jeudi 21 mai 2009

Ateliers pratiques d'éducation à la non-violence

Cycle d’ateliers pratiques d’éducation à la non-violence et à la paix

Organisé par la Coordination française pour la Décennie pour la Paix, à destination des enseignants de l'école élémentaire intéressés par l’éducation à la non-violence et à la paix.

Ce cycle d’ateliers pratiques d’Education à la non-violence et à la Paix propose à des enseignants intéressés d’expérimenter des activités pédagogiques, d’échanger sur leur savoir-faire et d’enrichir leurs pratiques professionnelles.

Chaque atelier a pour thème une compétence décrite dans le Programme pour l’éducation à la non-violence et à la paix de la Coordination française pour la Décennie. La première journée du cycle porte sur le thème suivant :

La Coopération dans la classe

Mercredi 10 juin de 10h à 17h à Paris, Maison des associations du 10ème arrondissement, 206 quai de Valmy - 75010 Paris (Métro Jaurès ou Louis Blanc)
Journée animée par des membres de la Commission éducation de la Coordination française pour la Décennie :

Jonathan Levy : Psychopédagogue, formateur de formateurs, Initiatives et changement
Monique Vincent : Professeur d’histoire- géographie
Océanie Griboval : Volontaire associative à la Coordination française pour la Décennie

Inscription : Frais de participation : 35€ à régler sur place le jour de l’atelier.
Pour toute information complémentaire, pour participer, et s'inscrire avant le 2 juin 2009 (nombre limité de participants), contact : Océanie Griboval au 01 46 33 41 56 ou o.griboval@decennie.org

mardi 12 mai 2009

Lettre d'un désobéisseur

Par une lettre datée du 11 mars 2009, j’ai fait savoir à monsieur l’inspecteur d’académie que je refusais d’obéir aux ordres de ma hiérarchie en ce qui concerne l’A.P.E. et ma participation aux travaux de rédaction du projet d’école. Les raisons de mon opposition à l’A.P.E. sont les mêmes que celles qui ont poussé beaucoup de collègues à désobéir et rejoignent les critiques formulées par les organisations syndicales. J’aimerais donc m’expliquer un peu sur les raisons pour lesquelles je refuse aujourd’hui de participer au projet d’école.

Je ne suis pas contre le fait qu’une équipe fasse des projets. Dans mon école, depuis trois ans, je dirige une chorale qui regroupe des élèves du CP au CM1. Ce projet a mûri lentement, il a évolué et il débouche généralement sur un petit concert en fin d’année scolaire. Oui cette chorale est pour moi un beau « projet d’école » à ceci près que nous n’avons jamais écrit une seule ligne la concernant, que nous n’avons pas défini les objectifs, que nous ne saurions pas dire avec exactitude quelles compétences sont travaillées et (crimes des crimes) que nous n’avons prévu aucune évaluation (en fait nous passons beaucoup trop de temps à chanter).

Un vrai projet à mon sens ne peut être que le fruit du désir d’une équipe. S’il est imposé d’en haut, alors les maîtres remplissent du papier, sans que ce qu’ils écrivent ait un quelconque rapport avec ce qui se passe réellement dans l’école. Il s’agit le plus souvent
d’aligner les dernières idées à la mode en essayant d’utiliser les
derniers termes à la mode…

On a beaucoup souligné la rupture que constituent les programmes de 2009. A mon sens on n’en a pas assez souligné les permanences. Ce qui perdure, c’est cette façon de découper le savoir en compétences qu’il suffirait de cocher les unes après les autres pour avoir à la fin de la scolarité primaire un élève « zéro défaut » ou, pour utiliser un autre terme à la mode : performant. Ce qui perdure, c’est cette vision techniciste de l’enseignement qui fixe des objectifs, exige du rendement, évalue, évalue toujours, évalue sans cesse. Jean Pierre Le Goff a bien montré que les pratiques du management moderne (et bien entendu son affreux vocabulaire : objectifs, compétences, performance, évaluation…) ont envahi l’école après avoir conquis l’entreprise.

Malheureusement ce sont des gens qui se prétendaient de gauche qui ont introduit ces pratiques au cœur même de l’institution scolaire. Ceci expliquant sans doute la totale absence d’opposition que ces pratiques ont suscitée. Ce découpage du savoir en tranches fines permet à l’administration de se donner l’illusion de la maîtrise et du contrôle. Notre travail depuis une dizaine d’années subit ainsi une inflation continue des tâches administratives (projet d’école, projets de cycle, PPRE, PPMS, évaluations nationales, B2I, et je passe sur les exigences propres aux différents inspecteurs de circonscription qui se succèdent sans jamais vraiment s’annuler). Ce contrôle bureaucratique, chaque année plus lourd, est du temps pris sur notre métier véritable (préparations, corrections, recherches, concertations…). Ces pratiques dénuées de sens détruisent peu à peu l’énergie nécessaire pour faire face à notre classe. Elles produisent au final l’effet exactement inverse à celui qui était prétendument escompté : des enseignants démoralisés, ne comprenant plus le sens de leur tâche quotidienne. Elles réduisent un métier basé sur l’obstination, la patience, la bienveillance à une suite de gestes techniques dépourvus de
signification. Dans la durée elles mettent à mal les vocations les plus solides, les espoirs les plus hauts, les idées les plus généreuses.

Voilà pourquoi j’ai décidé de ne plus me consacrer aux tâches dont je ne comprendrais l’intérêt ni pour moi, ni pour mes élèves, ni même, d’ailleurs, pour l’institution qui me les impose.

Olivier M