mardi 16 septembre 2008

Trois entorses au bon sens

" Dans tous les domaines, le développement et le progrès passent par la recherche et l'innovation. Sauf dans l'enseignement. » […]
Par Antoine Prost

Un peu de silence

Pierre FAUBERT/ l’auteur est professeur et psychologue
Publié dans La Presse (2007 ?) Québec
nouvelles@lapresse.ca


Tenir une minute de silence en classe a même un effet positif sur les élèves en déficit d’attention.

Il y a trois ans, une élève de première secondaire (elle avait 10 ans !) me demanda de lire, au début de mes cours, un court texte qu’elle trouvait très beau J’ai considéré l’idée géniale et, pour que les mots du texte ne soient pas aussitôt oubliés, j’ai demandé aux élèves de la classe de conserver « une minute de silence » pour intérioriser le texte. Ce temps d’arrêt visait aussi à aider les élèves à prendre conscience de ce qui les habitait à ce moment-là.
Les découvertes de ce temps d’arrêt furent saisissantes. Sur le moment, il y a eu beaucoup de résistances de la part de certains élèves. Il y en avait même qui avaient peur de mourir durant ce silence…Mais finalement, ce fut un espace de découvertes profondes et insoupçonnées.
J’ai donc poursuivi cet exercice durant toute l’année. Les élèves ont même fini par me demander que nous prolongions la période de silence à deux minutes.
Devant les résultats intéressants et surprenants de ce temps de « silence » au début du cours, j’ai donc poursuivi cet exercice l’année suivante avec toutes mes classes de première et deuxième secondaire. Maintenant en cette troisième année, tous mes élèves de première, deuxième et troisième secondaire font leur « minute de silence » avant chaque cours.
Après chaque temps d’arrêt qui peut dans certaines classes, à la demande des élèves, durer jusqu’à quatre minutes, nous discutons de ce qui est venu à la conscience de chacun. Ces premières minutes peuvent parfois alimenter toute l’heure du cours.
Depuis que je fais cet exercice avec mes élèves, j’ai remarqué d’abord que les élèves dits perturbés ou en déficit d’attention ou hyperactifs deviennent plutôt attentifs, calmes et contribuent de manière agréable, créatrice et productive au déroulement du cours.
Ce silence, ou temps d’arrêt puisque le silence absolu n’existe pas, peut devenir une aide formidable autant pour les élèves que pour le professeur.
S’il m’arrive d’oublier ce temps d’arrêt, les élèves me le rappellent. Ils en ressentent le besoin, même si au tout début, ils pensaient que ça pouvait les faire mourir. Ces moments sont devenus pour mes élèves et moi une nécessité. Ça nous apaise et favorise la réflexion et l’apprentissage. C’est très agréable!
Essayez, vous verrez…