dimanche 11 janvier 2009

Il y a des lois non écrites au-dessus de toute législation de circonstance...

par Etienne Balibar dans : « Etat d’urgence démocratique »

« Sophocle faisait dire à Antigone : “Les défenses de l’Etat ne sauraient permettre de passer outre aux lois non écrites.” Nous savons, depuis la fondation même des démocraties, qu’un pouvoir est légitime dans la mesure où il n’entre pas en contradiction avec certaines lois supérieures de l’humanité [...] le respect des vivants et des morts, l’hospitalité, l’inviolabilité de l’être humain, l’imprescriptibilité de la vérité. Elles énoncent les valeurs qui permettent à une communauté politique de dire le droit et la justice, et qu’un gouvernement ou un Etat doivent donc sauvegarder à tout prix. « De telles lois non écrites sont au-dessus de toute législation de circonstance, et généralement de toute loi positive. C’est pourquoi, dès lors que les citoyens constatent une flagrante contradiction entre les deux, ils ont pour devoir de porter le conflit sur la place publique, en proclamant leur obéissance aux lois non écrites, serait-ce au détriment de l’obéissance aux lois positives. Du même coup, ils recréent les conditions d’une législation ou de la “volonté générale”. Ils n’attaquent pas le concept de la loi, ils le défendent. »

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article3055