelle qui produit logiquement de l’irrationnel. Une société contrôlée qui produit de l’incontrôlable pour lequel elle devient de plus en plus contrôlée et produit de plus en plus de l’incontrôlable. 


Guerre, c’est la seule réponse qui peut être trouvée (guerre aux terroristes, guerres de toutes sortes y compris économiques), c’est la seule réponse qu’on peut trouver, c’est même devenue la seule réponse qui puisse être admise, qui ne peut être contestée, la seule qui paraît permettre de se rassurer. On ne peut plus faire autrement que la Guerre, on ne peut plus contester ou refuser la guerre puisque dans l’immédiat il faut bien se protéger.


Depuis tout temps on sait que de toute guerre, même si sa fin arrête momentanément la destruction des hommes, surgira une autre guerre, d’autres guerres encore plus ravageuses.
[...]


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samedi 7 novembre 2015

«  L’enseignement et le pain contrôlés par une minorité sont devenus le moyen de soumettre l’homme ; et nous existons pour les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, qu’en tant que machines à produire des marchandises et des obus.  »  ( Krishnamurti, philosophe et enseignant spirituel, 1895- 1986)

L’éducation morale et civique, ça sert aussi à faire la guerre

Par Bernard Girard

Des enfants qui meurent à la guerre, on en voit tous les jours, presqu’à nos portes. Des enfants qui jouent à la guerre, ça leur passe généralement en grandissant. Des enfants qui préparent les guerres de demain, c’est, dans les établissements scolaires, l’objet de l’éducation à la défense, partie intégrante des programmes officiels de l’Education nationale. Et lorsque, dans une école de Moselle, des enfants de 9 à 10 ans s’entrainent au maniement de fusils d’assaut, ce n’est pas la conséquence d’un excès de zèle des enseignants ou des encadrants militaires, mais rien d’autre que la simple application d’une étroite politique de collaboration sciemment mise en œuvre depuis plus de trente ans par l’Education et la Défense et appliquée sans faillir et sans guère de scrupules à tous les niveaux [...]

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samedi 10 octobre 2015

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Laisser libre pour apprendre à être responsable


Par Diane Combes (professeur des écoles)

La question de l’éducation est omniprésente dans la pratique du métier d’enseignante auprès de jeunes élèves. Depuis toujours, j’ai tenté de faire trouver aux enfants leur propre référence plutôt que de les faire obéir à des comportements codifiés. La tâche n’est pas simple dans un environnement où la liberté de conscience n’est pas reconnue comme nécessité première à toutes les étapes du développement d’un individu. S’il est assez aisé de trouver les moyens d’obtenir des ambiances de travail qui calment les agitations et d’établir un cadre de fonctionnement structuré, il est beaucoup plus difficile de participer à la formation d’êtres véritablement libres, autonomes et responsables.

J’ai trouvé dans « La leçon de Professeur Hibou », une histoire pour les jeunes enfants récemment éditée par Les ateliers de la plume (1), un excellent outil au service de l’éveil au réservoir de sagesse et de bonté enfoui au plus profond de chacun. « La leçon de Professeur Hibou nous apprend qu’il faut écouter son cœur qui peut dire oui, qui peut dire non, mais toujours dit ce qu’on a à faire pour être sage et pour être bon. » Elle en propose le moyen concret [...]


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(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

La chanson de La leçon de Professeur Hibou

Pour écouter la chanson qui accompagne La leçon de Professeur Hibou
rendez-vous sur la page : les ateliers de la plume EDITIONS


Réflexions sur la gestation pour autrui

Nous ne sommes pas des mammifères comme les autres


Par Catherine Dolto

Depuis une trentaine d’années les progrès de la médecine et des sciences dans le domaine de la procréation ont permis des avancées stupéfiantes. En 1982 naissait Amandine premier « bébé éprouvette » né en France ; sa naissance inaugurait une série de découvertes ouvrant aux humains en mal de procréer des possibilités nouvelles, inimaginables pour les générations qui nous ont précédés. Il était normal que ces nouvelles possibilités fassent bouger nos sociétés et les poussent à remanier leur vision de la procréation, de la famille et du couple. Pour qui a lu Maurice Godelier, il n’y a pas là de quoi s’étonner ni même de s’offusquer. Mais il y a urgence à réfléchir quand les progrès techniques permettent aux humains de passer un seuil qui les oblige à se questionner sur leur humanité. C’est le cas avec la gestation pour autrui que je souhaite aborder ici en dehors de toute considération sur la nature des couples y ayant recours, là n’est pas mon propos. Je souhaite simplement mettre en regard les connaissances actuelles sur l’aube de la vie humaine et les possibilités de ce qu’il faut bien appeler la production des enfants, dans un contexte de marchandisation du vivant jamais expérimenté jusqu’alors. Ces questions sont complexes. Les réponses, souvent militantes, voire dogmatiques, oublient trop facilement ce que l’on sait de la vie prénatale.

Il est frappant que l’enfant à naître ne soit pas lui même au centre du débat sur la gestation pour autrui ou de la mère porteuse. Il semblerait pourtant juste de se soucier d’abord de lui, de ce que cette manière inédite d’arriver au monde risque de signifier pour l’enfant ainsi porté, tout au long de sa propre vie et celle de ses futurs enfants. Agir autrement paraît terriblement rétrograde par rapport aux connaissances actuelles. Peu de voix s’élèvent pour se soucier de la charge de souffrances qui accompagneront inévitablement de tels dispositifs [...] 


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mercredi 16 septembre 2015

La leçon de Professeur Hibou

Nous ouvrons une nouvelle rubrique PROFESSEUR HIBOU dans laquelle seront publiés des témoignages de professeurs des écoles, d'éducateurs, de psychologues et de parents sur l'expérimentation de "La leçon de Professeur Hibou".

« La leçon de Professeur Hibou » invite les enfants, dès le plus jeune âge, à découvrir en eux-mêmes l’autorité intérieure, celle de la Vie. À travers une histoire simple mais profonde, Professeur Hibou nous amène à découvrir « la voix du cœur » qui nous dicte du dedans ce qui est à faire ou à ne pas faire pour être sage et pour être bon.



La leçon de Professeur Hibou

les ateliers de la plume EDITIONS
Format A5, 32 pages
Prix : 5 € + frais d’envoi               >> pour commander le livret

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - La clé de l’autonomie et de l’éducation


Par Monique (professeur des écoles)

Depuis le temps que je suis enseignante, je n’ai jamais rien vu ou entendu dans les programmes et conférences pédagogiques, concernant la conscience de l’enfant pour le guider vers son autonomie. On y mentionne l’autonomie, certes, mais par des règles de comportement qui constituent une référence extérieure vouée à changer selon les lieux, les époques et les idéologies des gens au pouvoir qui les écrivent.

Mais d’où vient notre autonomie, si ce n’est de notre conscience profonde ?
N’ayant trouvé que très peu d’histoires invitant l’enfant à écouter sa conscience dans la littérature, j’ai été particulièrement sensible à « La leçon de Professeur Hibou »(1) proposée par Hélène, une jeune étudiante en psychologie, pour une expérimentation avec mes élèves. Je la remercie, ainsi que Johan, auteur de l’histoire.
Mais, avant l’expérimentation avec mes élèves, à la lecture de l’histoire, je me suis trouvée moi-même interpellée [...] 



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(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS


LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Cette leçon a changé notre manière d'être à tous

Par Laure (maman de Robin, Jullian et Evan, assistante sociale)

Voici mes impressions en ce qui concerne "La leçon de Professeur Hibou" (1). Cette leçon a changé notre manière d’être à tous. Pour Jullian et Robin, c’est facile d’écouter leur cœur. Ils se mettent au calme et retrouvent le chemin. Cela les a aussi beaucoup aidés face aux adversités de la vie. Ils ont confiance en eux, en leur propre jugement. Ils savent ce dont ils ont besoin. Pour moi, c’est adopter un positionnement différent : c’est les responsabiliser, leur faire confiance dans leur prise de conscience. J’essaie de les guider afin qu’ils intériorisent ce qui est juste pour eux. Pour Evan, c’est plus difficile. Quand son énergie et ses émotions le débordent, il refuse de se calmer et d’écouter son cœur, il se bouche les oreilles et dit « je ne veux pas ». Mais après la crise, on en reparle plus tard : il dit « mon cœur dit c’est bien ou c’est mal ». Je pense qu’il a du mal à écouter pour savoir ce qui est bon pour lui. Je constate qu’avec Jullian et Robin, nous ne sommes plus dans des conflits d’ « obéissance », nous parlons ; avec Evan, c’est encore difficile. La leçon de Professeur Hibou nous accompagne, mais cela exige du temps, de la disponibilité et du calme intérieur. 

(1) "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS 

vendredi 21 août 2015

«  Il n’y a que la liberté d’agir et de penser qui soit capable de produire de grandes choses.  »  ( Jean le Rond d’Alembert, 1717-1783, Discours préliminaire à l’Encyclopédie)

Montrer aux enfants le chemin de la vie

La tâche des parents est de guider et d’éduquer les enfants


Interview du Dr Michael Winterhoff, pédopsychiatre et psychothérapeute

Horizons et débats : Monsieur Winter­hoff, Vous avez écrit plusieurs ouvrages dont le dernier est intitulé : « SOS-âme d’enfant. Qu’y a-t-il aujourd’hui de si alarmant concernant le développement de nos enfants ? »
Michael Winterhoff : Regardez, en Allemagne, nous avons actuellement déjà 60% de jeunes inemployables à la fin de leur scolarité. Personne ne veut en entendre parler ou en discuter. L’industrie est la seule qui en parle, mais on ne l’écoute pas. On l’envoie sur les roses en proclamant : « Adaptez-vous à la jeunesse d’aujourd’hui ! » La réalité est autre. Une grande partie des jeunes sortant de l’école manquent totalement d’éducation face au travail, de sens de la ponctualité, de capacités à reconnaître les structures et les procédés – ils ne savent pas accorder de priorités ; l’émission de la sonnerie de leur portable est plus important que la présence du client en face d’eux. Et ils ne savent pas réinvestir ce qu’ils ont appris au cours de leur scolarité.

HD : Cela signifie-t-il que la façon dont aujourd’hui nos enfants sont préparés à la vie créera d’énormes problèmes insolubles pour notre économie et notre démocratie à l’avenir ? 


MW : Oui, cela conduira notre société droit dans le mur. Ce sont des situations inimaginables en tant que phénomène de masse. Et politiquement, on ne veut pas le voir. En Allemagne, la politique de la formation est imprégnée d’idéologie. Les idéologues actuellement à l’œuvre sont des anciens soixante-huitards ou des théoriciens restés accrochés à cette époque. Ils s’acharnent idéologiquement pour que tout reste ouvert et libre. C’est-à-dire qu’on laisse tomber toutes relations, tout travail centré sur la personne. Le résultat est que les enfants et les jeunes gens ne sont pas capables de se développer au niveau social et émotionnel. 


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jeudi 23 juillet 2015

Bienvenu nouveau-né

Par Pierre

Un nouveau-né est arrivé. Très heureux de cet évènement, toutes les entités de ce monde viennent le visiter. La première est la famille. “ Oh ! mon petit, que tu es beau ! Tu m’appartiens, dorénavant nous passerons toutes les fêtes ensemble. ” Le nouveau-né lui répondit : “ Je ne peux pas, regarde dans mon cœur j’ai été marqué au fer rouge par la Vie. ” 

Le deuxième est la religion. “ Oh ! mon petit, tu seras un fidèle parmi les fidèles, je te promets le paradis.” Le nouveau-né lui répondit : “ Je serai fidèle à mon seul maître, la Vie. ” 

Le troisième est la République. “ Oh ! mon petit, tu seras un citoyen, grand défenseur des valeurs républicaines. Et puis avec moi tu auras le choix, tu pourras être de gauche ou de droite peu m’importe ! ”

Le quatrième est le sentimentalisme. “ Oh ! mon petit, avec moi tu vivras des émotions fortes, je te ferai connaître le grand amour et même plusieurs si tu veux ! Dans notre société évoluée, tu pourras choisir si tu veux être femme ou homme ou même les deux ! ” 

Le défilé des entités fut encore long et prit des formes encore très différentes. A chaque tentative, le nouveau-né a dit stop et renouvelle son allégeance à la Vie. Puissé-je être ce nouveau-né, choisir entre être esclave ou être libre, ne jamais trahir le seul maitre intérieur, la Vie, ne jamais oublier sa marque imprimée au fer rouge au fond de mon cœur. 

>> publié sur le site de les ateliers de la plume  
 

On m'a tout raconté...

Par Julie (14 ans)

On m’a tout raconté : les anciennes civilisations, les différentes époques, les immenses pyramides dorées, la découverte des continents, les tribus primitives, les guerres trop nombreuses, les systèmes hiérarchiques dépassés, les anecdotes de l’Histoire, la perruque de Louis XIV, les ravages de la peste, les inventions miraculeuses. 

On m’a tout expliqué : les hommes, la biologie, la philosophie, l’importance du respect, les limites à ne pas dépasser, la grandeur de nos destins, le poids qui pèse sur nos épaules. 

Moi, je ne connais que la pureté, la blancheur des murs d’ici, la simplicité de l’eau qui coule. Et qui a dit que ce n’était pas suffisant ? 

>>  publié sur le site de Les ateliers de la plume

samedi 13 juin 2015

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque

« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront » (René Char)


Par Laurent Ott

Quelles sont les conditions, quelles sont les situations qui expriment l’homme, la personne ? Comment allons nous apprendre à devenir nous mêmes dans un environnement qui nous pousse à la prudence, à la suppression de tout risque et à la conformité et l’appauvrissement des modèles de réussite ? 
Ceux qui ne parviennent plus à trouver de place dans un système économique, social, culturel et politique, semblent osciller entre deux manières de retarder une prise de conscience inévitable. 

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Les enfants ont besoin d’un enseignement structuré et guidé par le professeur


Un regard au delà des frontières s’avère parfois instructif


 Interview du Dr Elke Möller-Nehring, pédopsychiatre

Un regard au delà des frontières s’avère parfois instructif surtout quand il s’agit d’évènements dans notre pays ne touchant ni la tradition, ni les propres racines. Tel est le cas du nouveau Plan d’études 21. Il est intéressant de constater qu’en Bavière, land conservateur, on procède de la même manière qu’en Suisse pour bousculer le système scolaire.

Dans l’interview ci-dessous, Dr Elke Möller-Nehring, pédopsychiatre, démontre des parallèles consternants et évoque l’origine de cette réforme scolaire. 

Horizons et débats : Quelles critiques apportez-vous à ce Plan d’études PLUS bavarois ?

Dr Möller-Nehring : En fait, le Plan d’études PLUS bavarois est la continuation de celui introduit en 2000. Depuis sa mise en application dans l’enseignement, ce plan d’études a eu de telles conséquences que je me suis dit qu’il fallait vraiment regarder de plus près ce qui sera repris et ce qui sera différent dans la nouvelle mouture. 

- A-t-il été facile de s’informer ? 

- Non, pas du tout. Il n’y avait aucune information préalable. Le ministère bavarois de l’instruction publique s’est retranché dans le mutisme, toutes les décisions ont été prises à huis clos. On a eu le droit de le consulter que lorsque le nouveau plan d’études était achevé. 

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A qui profite le Plan d’études 21 ?

Entre-temps, chaque citoyen attentif devrait probablement avoir compris pourquoi nous devons épargner notre jeunesse d’une scolarité avec le Plan d’études 21



Nos enfants, seuls devant leur écran, avec un patch­work de «compétences» sans contenu, doivent sans avoir compris la matière, sans base de connaissances solide, essayer de trouver ou de deviner des solutions à des problèmes peu clairs. Le pire est qu’il leur manque le soutien essentiel d’une relation avec leur enseignant et leur classe et qu’ils seront confrontés à une dure réalité après leur scolarité. Aujourd’hui déjà, beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à terminer une formation professionnelle ou une école supérieure à cause de la direction ou plutôt de la non-direction de l’école déjà largement constructiviste – le Plan d’études 21 augmenterait sans aucun doute le nombre de naufragés.

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dimanche 24 mai 2015

Jeux à l'aire libre

Courir, grimper, se confronter au risque, le maîtriser… Loin des aires aseptisées au sol en caoutchouc, des terrains d’aventure pour les enfants voient le jour, qui font la part belle à l’imagination et au sens du défi.


Par Julie Pêcheur

Une grappe de gamins part à l’assaut d’une pente en bois vertigineuse, saignée par des toboggans impressionnants, tendue de cordes, interrompue par des escaliers en béton et hérissée de drôles de tuyaux en aluminium. Quelques parents novices tentent d’assister leurs enfants et se retrouvent coincés dans une montée, bras écartés, fesses en arrière, dans un équilibre précaire et un peu ridicule. Les autres ont laissé tomber. Ils observent, perplexes. « La première fois, ça fait bizarre, avoue Ahmed, le père de l’intrépide Chloé, 7 ans. On passe son temps à les perdre et à se demander si on va finir aux urgences ! Mais bon, on s’habitue… » 

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Vampirisation techno-libérale du management d’école

Être directeur d’école a longtemps consisté à être un collègue parmi ses camarades, chargé de la vie administrative et pédagogique de l’école.


Par Jean Astier

Être directeur d’école a longtemps consisté à être un collègue parmi ses camarades, chargé de la vie administrative et pédagogique de l’école. Le directeur était responsable du lien entre l’école et ses partenaires, les parents, la hiérarchie de l’Education Nationale, la municipalité. Il disposait d’une liberté d’initiative certaine si l’école « tournait » et l’information circulait. Désormais, plus rien n’est comme avant. Le projet Référentiel métier des directeurs d’école primaire1 détaille les tâches multiples du directeur. Lisse, presque neutre, ce répertoire énumère la liste accablante des responsabilités du directeur comme si elle avait pour mission de décourager les meilleures volontés à s’engager dans ce sacerdoce. Comme si son objectif était d’amener à la conclusion que la fonction est devenue impossible dans un esprit de solidarité entre collègues unis sur un pied d’égalité et travaillant ensemble dans l’école pour le bien des enfants. Le pendant technologique de cette métamorphose professionnelle prend forme dans une bureautique bureaucratique kafkaïenne. 

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vendredi 24 avril 2015

Hyperactivité : entretien avec Yann Diener

Votre enfant est agité ? Vous vous sentez un peu dépassé ? Pas de problème, on va « gérer » ces « troubles » à coups de cachetons... Ainsi s’avance le traitement psychiatrique contemporain, à rebours de toute prise en compte de la complexité des sujets.


Un entretien avec Yann Diener, auteur de "On agite un enfant - L'Etat, les psychothérapeutes et les psychotropes" aux éditions La fabrique

En arrivant aux États-Unis, Freud aurait dit qu’il apportait la peste aux Américains en glissant la psychanalyse dans ses bagages. En retour, les États-Unis nous amènent aujourd’hui les thérapies cognitivo-comportementales (link is external), avec l’immense marché des « troubles » et des médicaments qu’elles inventent. Dans le champ médico-social, plus particulièrement dans les Centres médico-psychopédagogiques (CMPP) financés par la Sécurité sociale, les psychanalystes qui accueillent des enfants, des adolescents et leurs parents résistent encore à la tentation de considérer leurs patients comme des « fauteurs de troubles » qu’il faudrait « traiter », « évaluer »... « dresser ». 

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Campagne " Ecrans en veille - Enfants en éveil "

Nous vous invitons à rejoindre le mouvement : Écrans en veille-Enfants en éveil



En effet, comme professionnels de l’enfance, vous n’êtes pas sans savoir que de nombreuses recherches démontrent et confirment aujourd’hui les dangers de la télévision plus particulièrement pour les enfants de moins de 3 ans. Ceci est compréhensible au regard du développement des enfants : 

1. Le bébé se développe en mettant en bouche, regardant, touchant, manipulant, jetant, courant, expérimentant, jouant... A travers ces activités, il développe sa motricité fine, ses repères dans l’espace à trois dimensions et sa capacité à interagir avec ce qui l’entoure. Il a besoin d’activités engageant ses dix doigts et l’ensemble de son corps. Les écrans allumés accaparent toute son attention et risquent de le rendre agité, de nuire à sa concentration. Tout ce temps passé devant les écrans, il ne le passe pas à développer des capacités primordiales pour son évolution. 

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L’informatique scolaire, entre pédagogie et marchés

Lorsque je dois résumer en une phrase ma position sur l’introduction des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’école (TICE ), j’ai coutume de dire qu’elles répondent davantage aux pressions des milieux économiques, friands de marchés et de main d’œuvre compétitive, qu’à des besoins pédagogiques. Mais lorsque j’expose ce point de vue, je me fais souvent traiter de « passéiste », voire de « briseur de machine », de luddite du 21e siècle.


Par Nico Hirtt

Pourtant, rien n’est moins vrai. J’appartiens au contraire à une génération qui s’est d’autant plus passionnée pour l’informatique et ses applications qu’elle a assisté à leur éclosion. Lorsque j’étudiais la physique à l’université, au milieu des années 1970, nous passions une grande partie de notre temps libre — et même parfois du temps où nous étions sensés assister aux cours — à perforer des cartes et à relire des listings rédigés dans un langage Fortran aujourd’hui désuet. Il fallait de longues heures de travail, de relecture attentive et de correction méticuleuse, pour aboutir à de petits programmes qui tournaient ensuite sur l’ordinateur central de l’université. On y avait généreusement accordé quelques millisecondes de temps de traitement à chaque étudiant.

On ne s’étonnera donc pas si, quelques années plus tard, alors que je commençais à enseigner les mathématiques dans une école secondaire, je me ruai sur les tout premiers « ordinateurs personnels » arrivant sur le marché et en fis immédiatement acheter quelques uns par mon école. 

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dimanche 29 mars 2015

La privatisation secrète du système de formation public

Par Renate Caesar

Dans de nombreux pays européens, des citoyens s’opposent depuis des années aux vagues toujours plus violentes des réformes scolaires. Par ces réformes, on n’envisage pas seulement un renouvèlement nécessaire de quelques domaines mais un remaniement profond du système de formation du pays concerné pour chambouler structures, contenus, objectifs, en un mot : le tout. Le «Plan d’études 21» («Lehrplan 21») en Suisse et la «Réforme scolaire 2015» («Bildungsreform 2015») en Bade-Wurtemberg en sont des exemples. 

La résistance qui se forme n’est pas portée uniquement par les enseignants et les parents mais de plus en plus aussi par des scientifiques, des historiens, des linguistes, des spécialistes littéraires et des chercheurs dans le domaine des programmes d’enseignement. Ce qui les réunit dans leur critique c’est que les réformes envisagées – et malheureusement déjà partiellement appliquées – n’ont aucun sens pédagogique, didactique ou scientifique. 

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L’école après Charlie : on a mis le doigt dans un engrenage pervers

C’est sans doute la première fois de ma carrière que je me sens inquiet, et peut-être même menacé, dans l’exercice de mon métier de professeur de philosophie. Par qui suis-je inquiété ?


Par Steve Balboa

Par des élèves, souvent présentés comme incultes et enfermés dans leurs préjugés ? Non, mes élèves sont ouverts à l’exercice de la pensée et du questionnement. Ils savent apprécier à sa juste valeur le travail qui est le mien, et qui consiste à les aider à exercer leur esprit critique, leur jugement rationnel, afin de combattre toute forme de croyance et de préjugé. 
Qui donc est alors responsable de ce « sentiment d’insécurité » qui m’empêche d’exercer sereinement mon métier ? Etrangement, il s’agit des personnes qui sont précisément chargées de rendre l’exercice de mon métier possible : le ministère de l’Education nationale, ainsi que les rectorats. 
Après les attentats des 7, 8 et 9 janvier, notre ministère et ses administrateurs ont brutalement pris conscience du fait que l’école n’était peut-être pas qu’un outil de formation technique des futurs travailleurs, mais qu’elle pouvait aussi, éventuellement, jouer un rôle dans le développement de l’homme et du citoyen. 

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samedi 21 février 2015

«  Quand une société ne peut pas enseigner c’est que cette société ne peut pas s’enseigner, c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même.  »  ( Charles Péguy, écrivain, 1873-1914)

L'obéissance à ses parents : un acte éducatif et libératoire

Une éducation insidieuse et vicieuse est en cours, surtout dans les pays les plus matériellement développés. Si l’on ne dénonce pas cette perversion, cet entortillement du sens de l’éducation, alors l’humanité s’enfoncera, jusqu'à engendrer sa propre destruction en chantant le progrès.


Par Simon Magbenga

Il nous paraît nécessaire de le faire, ne serait-ce que pour soutenir ces parents qui, actuellement, doutent ou rejettent un tel système éducatif malsain au vu de ses conséquences graves dans la psychologie enfantine. Psychologie enfantine déroutée et désaxée qui entraîne l’enfant scolarisé à s’ingénier à des jeux de violence, d’irrespect et de tueries de ses propres camarades à l’école. Attitudes sociales de délinquance juvénile de toutes sortes (il faudrait un livre pour les exposer) qui induisent une psychose générale d’insécurité, permettant à ceux qui nous gouvernent de déployer une surveillance inefficace et exagérée, portant atteinte à la liberté du citoyen. 

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La mort de l’école publique est non seulement programmée mais menée de main ferme

" L’attitude de nos élèves est somme toute compréhensible : fils, frères de chômeurs, ils entendent chez eux que l’école est inutile. L’institution, l’établissement, ses “valeurs” et ses officiants sont d’un coup discrédités ", écrit Marion P., professeur de Lettres en Picardie


Par Vincent Ejarque

Sincèrement, je ne peux pas dire que j’ai une vocation de professeur. J’aime faire partager mes goûts à des élèves, mais je n’aime pas professer, c’est-à-dire me placer sur une estrade imaginaire et parler, conduire, en un mot dominer pour amener les élèves là où je l’entends. Je n’ai qu’un but : leur faire aimer les livres ou, beaucoup plus modestement, ne pas les dégoûter de la littérature. 

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mercredi 28 janvier 2015

La véritable éducation…

 par Krishnamurti

En réalité, nous avons pratiquement tous peur. Nos parents ont peur, nos éducateurs ont peur, les gouvernements et les religions ont peur que nous devenions un individu à part entière, car ils veulent tous que nous restions bien à l’abri au sein de la prison que sont les influences de l’environnement et de la culture. La quête de la vérité ne consiste pas à demeurer dans la prison, mais plutôt à comprendre la prison et à s’en échapper. Il est important que l’éducateur soit éduqué, au vrai sens du terme, autrement dit qu’il connaisse les mécanismes de son propre esprit et de son propre cœur, qu’il se voie tel qu’il est à travers le miroir de la relation. La connaissance de soi est le commencement de la sagesse. La connaissance de soi est l’univers tout entier ; elle embrasse toutes les luttes de l’humanité. 

L’envie, l’ambition, la croyance, l’imitation, sont des indices de peur. Tant que mes désirs coïncident avec les schémas établis, je suis un citoyen respectable. Mais dès que j’ai un désir entier et sortant de la norme, je deviens un danger ; la société veille donc à m’empêcher d’avoir un désir qui aille jusqu’au bout, un désir qui serait l’expression de mon être intégral. L’action d’être est entièrement différente de l’action de devenir. La société rejette la démarche d’être, révolutionnaire, et se préoccupe exclusivement de l’action de devenir, respectable. Mais tout désir qui s’exprime dans une démarche de devenir, qui est une forme d’ambition, reste inaccompli. Tôt ou tard, ce désir est contrarié, empêché, frustré.

 Ce qui crée en moi la peur, ce n’est pas l’inconnu, c’est le fait de m’agripper au connu. Or l’inconnu n’est pas accessible au connu. Si je suis capable de lâcher le connu, de ne pas laisser mes soucis m’accompagner jour après jour, d’heure en heure, d’instant en instant, je verrai que de cette liberté jaillit une vie extraordinaire. La vérité, c’est la vie, et la vie est impermanente. Trois repas par jour, des vêtements, un toit, une vie sexuelle, un travail, des distractions et mon processus de penser – tout ce processus bête et répétitif, ce n’est pas la vie. La vie est affaire de découverte. La fonction de l’éducation est, sans aucun doute, de nous aider à découvrir la vie à chaque instant. 

Pour comprendre les pressions de la tradition et leur résister, ce qu’il nous faut, ce n’est pas de la force, mais de la confiance – cette immense confiance qui nous vient lorsque nous savons réfléchir aux choses par nous-mêmes. Or notre éducation ne nous enseigne pas comment penser, mais quoi penser. Une éducation digne de ce nom a pour rôle de nous aider à penser par nous-mêmes, de sorte que notre propre réflexion soit pour nous la source d’une immense confiance.

 N’ayez aucun de ces idéaux de pureté, de chasteté, de fraternité, de non-violence, et j’en passe, car ils n’ont pas de sens. Ne vous efforcez pas d’être courageux, car ce n’est qu’une réaction à la peur. La peur est là tant que vous voulez être en sécurité – que ce soit dans votre mariage, dans votre travail, dans votre situation, dans vos responsabilités, dans vos idées, dans vos croyances, dans votre relation au monde. Dès l’instant où l’esprit est en quête de sécurité ou de gratification sous une forme quelconque, à un niveau quelconque, la peur est forcément là ; l’important est d’être conscient de ce processus et de le comprendre. L’esprit qui est vif, attentif, qui est libéré de la peur, est un esprit innocent, et seul l’esprit innocent peut comprendre la réalité. 

Extrait : Le Sens du bonheur, Stock.