vendredi 15 novembre 2019

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Paroles d'enfants : les disputes (1)


Avec « La leçon de Professeur Hibou »*, les enfants de maternelle apprennent à réagir autrement à leurs problèmes…

Petit entretien

-        La maîtresse : Que faites-vous pour être sage et ne pas vous disputer avec les autres ?

-        I. : Dans la cour, je joue avec tout le monde.
-        M. : Si je ne suis pas sage, le copain ne sera plus jamais mon ami.
-        C. : S’il y a un nouveau, une nouvelle ou quelqu’un qui est triste, je joue avec lui.
-        M. : Mon cœur m’a dit qu’il faut être gentil avec tout le monde.
-        V. : En écoutant mon cœur, je retrouve la joie !
-        D. : Si quelqu’un se dispute, il faut qu’il écoute son cœur. Un jour, je me disputais avec mes copines ; mon cœur m’a dit de partir et de voir ailleurs.
-        B. : Il faut que je me sépare de H. et que je lui dise qu’on se sépare.
-        G. : Il faut rester tranquille.
-        L. : H. m’avait fait mal, alors je l’ai quitté ; mon cœur m’a dit qu’il fallait jouer avec mes amis.
-        N. : J’ai senti qu’il ne faut pas que je joue avec les amis qui ne jouent pas comme il faut. Sinon, je perds mon cœur.


Au cours d’une dispute avec des copines :

-        M. : Il faut trouver une idée dans le cœur.

Après un temps d’introspection :

-        M. : On peut se réconcilier dans le cœur.


L., fille de 4 ans, embête les grands garçons de 5 ans pendant les récréations. B. a eu une idée, il m’a demandé d’envoyer L. à l’activité d’animation pendant le temps de la cantine. Ce que j’ai fait : cela a été terrible pour L., mais l’après midi, elle est venue spontanément nous dire : « Je me sens bien. Mon cœur m’a dit de ne plus embêter les garçons. »


* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

samedi 2 novembre 2019

La vertu du silence

Par Jacques Muglioni

« Ce qui rend l’esprit indisponible, ce n’est donc pas le vide, c’est l’encombrement... D’abord on ne peut entendre une leçon que si la discipline du corps témoigne, pour le sujet lui-même en premier lieu, d’une attente sans laquelle l’attention risque d’être à jamais refusée. Qui n’est pas capable d’écouter, c’est-à-dire de garder le silence, de faire taire ses opinions et ses humeurs, ne comprendra ni n’apprendra jamais rien... Le silence de la classe, à la fois condition et effet de l’attention, symbolise le chez soi de l’esprit et annonce l’esprit de la parole ... On ne dira jamais assez ce qui fait qu’une classe est une classe, non pas un agrégat incertain, mais un nombre fini d’élèves que l’on puisse distinguer, l’immobilité du corps, le maintien, la maîtrise du geste. Il y a des conditions physiques sans lesquelles la parole se perd... dans le bruit et la gesticulation. Qui ignore [la vertu du silence] ne sait pas ce que c’est que la classe, ni ce qu’est enseigner. » 

Réf. "L'école ou le loisir de penser" de Jacques Muglioni, doyen de l'inspection générale de philosophie (années 80)



Dix thèses sur l’école

La pédagogie est un art de vivre, non une science exacte


Par Oskar Freysinger

Toute notre pédagogie est fondée sur la paideia grecque, qui est essentiellement un rapport de maître à élève. Il n’existe pas de pédagogie générale, applicable à tous de manière identique. La dignité de l’être humain consiste dans le fait qu’il est unique et irremplaçable. La pédagogie doit donc capter l’attention et l’intérêt de chaque élève de la classe en tant que personne individuelle tout en créant une dynamique de groupe.
Assimiler la pédagogie à une science exacte, c’est courir le risque de déshumaniser les rapports entre le pédagogue et l’élève, le second perdant sa qualité de sujet pour devenir un réceptacle passif, ou pire un objet d’expériences pseudo-scientifiques. La préservation d’un rapport humain personnalisé permet d’offrir à chaque élève le meilleur cadre d’apprentissage possible. Il faut cependant éviter de trop fractionner les groupes et les rendre ainsi ingérables et inopérants. En maintenant une certaine homogénéité de la classe, on permet à chaque élève d’avancer au rythme qui lui convient sans qu’il soit dépassé, ou au contraire démobilisé [...] 



Réf. Horizons et Débats - 2016
(La suite de l'article n'est plus disponible)

J’écoute mal un sot qui veut que je le craigne ...

"J’écoute mal un sot qui veut que je le craigne, et je sais beaucoup mieux ce qu’un ami m’enseigne. "
Victor Hugo : Discours sur l’enseignement mutuel – 1815


Par Les KroniKs

Nous autres humains, oublions si souvent que nous avons cette possibilité de nous construire, de nous édifier de l’intérieur. Et nous nous gérons les uns et les autres comme si nous pouvions être dressés, éduqués de l’extérieur, normés, préparés. Nous continuons encore et encore à rechercher des responsables parmi les parents, parmi le milieu, parmi les influences, parmi les écrans. Nous accusons depuis toujours les mauvaises mesures, les mauvaises influences, l’air du temps, les changements technologiques et numériques de tous les maux qui affectent nos sociétés et notre socialité.

Ce que nous n’avons pas su produire, pensons-nous, nous devrions le redresser. Et voici que sur le constat de l’échec de tous nos efforts pour éduquer, nous investissons la rééducation et la pénalisation comme des étais dérisoires. Même dans nos échecs nous persévérons ; nous faisons chaque jour plus mal. Notre imagination ne nous permet que de préparer le pire : suivis, casiers, dossiers, surveillance, mouchards à tous les étages !

Nous sommes toujours condamnés à traiter en étrangers ce et ceux qu’on a toujours cherché à dominer, à dresser, à civiliser, à instruire. Il faut des années pour le comprendre et l’appréhender. Tous nos efforts pour rattraper nos ambitions éducatives ne mènent encore et encore qu’à plus de ruine car c’est le projet lui même qui était erroné. Celui là même qui était mal pensé [...]


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