samedi 22 décembre 2012

L’utilisation trop fréquente des médias digitaux réduit les capacités intellectuelles de nos enfants

Manfred Spitzer, psychiatre et spécialiste du cerveau, met en garde les parents et les éducateurs

par Rudolf Hänsel


Le spécialiste en neurologie et directeur médical de la Clinique psychiatrique universitaire d’Ulm, Manfred Spitzer, a déclenché avec son nouveau best-seller «Digitale Demenz. Wie wir unsere Kinder um den Verstand bringen» [Démence digitalisée, Comment nous perdons nous-mêmes la raison et la faisons perdre à nos enfants.] et ses thèses pointues des échos violents dans les médias. Dans son livre, Spitzer étaie, par de nombreux diagnostics neurologiques et de nouvelles connaissances les faits décrits par des spécialistes sérieux des médias, que l’utilisation trop fréquente d’Internet peut rendre bête. Il n’a jamais vilipendé les utilisateurs adolescents et adultes d’Internet. Dans une interview, il a répondu aux attaques venimeuses de la presse de la manière suivante: «Je n’en fais pas une pathologie, mais je constate: là où il y a des effets, il y a aussi des risques et des effets secondaires.»1 Spitzer ne met pas seulement en garde, il montre aussi ce que les parents, les enseignants et les politiciens peuvent faire pour protéger notre jeunesse.

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Faut-il interdire les écrans aux enfants ?

Serge Tisseron (ST), psychanalyste, s'est fait connaître en découvrant le secret de Hergé par la seule lecture des albums de Tintin. Bernard Stiegler (BS), philosophe est directeur de Recherche et Innovation du centre Pompidou et a occupé différents postes de directeur dont l'IRCAM et l'INA.



« Faut-il interdire les écrans aux enfants ? » 
 Editions MORDICUS, novembre
                                                     Par Serge Tisseron et Bernard Stiegler

En France, les enfants passent plus de 3 heures par jour devant les écrans (TV, Internet, consoles, SMS...) soit près de 1200 heures par an contre 900 heures / an à l'école, qui elle-même, utilise de plus en plus les écrans. Une révolution est en marche...
Si les écrans peuvent faciliter l'accès au savoir, ils ne sont pas pour autant inoffensifs.


Quels écrans, à quel âge ?
Serge Tisseron propose une règle simple , celle des 3/6/9/12 ans
•    moins de 3 ans : pas d'écran, pas même les programmes qui s'adressent spécifiquement aux bébés! Le développement psychomoteur de l'enfant mobilise ses 5 sens, l'usage de la TV le rend passif, elle diminue la relation affective entre le petit enfant et son environnement. Même après 3 ans, la TV ne lui apporte pas grand chose et l'empêche surtout d'avoir d'autres activités. les DVD choisis et qui peuvent être revus plusieurs fois sont le meilleur choix.
•    moins de 6 ans : pas de console ; c'est l'âge des mains (collage, pliage, pâte à modeler...) pour appréhender l'espace. A cet âge, «c'est avec les mains qu'on apprend à penser ».
•    moins de 9 ans : pas d'internet, car les repères essentiels du développement psychique ne sont pas en place, notamment la différenciation de la sphère intime et de la sphère publique
•    moins de 12 ans : internet mais pas toujours seul ; l'enfant ne doit pas avoir un rapport uniquement solitaire avec les écrans. 


Interdiction ou responsabilisation ?
Un équilibre à toujours réinventer, mais tout sauf l'indifférence. L'autorité structure. Elle repose désormais plus sur la notion de contrat car les repères demandent à être justifiés. Le contrat peut être négocié, il doit être bien explicité mais ensuite il faut s'y tenir absolument.
Où mettre les écrans ?
Pour l'ordinateur, préférer une pièce partagée. Pour la TV, pas en mangeant...pour préserver la communication familiale car le plus grand danger des écrans est l'isolement de l'enfant, le remplacement de ses relations réelles par des relations uniquement virtuelles.
Pour la TV, l'important est de devenir un spectateur actif, qui choisit ses programmes, qui peut échanger avec des adultes sur ce qu'il a vu. Pour limiter la consommation passive de programmes, on peut par exemple mettre en place des « tickets TV » d'une demi-heure/ une heure, à choisir à l'avance sur les programmes.
 

Parents - enfants : une fracture numérique?
Les adultes ont tendance à diaboliser les nouvelles technologies qu'ils ne maîtrisent pas, les jeunes à s'enfermer dans un monde connu d'eux seuls, avec le risque d'une forme de dépendance ou plutôt d'utilisation excessive des écrans, pouvant, à l'extrême, perturber leurs relations sociales «réelles».
Mais les jeunes ont aussi à faire découvrir aux adultes les nouvelles technologies - l'échange devient alors valorisant. 


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mercredi 21 novembre 2012

« Entre les hommes il n'existe que deux relations : la logique ou la guerre. Demandez toujours des preuves, la preuve est la politesse élémentaire qu'on se doit. Si l'on refuse, souvenez-vous que vous êtes attaqué et qu'on va vous faire obéir par tous les moyens. » (Paul Valery, 1871-1945)

Documentaire sur la pédagogie finlandaise

Documentaire réalisé par l’IUFM de Lyon - Université Lyon 1, suite au séjour des stagiaires CAPA-SH option E dans les écoles finlandaises en 2011

L'école en Afrique, une caricature

En direct de Lomé (Togo)


L’école est en décomposition avancée, à la fois sur le plan physique et moral. Cet état de fait se retrouve sur tous les continents ; mais c’est toujours le même mal qui épouse différentes formes selon les conditions particulières de chaque pays. Ainsi la lutte de  la France pour donner un sens à l’éducation ne saurait laisser indifférents ceux qui, en Afrique, assistent presque impuissants aux dégâts causés sur la jeunesse dûs à l’inconscience et à l’irresponsabilité des autorités publiques, mais aussi à celles des parents qui semblent ne pas réaliser la compromission programmée de l’avenir de leurs enfants.

Correspondant parfaitement à la mentalité africaine où les gens doivent se réunir et se regrouper par classe d’âge, l’édification de l'école, cette « chose » du Blanc, ne pouvait, dès le départ, susciter aucune résistance. Dans l’esprit de l’Africain, la scolarisation des enfants entrait donc en parfaite cohérence avec l’ordre des anciens. Tous en chœur, Les Africains ont  marché dans le piège d’autant plus qu’à l’issue de la scolarité se profilait un avenir tout  tracé pour leur progéniture. « Nos enfants auront des diplômes et ils gagneront beaucoup d’argent et de considération. Et ils assureront la quiétude de nos vieux jours. » L’Africain a toujours considéré l’enfant comme un capital. Si, dans les temps passés, ce capital permettait de développer la production de subsistance tout en assurant la descendance, à l’époque moderne, l’enfant devient une assurance financière pour les parents, un placement qui devra rapporter. Seules quelques résistances ont été manifestées, au tout début, par les paysans qui se voyaient (à juste titre) dépouillés des bras utiles pour leur production agricole. La dictature coloniale transmise aux tyrans locaux lors de l'indépendance a suffi pour mettre tout le monde au pas. L’école a été décrétée obligatoire, sans demander l’avis de personne. Mais la réussite financière des premières vagues d’enfants ruraux scolarisés a largement convaincu les plus endurcis qui manifestaient encore quelques velléités de refus.

Ainsi, chacun est allé à l’école avec ses enfants… et ses illusions.

Le temps que passent quelques décennies, et les Africains constatent, étonnés et déçus, que rien ne va plus. Le diplôme, source d’emploi, d’enrichissement et de notoriété sociale a brusquement cessé de l’être. Les portes de la fonction publique, principale pourvoyeuse d’emplois là où le sous- développement économique n’offre rien, ont été brutalement fermées. Les jeunes alphabétisés de façon fort caricaturale se sont retrouvés dans la rue, au chômage, avec comme seules perspectives l’aventure en Europe ou la délinquance. Ou alors devenir des milices armées ou des enfants soldats pour le compte des chefs de guerre et autres politicards en quête de pouvoir.

Si, en Europe, il est justifié de dire que l’école est en crise, en Afrique, c’est plutôt son existence même qui est en cause. Car, au côté déplorable des enseignements qui sont donnés, il faut ajouter la carence très prononcée des infrastructures et des moyens. Et ce, malgré des aides publiques extérieures qui ont été fournies massivement par milliards pour l’éducation des jeunes Africains. Ces sommes énormes ont été simplement détournées, en grande partie, par les dirigeants africains et leurs cadres, en complicité avec les pourvoyeurs occidentaux de ces ressources.

Ici en Afrique, l’école est devenue un simple parcage de jeunes, à peine construit et surtout non entretenu. Des enfants affamés, sans livres, agglutinés dans des salles crasseuses, bondées et surchauffées, quand ils ne sont pas simplement abandonnés à la merci des éléments naturels (pluies et vents) sous des huttes ou des arbres. Et face à eux, des individus s’exprimant à peine dans la langue qu’ils sont censés apprendre aux enfants. Est-ce cela l’école ? Voilà la réalité qui se cache derrière les chiffres publiés avec vanité par des dirigeants africains inqualifiables et leurs complices internationaux pour faire croire aux progrès de l’éducation en Afrique. C’est une véritable mascarade ! Est-ce possible de faire de telles choses quand on a le sens de la dignité humaine ? Quelle est la différence réelle entre ces parcages d’enfants et des parcages de moutons ?…

Comme le mal ne peut engendrer que le mal, après quelques années passées dans ces espèces d’élevage, les enfants se croient dotés de moyens, d’arguments suffisants, pour aller en ville monnayer leur soi-disant savoir. Le travail de la terre dans des pays où pourtant l’on meurt de faim est devenu dénigrant aux yeux des jeunes. Pourquoi se salir, s’épuiser physiquement à labourer le sol avec des instruments ancestraux, quand on vous a dit qu’en ville, il suffit d’afficher votre papier-diplôme pour avoir droit à un bureau et un salaire, et jouir des commodités occidentales ? Au résultat final, les terres cultivables sont sans producteurs et les villes se remplissent de jeunes mal formés, voués au désœuvrement et à la délinquance. Chômage endémique dans les villes, dépeuplement des villages et des terres, chute de la production économique, délinquance juvénile… est-ce cela la voie du développement ?

En Afrique, l’école ne prépare pas des citoyens, encore moins des individus aptes à produire quelque chose d’utile ; elle est moins qu’une fabrique de chômeurs (parce que le vrai chômeur cherche à monnayer une compétence qu’il a acquise). L’école publique africaine produit généralement des êtres qui ne sont utiles à rien. Et c’est ça le plus grave ! On dirait que l’on cherche à créer une race de sous-hommes dont on pourrait  faire ce qu’on veut. Des êtres malléables à merci, car n’ayant réalisé ni ce qu’ils sont (leur dignité d’homme), ni ce qu’ils peuvent (leurs capacités), ils ne sauraient opposer une quelconque résistance.         

« Sauver l’école ! » ne doit pas rester un cri poussé par les seuls Français, c’est aussi un cri africain (encore silencieux), c’est un cri qui doit devenir mondial ! Qu’on le veuille ou non, ce n’est pas l’argent ou les machines, mais l’enfant qui est la pierre angulaire de toute société. Où que l'on soit sur cette Terre, la société humaine sera à l’image exacte de ce qu’on aura fait de la jeunesse.

Simon

L'Angleterre s'interroge sur le «bébé à 3 parents»

Un débat éthique est lancé en Grande-Bretagne sur la création d'embryons à partir de trois personnes, pour éviter la transmission de maladies graves.


Par Pauline Fréour

«Trois personnes, un bébé»: les titres dans les médias britanniques avaient lundi un goût de science-fiction. Londres vient de lancer une consultation nationale pour sonder l'opinion sur une thérapie génique qui permettrait à des couples dont la mère risque de transmettre une maladie mitochondriale grave, à l'origine de troubles musculaires ou de problèmes cardiaques, d'avoir un bébé sain. Or cette technique aboutit à la fécondation in vitro d'un embryon présentant un patrimoine génétique issu de trois personnes différentes - le père, la mère et une donneuse d'ovocyte nécessaire pour éliminer le risque de transmission des gènes défaillants. Ce triple héritage serait une première chez l'homme. 

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Marchandisation de l'école

Entretien avec Nico Hirtt :
1ère partie :



2ème partie :

dimanche 21 octobre 2012

Les réformes de l’OCDE, les stratégies pour les imposer et leur réalisation


 L’OCDE vise à changer les systèmes d’éducation de leurs Etats membres. Dans ce but, elle recommande des réformes aux Etats depuis une décennie. Le but visé s’appelle «Innovative Learning Environments» (les environnements innovateurs de l’apprentissage) et leur justification n’est que d’ordre économique. On veut réaliser des performances maximales pour les «21st century competences» dont on aura besoin pour la nouvelle «knowledge-based economy» (une économie basée sur le savoir). Les techniques traditionnelles d’apprentissage y seraient inadaptées. Au lieu de cela, on doit tenir compte de quatre principes de base :


•    les résultats d’études doivent être évalués en permanence (PISA),

•  les technologies de l’information (ICT) doivent révolutionner le travail scolaire. Pour réaliser cela, il faut des investissements énormes dans les «ressources digitales»,
•    le travail scolaire et l’enseignement doivent être liés aux nouvelles méthodes,
•    les écoles sont tenues à mieux intégrer les résultats de la recherche.


Source: Executive Summary de «The Nature of Learning-Using research to inspire practice», Center for Educational Research and Innovation, OECD 2010, p. 13 


Les buts des réformes
Les buts des réformes qui découlent soi-disant des résultats de PISA («best practice models» – les meilleurs modèles pratiques) selon l’OCDE et qu’elle propose depuis des années à ses Etats membres sont les suivants (le rejet du système scolaire structuré à différents niveaux s’y trouve au centre; l’OCDE le met au même rang que l’«exclusion») :


•        l’égalité, au niveau social et sexuel. Pour cela, il faut
•    des structures d’école intégratives et coopératives, c’est-à-dire la transformation des systèmes scolaires structurés de façon «sélective» en une forme intégrative.
•   des standards de qualités uniformes pour la formation, qui doivent être évalués en permanence.
•     des formations continues spéciales pour les professeurs, puisque l’enseignement intégratif force les professeurs à instruire chaque enfant de manière individuelle.
•    l’autonomie de l’école améliore le système en léguant la responsabilité à chaque école individuelle et aux services administratifs locaux, en le soustrayant ainsi au contrôle de l’Etat. Ceci permet à chaque école de déterminer elle-même le contenu, le budget et l’admission des élèves.
•    la recherche et la statistique doivent être évolutives afin d’avoir toujours une large base de données à disposition.  


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PISA, débarrassons-nous de cette camelote

PISA, une mise au pas internationale de la politique scolaire


Par Sandra Buchser


Depuis 2000, PISA (Programme for International Student Assessment / Programme international pour le suivi des acquis des élèves) a déjà provoqué quelques ondes de choc. Il semble que ce soit systématique : Là où l’on applique ces tests standardisés, ils font fréquemment apparaître des lacunes dans les connaissances des élèves. Comme Naomi Klein l’a montré dans son ouvrage «la Stratégie du choc», ces chocs préparent le terrain à des bouleversements aux conséquences d’une grande portée. A la suite de PISA, les médias ont répété mille fois que nos enfants obtiennent apparemment de mauvais résultats (et que par conséquent notre système scolaire fonctionne mal). Cette information choquante exerce sur les responsables une forte pression qui les pousse à agir rapidement. En conséquence, les «réformes» qui ont suivi se sont caractérisées par l’adoption – irréfléchie et rapide, sans débat scientifique public suffisant – de solutions toutes faites. Or d’où vient l’idée d’exposer nos écoles et nos systèmes scolaires à une concurrence aux conséquences si importantes pour nos élèves et notre système scolaire.

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Le secret de l’ordinateur de grand-papa


Une proposition de livre d’enfant précieux

Une occupation sensée pour les loisirs de nos enfants, c’est certainement un thème brûlant pour tous les parents. Il s’agit bien de préparer l’enfant avec une anticipation ludique à la réalité de la vie d’adulte, à une vie d’adulte dans laquelle il pourra contribuer de façon sensée à la sauvegarde du bien commun, dans laquelle il s’engagera pour la paix, l’égalité et la liberté.

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Derrière les mutilations sexuelles sur l’enfant, les rapports du laïc et du religieux


Par Jean-Pierre Rosenczveig


Le tribunal de grande instance de Cologne a fait sensation le 26 juin dernier en estimant illégale la pratique de la circoncision pour des raisons religieuses. Pour les juges la circoncision est un délit pénal dans la mesure où il s’agit d’une atteinte à l’intégrité physique de l’enfant  qui « modifie durablement et de manière irréparable le corps d'un enfant ». En l’espèce, en 2010, un médecin généraliste avait circoncis un enfant de 4 ans à la demande de ses parents musulmans qui entendaient répondre à des prescriptions religieuses. Le tribunal est clair : «Le droit d'un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents».

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La circoncision, la religion, et les droits de l'enfant


Comme nous l'avons déjà souligné ici, il est très (trop ?) souvent demandé au juge de trancher des questions de société redoutablement délicates. Ce qui vient de se passer en Allemagne en est un exemple particulièrement intéressant. Et la problématique qui est à l'origine de la procédure judiciaire est des plus sensibles, c'est peu dire.



Par Michel Huyette


 D'après ce qui est repris dans les medias (cf. not. ici), un tribunal allemand a récemment jugé que la circoncision d'un enfant suivie de complications médicales constitue une atteinte corporelle passible d'une sanction pénale. Cela a entraîné de très vives réactions dans la communauté juive et par ricochet dans la communauté musulmane, dont les représentants ont affirmé qu'il s'agissait d'une atteinte intolérable aux croyances et aux pratiques religieuses. Il aurait même été mis en avant "une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses". 

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samedi 29 septembre 2012

L'enfant téflon


Analyse de Bernard Grimard, spécialiste incontournable des travaux de M. Daniel Kemp



Par Bernard Grimard


Le terme enfant téflon a été utilisé pour la première fois par M. Daniel Kemp, psychologue québécois, malheureusement aujourd'hui disparu. L'enfant téflon est un enfant sur qui rien ne colle (comme le téflon) : ni les punitions, ni le chantage, ni la politesse, ni les récompenses... il paraît sans coeur, égoïste, solitaire, "incassable", hyperactif et agressif. L'auteur nous donne ici un aperçu des travaux de Kemp. Nous disposons enfin d'une explication des symptômes qui se retrouvent de plus en plus chez les jeunes d'aujourd'hui.
Dans de plus en plus de foyers et d'écoles, des jeunes tiennent tête aux adultes.
Les efforts de la société pour contrer celte révolte de la jeunesse semblent insuffisants.
Plusieurs parents, professeurs, directeurs d'écoles et psychologues que j'ai rencontrés me disaient que le problème avait une telle envergure qu'aucune solution ne semblait applicable.
C'est vrai que le problème est considérable. Mais il y a des solutions.


L'école se moque des enfants
De nombreux parents veulent communiquer avec leurs enfants, mais ne peuvent s'empêcher de crier sans cesse. Ils forcent leurs enfants à devenir ce qu'eux-mêmes auraient voulu être.
D'autres s'en servent comme moyen de vivre l'affectivité qu'ils n'ont pas eu ou pour passer celle qu'ils ont en trop.
Dans des compétitions sportives, il n'est pas rare de voir un adulte, un père souvent, engueuler son enfant parce qu'il a perdu un match.
Une grande partie du milieu scolaire se fout éperdument du jeune et n'a qu'un objectif : travailler sur le jeune jusqu'à ce qu'il se déforme suffisamment pour s'intégrer dans notre monde d'adultes.
On appelle cela l'éducation. Il y a toujours des exceptions, mais , en général, le système scolaire est dirigé par des adultes et conçu en fonction de ce que les adultes veulent faire des enfants. Si l'éducation a toujours été de l'intégration, si elle a toujours été une technique d'adultes pour obliger les jeunes à rentrer dans le rang, elle devra changer car les enfants téflon ne pourront l'accepter, ils y sont allergiques psychologiquement.


L'éducation parentale, c'est l'oppression
Une grande part de l'éducation parentale est basée sur l'oppression. L'adulte croit qu'éduquer veut dire se faire obéir, avoir raison.
Il est facile de constater que l'éducation faite par la majorité des parents et des professionnels n'est qu'une formation à l'esclavage. Ils veulent que les enfants les écoutent, les respectent, leur obéissent à la lettre et ne les dérangent pas.
Avoir des enfants, c'est un problème.
C'est un problème de conscience.
Nous n'avons pas d'enfants.
Nous ne pouvons prétendre posséder des enfants.
Ils viennent chez nous, mais ils ne peuvent nous appartenir.
Nous avons l'impression que nos enfants doivent passer par les mêmes chemins que nous.
Mais ils ne peuvent pas, ils sont trop différents de nous. Ils doivent, pour ne pas nous causer de problèmes, pour être de bons enfants, manger ce que nous leur donnons, à l'heure où nous le voulons et avec les ustensiles que nous voulons.
Il n'y a rien de plus fatiguant qu'un jeune qui est difficile à table. Si nos enfants avaient les mêmes goûts que nous, ce serait tellement mieux.
Parce que nos goûts sont de vrais goûts , pas les leurs qui ne sont que des goûts de difficiles.


L'éducation actuelle est un système de restrictions
Ils doivent s'habiller comme nous voulons, quand nous voulons, Evidemment, c'est nous qui savons quand ils sont bien habillés.
Ils ne doivent pas salir leur linge, même si cela restreint leurs jeux. Ils ne pensent qu'à ça, jouer.
Vive le temps où ils sauront se tenir et rester propres. Ils doivent se tenir avec les copains que nous avons acceptés pour eux. C'est bizarre comme ils ont tendance à fréquenter des gens non recommandables. Nous devons tout faire pour eux, même choisir leurs amis parfois. Ils doivent être à la maison aux heures que nous leur indiquons, sinon ils nous inquiètent et nous causent des soucis Il peut arriver tellement de choses dans la société actuelle, plus vite ils sont rentrés, plus vite ils sont en sécurité, même s'ils ont l'impression d'être en prison. Ils doivent se lever aux heures que nous avons fixées pour eux. ils ne doivent pas devenir des paresseux. En plus, ils doivent prendre l'habitude de ne pas arriver en retard.
Ils doivent passer quinze ans minimum de leur jeunesse à aller à l'école afin de devenir des adultes et de nous remplacer dans la société.
Ils n'ont pas le droit de faire du bruit, car ils doivent apprendre immédiatement le respect des autres, et, en plus , ils nous ennuient avec leur tapage. Cette litanie n'en finit plus. L'éducation actuelle est un système de restrictions . Un jeune bien éduqué est un jeune qui ne paraît pas et qu'on n'entend pas. Plusieurs parents que j'ai rencontrés contestent cette vérité. Ils me disent que c'est sans doute vrai chez beaucoup de parents, mais pas chez eux. Certes, nous voulons tous être de bons parents, mais nous ne savons pas finalement ce qu'est un bon parent . Nous essayons donc de l'être selon une norme, un standard. Nous voulons être reconnus comme de bons parents suivant une normalité. Il fut un temps où battre un enfant à coup de bâton était reconnu comme une méthode normale de pédagogie. Pourquoi, parce que la majorité des parents battaient leurs enfants.
C'était une bonne façon pour qu'ils ne recommencent plus, pour qu'ils nous obéissent. Les parents et les professionnels veulent être obéis.


Non à l'obéissance !
Nous devons changer d'attitude.
Nous ne pouvons plus éduquer les jeunes d'aujourd'hui comme nos parents nous ont éduqués. Ils ont fait leur possible, mais, dans la majorité des cas, leur éducation nous a simplement intégré dans leur monde, ce qui n'est pas nécessairement pour le mieux .
L'obéissance ne doit plus être un facteur d'éducation. Nous ne devons plus exiger de nos jeunes qu'ils nous obéissent.
Nous devons trouver autre chose...
L'obéissance va totalement à l'encontre du développement de l'intelligence. Elle est à rejeter par nous, les éducateurs, car elle le sera de plus en plus par les jeunes que nous voulons éduquer.
Je rappelle que l'intelligence ne se mesure pas avec les examens, des notes scolaires, des tests.
L'enfant ancien, celui qui s'adapte aux traditions, n'est pas aussi intelligent que l'enfant téflon, l'enfant nouveau qui a besoin de cadres neufs pour vivre.
L,'intelligence va de pair avec la conscience.
Nous forçons nos enfants à nous obéir afin qu'ils fassent ce que nous attendons d'eux pour pouvoir les déclarer normaux et intelligents.
Le problème c'est que nous nous considérons intelligents.
A partir de cette base, nous considérons que ce que nous faisons et pensons est intelligent.
C'est pourquoi nous tenons tant à ce que nos enfants soient plus ou moins comme nous.
Mais si l'intelligence ne se rapporte pas aux notes scolaires, si l'intelligence ne se rapporte pas à l'obéissance, si ce n'est pas la politesse, si ce n'est pas le respect, la compassion, la culpabilité, l'affection,,., si l'intelligence est autre chose que ce que nous avons cru et si nos enfants téflon sont intelligents, nous ne pouvons pas faire autrement que d'avoir des problèmes avec eux. Une grande majorité des enfants qui viennent au monde sont intelligents, bien que cette intelligence ne soit pas encore exprimée et développée chez eux.
Alors commence immédiatement le travail des adultes, l'éducation. A partir de livres de normalité, de ce que doit être le développement normal chez l'enfant, nous faisons tout ce qu'il faut pour qu'il cadre avec cette normalité.
Il doit être un bon enfant et nous devons paraître de bons parents.
Nous devons cesser d'anéantir l'intelligence qui se développe chez la majorité des enfants d'aujourd'hui, les enfants téflon, et cela au nom de l'éducation, de l'obéissance, de la paix, etc.


L'enfant différent dit non
L'enfant a vite appris à ne pas pleurer, à manger sans baver, à ne pas fouiller partout, à ne pas mettre tout en bouche, à ne pas tomber en bas des chaises ou des escaliers. Il était faible, petit, sans expérience. Il a vite été déformé. Il a mangé une nourriture qui lui donnait des nausées.
Il s'est vu interdire les desserts qu'il aimait.
Sa vie s'est limitée à ce que ses parents lui permettaient et lui interdisaient. Il se rend progressivement compte qu'il ne peut rien décider pour lui.
On le fait garder, on l'envoie à la maternelle, puis à l'école. On se débarrasse souvent de lui ainsi. Et là, on l'occupe, pas toujours avec ce qu'il veut. On l'instruit, alors qu'il n'a pas encore compris ce qu'il fait là, sur un banc d'école. On lui dit ce qu'il doit faire et ne pas faire. Pire, on le dispute quand il oublie ou qu'il n'obéit pas.
Bien sûr, lui ne sait pas encore ce qu'il veut, mais il sait déjà ce qu'il ne veut plus.
Tout ça ne semble avoir d'importance pour personne. On lui dit qu'il doit être normal comme tout le monde.
Quand il a des idées en accord avec les autres, on lui dit qu'il pense bien et lorsqu'il n'est pas d'accord, les problèmes commencent..
Plus il grandit, plus il se confronte à ce monde. S'il n'est pas trop intelligent, c'est-à-dire s'il ne prend pas trop conscience de ce qui lui arrive, il finit par se transformer. Il finit par faire siennes les idées des autres, de la masse. Il vivra de la même façon : les peurs, les angoisses, les jalousies, l'amour, etc. Mais s'il est différent, jusque dans son intelligence, il prend conscience de ce qui l'entoure et il dit non.


A la violence des adultes, l'enfant répond par la violence
L'adulte a tout un arsenal pour contrer le goût d'indépendance du jeune. Il y a les réprimandes, la culpabilité, les menaces, le chantage, la morale, la souffrance des parents, la souffrance physique... Et si tout ça échoue, il y a les psychologues, les psychiatres et les médicaments.
Lentement, à la violence des adultes, l'enfant, jeune ou adolescent, répond par la violence.
Elle prend différents visages.
Le suicide, les agressions physiques, la destruction gratuite des choses matérielles, etc,
Il y a, bien sûr, des moyens de fuir toute cette conscience, les mêmes moyens que ceux employés par les adultes : la boisson et la drogue.
Si tous les enfants téflon ne passent pas par un chemin de désolation, de destruction, de violence, la majorité n'y échappera pas. Pas à cause de leur nature, de leur façon de penser, non. Mais à cause de certains adultes, à cause de leur refus de voir du neuf dans la jeunesse et dans leur refus de laisser les choses changer.


L'enfant téflon semble seul, mais n'en souffre pas
Nous avons déjà défini l'enfant téflon comme élant celui qui ne peut s'adapter au cadre actuel, tel qu'il est. L'enfant téflon à, lui aussi, un seuil critique où il s'adapte ou se suicide.


L'enfant téflon
* semble seul, mais n'en souffre pas ;
* ne ressent jamais de culpabilité ;
* n'est surdoué que dans ce qu'il aime et il n'est pas possible de le motiver par des motifs d'ordre émotif ;
* est un très bon manipulateur et on peut difficilement le manipuler ;
* paraît souvent sans coeur ;
* peut être agressif, violent et il n'est pas raisonnable par les voies émotives ;
* a de la difficulté à voir un but ou une place pour lui dans l'avenir ;
* est porté à trouver des choses stupides et il ne peut s'empêcher de le faire savoir ;
* ne croit pas au changement et ne peut vivre dans la contradiction ;
* est hautement égoïste ;
* vit la maturation de son identification psychologique entre 3 et 9 ans.


L'enfant ancien
* s'ennuie facilement s'il est seul ;
* est facilement culpabilisé ;
* est de bon à mauvais à l'école et on peut le motiver par des raisons émotives ;
* peut être facilement manipulé, surtout par les voies émotives (peur, récompense, promesse );
* veut paraître gentil avec ceux qu'il aime ;
* ne pense pas à l'avenir et accepte facilement celui qu'on lui présente ;
* fait partie de la majorité silencieuse et ne peut protester que collectivement ;
* croit au changement et peut vivre dans la contradiction ;
* accepte l'idée qu'on doit faire plaisir aux autres, qu'on doit les aider et qu'on doit penser à eux ;
* vit sa maturation psychologique en même temps que sa puberté physique.


L'enfant téflon nous résiste
Si tous les enfants et les jeunes de notre société étaient obéissants et accomplissaient tout ce que nous leur demandons, tout serait plus facile.
Ils iraient bien à l'école, ils seraient polis, ils flatteraient notre ego, ils feraient le ménage de leur chambre, ils nous rendraient bien des services, etc.
Mais l'esclave parfait ne, doit pas être intelligent , sinon il se révolterait. L'enfant téflon est non seulement intelligent, mais il est puissant. Il a la force psychologique pour résister à l'adulte. L'éducation s'est presque toujours limitée à briser cette résistance . Mais plus un être humain, quel que soit son âge, est intelligent, plus il devient difficile à briser. Il devient incassable.


Il a besoin d'une raison de vivre
Pour pouvoir réellement vivre avec un enfant, et encore plus avec un enfant téflon, il faut toujours partir de son point de vue et non du nôtre. Mais qui a raison ? Moi ou toi ? Personne et tout le monde. L'enfant doit-il absolument s'intégrer à notre société ? Que lui réserve-t-elle de si bon pour que le jeune accepte de passer sa jeunesse à s'y préparer ? Quel est le plan écologique que nous réservons à la jeunesse pour l'avenir ? Quel est le plan du futur que nous avons prévu pour ces jeunes lorsqu'ils seront adulte  ? Quel est ce plan social ? Quel est notre but ? Il n'y en a pas. Nous n'avons pas, nous les adultes, de plan pour le futur. Nous n'avons rien a donner à ces jeunes qui naissent de plus en plus intelligents, de plus en plus vifs, de plus en plus conscientisables. Pour eux, nous sommes "graves". Nous voulons les forcer à s'intégrer dans un monde sans avenir déterminé, sans espoir clair. Je ne parle pas de ce genre de buts anciens comme : se marier, avoir des enfants, avoir un emploi stable, une maison, une reconnaissance sociale, etc. Les enfants téflon n'ont pas besoin de cela. Ils ont besoin de raisons intelligentes et non pas émotives pour accepter de participer à l'évolution sociale. Cette évolution sociale doit avoir un but... un but intelligent. L'enfant téflon a besoin d'une raison de vivre.


Devenir complice de l'enfant téflon
Notre société est divisée en deux parties : une partie qui refuse le changement et une autre qui le recherche. Dans notre petit coin, nous philosophons de temps en temps et nous arrivons à des points de vue qui ne concordent pas toujours avec ceux de la masse. Le problème, c'est que, chaque fois qu'une personne se retrouve avec cette masse, elle perd ses opinions et adopte les opinions collectives.
L'enfant téflon, seul ou en groupe, conserve ses opinions. La société, quoique pleine de possibilité, est encore très limitante, à cause des individus allergiques au changement. Nous nous sommes souvent révoltés dans notre jeunesse. Pas de grosses révoltes parce que nous n'avions pas la puissance psychologique de les faire, mais nous nous sommes révoltés quand même contre beaucoup de choses. Nous les trouvions inutiles stupides, injustes, etc. Pour devenir complice de l'enfant téflon, nous devons voir le monde de son point de vue. L'enfant téflon, qu'il parle ou qu'il se taise, a souvent raison. Le monde est difficile à aimer, la vie est souvent stupide et absurde. Il se révolte contre le système de la vie, de Dieu, de l'univers.
Il devient un révolté, un rebelle de la société. Nous devons devenir des rebelles à notre tour. Des alliés de l'enfant téflon. Nous devons l'aider à vivre sa rébellion et nous ne devons plus l'éduquer afin qu'il revienne dans le droit chemin parce que, bien souvent, c'est lui qui est dedans et pas nous. Pour beaucoup de parents et de professionnels, travailler avec un enfant téflon veut dire le "guérir" c'est-à-dire le ramener dans la normalité. Cela équivaut à le détruire. Il n'est pas malade, il n'est pas fou. Il a raison d'une raison différente de la nôtre. Bien sûr, nous avons aussi raison, d'une raison différente de la sienne et c'est justement pourquoi nous devons travailler ensemble et non plus les uns contre les autres. Si nous refusons le changement, il bouleversera quand même nos vies, mais d'une façon plus dérangeante.
Les enfants téflon sont les éléments par lesquels ce changement arrive.


Les différents enfants téflon
Nous devons nous rappeler que tous les enfants téflon ne le sont pas de la même façon.
Certains sont plus sans coeur que d'autres, i1 y en a qui ne sont téflon que par leur intelligence, tandis que d'autres causent des problèmes partout où ils vont. Certains sont affectueux, mais ne sont pas punissables. Il y en a qui sont gentils, adorables, et qui n'ont absolument pas le goût de poursuivre leurs études scolaires.
Un enfant téflon n'est pas un moule dans lequel tous les autres téflon sont passés. Un enfant peut avoir un seul des symptômes reliés à l’enfant téflon, il peut néanmoins être difficile de vivre avec lui. Un jeune peut aussi avoir plusieurs des symptômes téflon, mais parce qu'il a appris à s'ajuster, il ne sera pas un enfant à problèmes.


Le rôle des parents
*  Accepter l'enfant téflon comme étant une réalité faisant désormais partie de notre monde.
*  Accepter qu'il pense différemment et que ses priorités ne soient pas les nôtres, comme l'école.
*  Cesser de vouloir à tout prix qu'il devienne une projection de notre vie ( vouloir qu'il soit médecin, sportif professionne1, etc.)
*  Travailler avec lui pour comprendre la vie .
*  Cesser de le considérer malade et cesser de vouloir le guérir (c'est-à-dire de le rendre comme nous).
*  Cesser d'exiger de lui qu'il embarque dans notre bateau social et s'arranger plutôt pour qu'il le décide lui-même.
*  Le traiter comme un adulte du point de vue des lois et des droits familiaux.
*  Cesser de vouloir l'aimer à tout prix, il a plus besoin de respect que d'affection.
*  Nous respecter devant lui et le respecter également.
*  Lui tenir tête jusqu'au bout si nous avons des raisons intelligentes à lui opposer.
*  Lui apprendre le respect, sans confondre respect et obéissance.
* Lui donner des raisons intelligentes d'apprendre, d'aller à l'école et de nous aider à supporter la société et à l'améliorer.


Source : Revue L'Homme Libre N°169, 2001.

mercredi 29 août 2012

La violence de l'amour, Ces parents qui aiment trop leurs enfants


"LA VIOLENCE DE L'AMOUR" par Caroline Thompson aux Editions Hachette, septembre 2007


C’est aujourd’hui l’amour qui régit nos rapports intimes, à l’exclusion de tout autre principe. Ainsi dans le cadre de la famille, l’amour supplante autorité et loi. Désormais, on fonde le lien familial sur un sentiment par définition instable et fugitif. Qu’en est-il pour nos enfants ? L’amour qu’on leur porte échappe-t-il aux égarements du cœur et aux changements de température affective ? Voilà l’idée dominante du moment : on aimerait nos enfants pour toujours, d’un amour idéalisé. Cette relation prend alors une importance inédite et une nouvelle dépendance s’établit : non plus celle de l’enfant vis-à-vis du parent, liée à son immaturité, mais au contraire celle du parent vis-à-vis de l’enfant qui devient le pilier d’un rapport stable : le parent a besoin de son enfant. Faire de l’amour la seule fondation du lien n’est pas dépourvu de risque. Car l’amour est un sentiment ambivalent et violent. Cette violence s’exprime pourtant dans les attentes narcissiques envers nos enfants qui doivent être parfaits pour justifier tout ce qu’on leur sacrifie. Comment aimons-nous nos enfants ? Cet amour est-il aussi pur et désintéressé qu’on le prétend ? Pourquoi avons-nous tant de mal à faire preuve d’autorité et à punir quand c’est nécessaire ? Pourquoi avons-nous si peur de ne pas être aimés de nos enfants ? Mêlant sa pratique de psychanalyste et de thérapeute familiale à une réflexion historique sur l’évolution de la famille, l’auteur nous incite à réfléchir sur notre rôle de parents.

Fausse analyse : on n’en a pas fini avec la rétention administrative des enfants !


Comme François Hollande s’y était engagé durant la campagne, le ministre de l’intérieur a signé le 6 juillet une circulaire visant à restreindre le recours à la rétention administrative des familles - parents et enfants - trouvées en situation irrégulière en France.
Immédiatement la plupart des médias titre sur la fin la rétention des enfants étrangers en France.
Double erreur par excès de simplification.


Par Jean-Pierre Rosenczvieg président du Tribunal pour enfants de Bobigny


 D’abord s’agissant des enfants accompagnés de leurs parents, les mots ont un sens, le ministère de l’Intérieur n’interdit pas la rétention administrative qui se pratiquait jusqu’à peu à tour de bras, mais il tient à ce que cette pratique devienne exceptionnelle. L’assignation à résidence dans un hôtel ou un domicile privé devra être privilégiée. Il recommande même de privilégier les aides au retour, "avant même de prononcer l'assignation".
La rétention en centres de rétention administrative (CRA) sera spécialement réservée au cas où les parents déjà interpellés n’auraient pas respecté l’assignation à résidence ainsi qu’«en cas de fuite d’un ou plusieurs membres de la famille ou en cas de refus d’embarquement». Ainsi lorsque la famille «s’est volontairement soustraite à l’obligation de quitter le territoire français», elle sera, dès interpellation, mise en rétention.


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jeudi 26 juillet 2012

Pour des professeurs « auditeurs »

Récemment retraité, Frédéric Dumont, professeur de lettres, ayant occupé différentes fonctions, en France et à l'étranger, (dans l'enseignement, la formation des maîtres, les services de coopération culturelle), interroge la nature de l'institution à laquelle il a « appartenu ».



Par Frédéric Dumont

Il n'est jamais proposé aux professeurs de dresser le bilan de leur activité, d'être du coup évaluateurs et contrôleurs de l'institution qu'ils font vivre. Or cet état de fait explique en  partie le blocage de l'institution scolaire : les pouvoirs administratif et politique se privent de l'expertise de ces acteurs essentiels, et se risquent à définir sans eux des politiques qui seront forcément mal reçues et peut-être mal conçues... Sortir de cette impasse suppose qu'enfin les professeurs cessent d'être des pions, participent de la vie, donc de l'évolution de l'école en  proposant régulièrement une analyse critique de l'exercice de leur(s) mission(s), de façon à orienter les corrections ou réformes nécessaires. Ce bilan, pour être valable, devrait préserver la liberté de ceux qui le dressent : en clair, il ne s'agirait évidemment pas de remplir docilement des tableaux conçus ailleurs. Si tableaux il y a, qu'ils soient à la discrétion de ceux qui rédigent. Ce point est fondamental : il faut pouvoir, librement, proposer une réflexion sur tous les aspects qui constituent le métier de professeur. Et faisons confiance à ceux qui enseignent : ils savent que n'est lu avec attention que ce qui est écrit et organisé clairement. Rien, bien sûr, ne changera, si ne sont pas donnés des gages précis sur la prise en compte de cet audit professoral.

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Un rapport parlementaire dénonce la "souffrance ordinaire" des enseignants


Présenté le 20 juin, le rapport de la mission d'information sur le métier d'enseignant évoque la souffrance des enseignants. Il préconise une réforme de la masterisation et une refondation de l'école basée sur des valeurs démocratiques.


Par François Jarraud


L’épuisement professionnel et les problèmes de santé graves d’une partie des enseignants sont des symptômes d’une crise du travail enseignant... La souffrance individuelle au travail doit être interprétée plus profondément comme une manifestation d’une déstabilisation structurelle et collective du métier. A côté de situations extrêmes caractérisées et prises en charge par la médecine, il convient d’aborder, sans complaisance et objectivement, ce que Françoise Lantheaume (Université Lyon II) a appelé « la souffrance ordinaire » des enseignants". Cette formule, Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice communiste, rapporteure de la Mission d'information sur le métier d'enseignant, la prend pleinement à son compte. 


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mercredi 13 juin 2012

Il s’agit de réfléchir au fait qu’élever un enfant 
ne suffit pas à l’inscrire dans une parenté


Par Jean-Pierre Winter, Psychanalyste

 
J’aimerais être convaincu que la promesse de François Hollande est le fruit d’une réflexion approfondie et qu’il ne s’agit pas d’une simple adaptation à l’air du temps ! J’aurais aimé que François Hollande tienne compte des débats qui ont eu lieu lors de la révision des lois de bioéthique. Quelques arguments ont été alors avancés qui n’étaient pas seulement inspirés par une morale caduque ou des dogmes religieux. Cela étant, son embarras sur ces questions se trahit dans sa prise de position – que je partage – contre la grossesse pour autrui, qui aurait pour conséquence une inégalité de fait entre les couples lesbiens et les couples d’hommes !
Encore une fois, nul ne doute des capacités pédagogiques et de l’amour que des homosexuels sont à même de mettre au service d’enfants dont ils auraient la charge, ni ne prétend que les familles dites « traditionnelles » seraient a priori plus compétentes pour éduquer des enfants. Mais il s’agit de réfléchir au fait qu’élever un enfant ne suffit pas à l’inscrire dans une parenté. L’enjeu est celui des lois de la filiation pour tous.


Une femme née d'un don de sperme anonyme réclame l'accès à ses origines

par AFP


Une femme de 32 ans née d'un don de sperme anonyme a demandé au tribunal administratif de Montreuil (93), jeudi 31 mai, de pouvoir accéder à des informations sur ses origines, que l'administration hospitalière refuse de lui transmettre.
Selon son avocat, Me Rémi Duverneuil, cette démarche est une première en France et pourrait avoir des répercussions pour "l'ensemble des personnes concernées". Des membres de l'association Procréation médicalement anonyme (PMA), qui milite pour la levée de l'anonymat pour les dons de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes), étaient d'ailleurs présents à l'audience.

INSÉMINATION ARTIFICIELLE
La requérante, avocate au barreau de Lyon, et qui ne souhaite pas que son nom soit rendu public, a découvert en 2009 qu'elle avait été conçue par insémination artificielle avec sperme de donneur (IAD), dans un centre d'études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos). Elle avait alors saisi l'administration pour recueillir des informations non identifiantes sur son père biologique - âge, description, motivation du don...
Elle souhaitait savoir si son frère, également né par IAD, était issu du même donneur. Mais aussi que le donneur soit contacté et, en cas d'accord de sa part, que son identité lui soit communiquée.

"DROITS DE L'ENFANT"
"S'il existe un droit à l'enfant, il existe aussi des droits de l'enfant", a souligné lors de l'audience Me Rémi Duverneuil, estimant que l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), sur le "respect de la vie privée et familiale", reconnaissait un droit à l'accès aux origines.
Une analyse contestée par la rapporteure publique, Irline Billandon qui a demandé au tribunal de rejeter la requête de la jeune femme. "C'est à bon droit que l'administration a rejeté ses demandes", a-t-elle assuré, jugeant la législation française, qui garantit l'anonymat, conforme à la CEDH.
L'ancienne ministre de la santé Roselyne Bachelot avait proposé en 2010 une levée partielle de cet anonymat. Mais cette proposition avait été rejetée par les députés et sénateurs lors de l'examen, au printemps 2011, du projet de révision des lois de bioéthiques. 

Le Monde.fr du 31.05.2012

La démocratie en Suisse

Voglio fare il Cittadino – Je veux devenir un citoyen

 

par Marianne Wüthrich

 

«Non dimenticarlo mai e ricordalo anche ai tuoi compagni che conoscere a fondo il COMUNE in cui si vive significa conoscere parallelamente tutto il funzionamento della nostra democrazia.»
«Ne l’oublie jamais et rappelle-le à tes amis: Apprendre à connaître la commune dans laquelle nous vivons, signifie en même temps apprendre à connaître l’organisation entière de notre démocratie.» 

«Voglio fare il Cittadino» est beaucoup plus qu’un manuel d’instruction civique. Cet ouvrage précieux instruit sur les fondements de la démocratie directe qui ne touche pas seulement la raison mais aussi le cœur. Il veut transmettre aux jeunes gens le système vivant de la démocratie directe à l’exemple d’une commune tessinoise jusque dans ses moindres détails afin qu’ils soient capables de remplir leur fonction de citoyen dans la commune, le canton et la Confédération. Il veut nous rappeler à nous Suisses de tout âge à quelle démocratie hors pair il nous est permis de prendre part : Une démocratie qui vit seulement du fait que les citoyens as­sument leurs droits et leurs devoirs politiques et contribuent à une vie communautaire digne. 

«Voglio fare il Cittadino» facilitera l’accès aussi à nos amis d’autres pays quant à la compréhension de la démocratie directe. Car c’est dans chaque commune, plus petite communauté de l’Etat, que l’édification de la démocratie directe commence.

jeudi 24 mai 2012

« Celui qui est maître en éducation peut changer la face du monde. » (Gottfried Wilhelm Liebniz, philosophe, 1646-1717)

mercredi 23 mai 2012

L'usage des tablettes chez l'enfant fait débat

 

De plus en plus fréquent, l'usage des tablettes chez l'enfant fait débat


 Par AFP

 

George, 22 mois, est assis sur une petite chaise bleue, face à un bureau pour enfant. Il a entre ses mains un jeu pour les grands - un iPad. Une situation de plus en plus fréquente qui divisent parents et pédiatres. Penché sur la tablette, l'enfant appuie sur les icônes de "La boîte à Meuh", une application qui produit des sons de vaches, de canards et de chiens. 
Pour sa mère, Aurélie Mercier, 32 ans, les applications iPad ont l'avantage de repousser les limites du monde de son fils : "c'est une fenêtre ouverte sur des milliers de choses que nous n'avons pas à la maison, condensées dans ce si petit objet". 
Le nombre d'applications pour bébés et enfants en bas-âge explose, selon Heather Leister, qui teste ces programmes sur le site américain theiphonemom.com depuis 2009. 
Mais psychologues et parents sont divisés sur l'opportunité de mettre des smartphones et des tablettes entre de si petites mains, quand on sait combien les premières années sont cruciales dans le développement d'un enfant.

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vendredi 4 mai 2012

Ce qui importe dans l’éducation

Le comportement vis-à-vis des besoins des enfants


Par  Anita Schächter

Le plus grand souci des parents est le souci que l’enfant trouve son chemin dans la vie. C’est une satisfaction pour les parents de voir que leur enfant trouve des amis, ait du plaisir à aller à l’école, ait de l’empathie pour les autres, soit prêt à aider, sache se comporter de façon adéquate avec ses émotions et ses échecs. Bref qu’il ait de la compétence émotionnelle. Comment introduire mon enfant dans la vie afin qu’il sache prendre sa place dans la vie.

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Des pistes pour améliorer les compétences en lecture des élèves

La dernière enquête pancanadienne sur les compétences en lecture des élèves du secondaire dresse un portrait peu flatteur des élèves québécois par comparaison avec leurs pairs de l'Ontario, de l'Alberta ou de la Colombie-Britannique. Olivier Dezutter, professeur titulaire, vice-doyen à la recherche à la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke et les membres du Collectif de recherche sur la continuité des apprentissages en lecture et en écriture ont publié leur analyse dans La Tribune du 1er mars 2012.



Profitant de la diffusion de ces résultats accablants, la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport a annoncé un certain nombre de mesures visant à rectifier le tir en matière d'enseignement de la lecture, répondant ainsi en partie à des revendications portées depuis quelque temps par les instances syndicales.

Les mesures annoncées concernent la révision des orientations du programme du préscolaire et du primaire pour les premiers apprentissages, l'ajout d'une épreuve d'évaluation à la fin du deuxième cycle du primaire ainsi qu'un engagement à débloquer des fonds non négligeables pour des recherches relatives à la question de l'acquisition de la lecture.

En tant que personnes engagées dans la recherche sur l'enseignement et l'apprentissage de la lecture et de l'écriture aux différents paliers de la scolarité, nous souhaitons profiter de ce nouveau coup de projecteur sur l'importance des compétences en lecture pour souligner un certain nombre de conditions à prendre en compte en vue d'assurer le meilleur développement des compétences en lecture de tous les élèves au sein de notre société en perpétuelle mutation.

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vendredi 20 avril 2012

La maltraitance dans l’enfance laisse des traces génétiques

Des Genevois montrent que les traumatismes infantiles peuvent être à l’origine des troubles psychiatriques chez l’adulte


Un traumatisme psychologique dans l’enfance peut laisser une cicatrice génétique chez l’adulte. C’est ce qu’ont découvert une équipe de chercheurs genevois en examinant l’ADN d’adultes souffrants de troubles psychiatriques. Le groupe de recherche du professeur Alain Malafosse, du Département de psychiatrie de l’UNIGE, en collaboration avec le Département de génétique et de développement, a ainsi démontré que l’association entre maltraitance infantile et certaines pathologies adultes résultait d’une modification des mécanismes de régulation des gènes. Leurs travaux sont publiés dans la revue Transnational Psychiatrie.

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dimanche 15 avril 2012

«L'hypersexualisation» des enfants dans le collimateur

Chantal Jouanno vient de rendre son rapport sur ce phénomène peu connu en France, mais dont l'ampleur devient selon elle inquiétante. De quoi justifier l'interdiction des concours de mini-miss ou une action plus vigoureuse contre les acteurs du prêt-à-porter.


Par Sylvain Mouillard

Tout est parti de la parution dans le magazine Vogue français de photos d'une enfant de 10 ans dans des poses suggestives. C'était en 2010. Le point de départ d'une réflexion sur «l'hypersexualisation» des jeunes enfants, et qui a abouti à la remise d'un rapport sur le sujet ce lundi. Chargée de sa rédaction, la sénatrice UMP Chantal Jouanno reconnaît que le phénomène «n'a pas encore massivement touché nos enfants». Mais l'ancienne ministre des Sports dénonce pourtant un «phénomène de plus en plus présent», qui «participe au développement des pratiques à risques», notamment l'anorexie prépubère, et qui «véhicule le stéréotype de la femme/fille passive».  «A l'extrême, l'intrusion précoce de la sexualité entraîne des dégâts psychologiques irréversibles dans 80% des cas», s'alarme le rapport. Autant de raisons qui justifient, selon Chantal Jouanno, l'action des pouvoirs publics.


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samedi 24 mars 2012

L'existence a-t-elle un sens ?

Une nouvelle approche, à la fois scientifique et philosophique, de cette énigme...


Par  Jean Staune

A travers les découvertes de la micro-physique du milieu du siècle dernier, la science a changé de paradigme. Chaque fois qu’un tel changement s’est opéré dans l’histoire de la civilisation, un bond en avant s’est concrétisé dans un changement dans les mentalités et dans la façon de vivre l’existence. Les découvertes de la mécanique quantique n’ont pas encore trouvé un tel écho alors qu’elles devraient être intégrées dans l’enseignement. Jean STAUNE explique la remise en cause fondamentale que la science actuelle implique dans notre vision du monde et de la réalité.

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mercredi 22 février 2012

L’instauration d’un nouvel ordre moral sur l’éducation des jeunes


Par  Nathalie Bulle

En retraçant le grand mouvement réalisé par les transformations du collège depuis son unification, je propose de montrer que ces transformations suivent une voie invisible, bien plus sûrement et implacablement qu'elles ne servent les objectifs définis ouvertement. Les transformations du collège en question n'ont en effet pour finalité première, ni la société, ni la démocratie, ni les élèves en difficulté, mais l'instauration d'un nouvel ordre moral sur l'éducation des jeunes. Contrairement aux apparences, cet ordre moral ne s'intéresse pas aux individus, il oppose en réalité à un niveau profond les développements individuels à la société. Plus précisément, la société et les rapports sociaux deviennent, à travers lui, la vérité même de l'individu. Les rapports sociaux prennent la place même antérieurement occupée par l'idée d'universel et de transcendant. Les transformations du collège participent ainsi d'une redéfinition du sens profond prêté à l'expérience humaine.

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Le drame des enfants soldats

Ils combattent comme des soldats et meurent comme des enfants. Pourquoi les enfants soldats doivent-ils figurer à l'agenda de sécurité ?

On estime que, ces dix dernières années, deux millions d'enfants ont perdu la vie dans des conflits, six millions ont été grièvement blessés ou handicapés à vie et plus de vingt millions ont été déplacés, au sein même de leur pays ou vers l'étranger, à cause d'une guerre. De plus, parce qu'ils ont été chassés de chez eux, des millions d'enfants ont été victimes de violences sexuelles, ont souffert de traumatismes psychologiques graves, de malnutrition ou de maladies, pour ne citer que quelques exemples. A cause des conflits qui touchent leurs pays, les enfants sont privés de leurs systèmes de soutien, ce qui accroît ces problèmes. Aujourd'hui, nous apprenons que ces problèmes sont accrus par de nombreux facteurs, comme les recrutements forcés par des groupes de rebelles et par des forces armées.
Certains enfants sont utilisés par des commandants pour combattre sur les lignes de front, tandis que d'autres sont utilisés pour assurer des fonctions de soutien.

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Angleterre : Comment la marchandisation de l'Ecole devient réalité

Le gouvernement britannique vient de faire sauter une digue qui protégeait l'Ecole des grands groupes privés. Le 28 janvier, affirme le Guardian, il a annoncé que les free schools , ces nouvelles écoles publiques confiées à la gestion privée, pourraient être gérées pour faire du profit. Aussitôt de grands groupes éducatifs ont commencé à communiquer en bourse sur leurs objectifs financiers en Angleterre.

Quand Michael Glove, le ministre de l'éducation, est arrivé au pouvoir , le gouvernement travailliste avait déjà créé 200 "academies", des écoles nouvelles échappant aux autorités éducatives locales gérées par le privé. En une année scolaire, le nombre a explosé : aujourd'hui la moitié des établissements secondaires est gérée par le privé.

De grands groupes internationaux commencent à prendre la place des fondations. Ainsi Breckland Middle School dans le Suffolk vient d'être donné à IES pour un contrat de 21 millions par an. IES est une netreprise suédoise qui gère déjà 19 écoles et dégage 5 millions de £ de profit. Un autre suédois, Kunkskapsskolan, annonce son intention de 5 à 7% de marge en Angleterre. Les américains Edison Learning et Wey Education sont aussi en train de s'implanter.Edison vise 250 000 élèves en 5 ans et 10 millions de bénéfice. Wey Education estime dans un document financier que "la déconstruction du système éducatif offre un fort potentiel pour un important retour sur investissement pour les investisseurs"...

café pédagogique du 2 février 2012

Article du Guardian

lundi 16 janvier 2012

« On aurait des enfants tout élevés, si les parents étaient élevés eux-mêmes. » (Voltaire, écrivain français, 1694-1778)

La petite fille aux deux doudous

La théorie du genre qui revendique le droit de changer de sexe à volonté est au goût du jour. On la retrouve à la Une de l’information à sensations jusqu’aux manuels scolaires du lycée. Dans la foulée, on cherche à instituer le mariage homosexuel et à promouvoir l’homoparentalité.

De son côté, l’enfant, réduit à un simple objet de désir, n’a plus le droit d'être élevé par un père et une mère. Les deux rôles complémentaires de l’homme et de la femme, relégués à des temps reculés, ne sont plus considérés comme essentiels pour l’aider à construire son individualité. Dans notre recherche effrénée de plaisirs, notre désir de toute puissance, notre égoïsme exacerbé et notre aveuglement, nous ne percevons pas le trouble et le déséquilibre que nous engendrons ainsi chez l’enfant et, par voie de conséquence, dans la société.

J’ai eu l’occasion d’accueillir dans ma classe de maternelle la fille d’un couple de lesbiennes et de partager tout au long de l’année scolaire les prises de conscience de sa mère. Je vous livre ici cette histoire qui parle d'elle-même, mieux que toute théorie ou a priori idéologique.

Après avoir constaté sur la fiche de renseignement que les noms des représentants légaux de l’enfant, que je nommerai A., étaient deux noms de femmes, j’ai demandé à rencontrer celle qui accompagnait la fillette pour qu’elle m’expose la situation réelle de l’enfant, ainsi que son rôle et celui de sa compagne.

Avec un grand naturel, la mère biologique –celle qui avait porté l’enfant- me parla de son couple homosexuel, de leur désir commun d’avoir un enfant, de leur décision que l’une d’elle se fasse inséminer artificiellement à l’étranger avec donneur anonyme, et de sa volonté à elle de donner à l’autre le rôle du second conjoint. Donner à l’enfant deux mères à part entière leur semblait tout à fait possible.

A. avait deux ans et demi et, dans le contexte de la classe, j’eus tout le loisir de suivre son évolution parmi ses camarades. Pendant les premières semaines, je n’ai vu A. qu’emmurée en elle-même, n’établissant de contact avec personne, ne communiquant qu’avec deux doudous identiques dont elle était inséparable. L’amener à respecter la vie collective et à s’y intégrer fut une véritable gageure et je ne pus l’atteindre que par la médiation de ses deux doudous.

La première chose qu’elle me communiqua fut le nom du premier doudou : « mon chéri ». C’est en m’adressant à « mon chéri » que je pouvais lui transmettre ce que j’attendais d’elle. Elle refusait tout le reste. Deux doudous identiques, « mon chéri », un isolement psychologique notoire, pas besoin d’être fin psychologue pour voir et sentir le trouble de l'enfant et sa difficulté à construire sa personnalité.

Comme il se doit, j'ai informé la mère du comportement de sa fille à l’école. Elle y fut attentive, visiblement agacée par ces deux doudous derrière lesquels se cachait sa fille. Petit à petit, à travers le lien de confiance qui s’instaurait avec la mère, j’ai établi un contact avec A. qui commença à prendre sa place dans le collectif. Un jour que nous parlions avec tous les enfants des mamans et des papas, A. prit la parole et dit tout à trac : « Moi, je n’ai pas de papa. »

Afin de ne pas créer de distorsion avec ce qui était vécu à la maison et pour m’enquérir de la façon dont on lui avait présenté sa parenté, je transmis le propos de l’enfant à sa mère. D’une manière surprenante, cette dernière eut une réaction totalement incontrôlée : une brusque colère l’envahit aux mots de sa fille : « Je n’ai pas de papa » ; elle s’agenouilla devant l’enfant sans prendre garde aux allers et venues des autres parents à cette heure de sortie et se mit à l’invectiver avec une agressivité et un désespoir que je ne lui avais jamais connus :
- Tu n’as pas de papa… mais tu as ? Tu as ?… Tu as ?...
La gamine ne comprenait rien, elle restait muette.
- Eh ! bien, combien de fois on te l’a dit ?!... Tu as deux mamans !
Un conflit profond, intime, se révélait au grand jour. Tout n’était pas aussi évident que cela en avait l’air. Il fallait contraindre l’enfant pour que rien n’y paraisse. A partir de là, la mère tira par étapes les conclusions qui s’imposaient. Tout un processus de prise de conscience se déclencha en elle pour aboutir finalement à une profonde remise en question.

Foncièrement sincère et soucieuse du bien-être de son enfant, elle démina progressivement le terrain. Elle avait tout fait pour que sa compagne prenne en charge la moitié de la responsabilité sur l’enfant, elle s’était effacée au maximum, mais l’autre n’était pas arrivée à prendre cette place. Avec une grande honnêteté intellectuelle, elle constata que cela était tout simplement impossible. Puis, elle reconnut qu’un être naît de la fusion d’un gamète mâle et d’un gamète femelle et que par conséquent le père biologique –même s’il restait inconnu- existait bel et bien. Elle admit qu’en reniant la complémentarité psychologique entre l’homme et la femme, en amalgamant les rôles de père et de mère, on fausse la cohérence de la première cellule sociale que représente la famille.

Pendant tout ce temps, l’enfant allait de mieux en mieux comme tous les enfants dont on prend en compte les problèmes et qui sentent intuitivement que l’on travaille à leur résolution.

Dans le couple, par contre, cela allait mal depuis un moment et la situation se dégradait. La décision d’une séparation fut prise. La deuxième compagne, prise de panique, déposa une requête devant les tribunaux pour obtenir la garde de l’enfant… Des déchirements et des conflits pires que dans les plus douloureux divorces éclatèrent. La mère biologique y vit la confirmation évidente qu’on n’est pas « mère » simplement parce qu’on le décrète. Une mère ne peut pas vouloir arracher l’enfant à son contexte naturel et prendre des décisions qui lui nuiraient. La mère biologique quitta définitivement le domicile avec l’enfant, prête à refaire sa vie sur de nouvelles bases. L’année suivante, je reçus leur visite. A. s’était beaucoup épanouie et équilibrée, elle avait laissé ses doudous.

La question se pose de savoir pourquoi l’on cherche à forcer l’instauration d’une nouvelle norme en matière familiale. Pourquoi d’une vérité individuelle singulière –l’existence de l’homosexualité et du désir de transsexualité- veut-on faire une vérité universelle hors de laquelle l’hétérosexualité serait devenue une tare et les familles naturelles montrées du doigt ? Le mal n’est pas dans les phénomènes mais bien dans la façon de les imposer à tous sournoisement. Laisser libre –en matière de sexualité- est-il devenu obsolète ? Sous le prétexte de non-discrimination, non seulement on ne respecte plus les différences, on nie la réalité, mais encore on impose l’uniformisation du genre humain en promouvant l’homosexualité et la transsexualité. On ne marie plus l’homme et la femme en encourageant l’harmonie dans le couple, on crée des luttes de pouvoir entre les sexes que l’on cherche ensuite à exploiter.

Une institutrice

Alexandrins...

par Sylvain Grandserre :

Comment Candide, rencontrant son ancien maître,
découvrit notre système scolaire
et ce qui advint de son optimisme…

J’ai eu peur mon cher Maître, de vous avoir perdu,
Après toutes ces années, qu’êtes-vous donc devenu ?

Je dirige, Candide tout un système scolaire
Le plus grand, le plus beau de notre système solaire !
Lis donc ces documents et vois notre talent
Pour prendre des mesures en à peine cinq ans.

(Deux heures plus tard)

Ayant lu avec toute l’attention qui se doit
J’avoue ne pas comprendre certains de vos exploits.
Pourquoi vous refusez l’accès en maternelle
A des petits auxquels ça eut donné des ailes ?

Me crois-tu devenu soudain irresponsable
Pour les avoir privés de leurs jolis cartables ?
Je t’assure qu’ils sont plus heureux chez leur nourrice
qu’entassés et pleurant dans une classe à 36 !

M'en direz-vous autant pour tous ces lycéens
Dont les parents soucieux s’inquiètent au plus haut point ?
Où est donc l’intérêt, puisqu'on les ratatine,
D’appliquer un rangement réservé aux sardines ?

Tu penses comme au passé ignorant désormais
Que nous ne craignons plus les cohortes élevées.
Nos parcours aujourd'hui sont « personnalisés »
J'ai une formule magique : « individualisez » !
Ne nous abaissons plus à penser quantité,
Quand nous avons pour guide la noble qualité !

Ça ne doit pas être aisé pour vos jeunes professeurs,
Surtout quand ils ne voient plus un seul formateur.
Pourtant les étudiants se plaignaient à raison
Même en IUFM d'un manque de formation.

Lancés dans le grand bain des pires situations
Nous verrons mieux ainsi tous ceux qui surnageront.
Crois-tu qu’en formation différence il y a
Qu’on la reçoive par l’État ou sur le tas ?

Pourquoi avoir supprimé la classe du samedi ?
La semaine de 4 jours recueille bien des lazzi.

Car avant de devoir se retrousser les manches
Chacun souffle en famille puis… boulot le dimanche !

Vous avez imposé l’aide personnalisée
Aux élèves les plus faibles, ceux en difficulté.
Matin, midi ou soir, on frôle l'overdose,
Quand les autres enfants jouent ou bien se reposent…

Encore une belle idée que j'assume pleinement :
Aux élèves les plus faibles d'être les plus résistants !

Mais comment justifier ce qui semble être un drame,
Avoir encore une fois modifié les programmes ?

Si nous avions voulu vraiment les appliquer
Il aurait trop fallu de choses chambouler.
Les programmes – qu’ils soient scolaires ou politiques -
Sont écrits pour rassurer l’opinion publique !

De toutes les nations de notre continent
Vous affichez le pire des taux d'encadrement !

Je respecte le Grenelle de l’environnement !
Les élèves entassés se chauffent mutuellement.
Et le bilan carbone pendant mon ministère,
Restera dans l'histoire comme étant exemplaire !

Vous manquez tout de même souvent de professeurs
Et c'est bien Pôle emploi qui joue les recruteurs.
Comment expliquez-vous de devoir appeler
De simples étudiants et même des retraités ?

Ainsi les étudiants entrent dans la vie active,
Et nos vieux sortent enfin d'une vie trop passive !

Vous deviez diviser par trois l’échec scolaire.
Or, c’est bien des RASED qu’il ne reste qu'un tiers.

Isolés, démunis face à l'échec scolaire,
Les profs progresseront pour se tirer d'affaire !

Et pendant les vacances, au lieu d'être à la mer,
Ces stages pour les enfants en échec scolaire ?

Une remise à niveau...mais du pouvoir d’achat
Pour nos chers enseignants au salaire raplapla !

Oui, vos professeurs sont très mal rémunérés,
Est-ce trop demander que de les augmenter ?

En maintenant si basses leurs rémunérations,
Ils connaissent bien la vie de la population.
Ils ressentent mieux ainsi chaque difficulté,
Tout comme quand un médecin est déjà enrhumé !

C'est fini la retraite à cinquante-cinq ans
Il faudra patienter encore près de dix ans ?

Il faut gérer ensemble des problèmes similaires,
Qu’on ait l’âge d’un enfant ou celui de grand-mère
Car dans chacun des cas au final il ne reste
Que deux priorités : les couches et puis la sieste ! (rires)

Maître, vous me troublez, votre humour est cynique
Et fausse ma vision du devoir étatique.
Je compte encore sur vous, apportez vos lumières :
D'où vient la suppression de la carte scolaire ?

Si tu vois dans quel état de délabrement
Sont restés certains de nos établissements,
Tu comprendrais alors que nous encouragions
Les meilleurs à tenter cette forme d’évasion !

Je reconnais mon maître qui a réponse à tout.
Mais j’aimerais poser mes questions jusqu’au bout.
Pourquoi diable évaluer des élèves en janvier
Sur des notions qu’ils n’ont pas encore étudiées ?
Et cette notation que vous appelez binaire,
Je la juge franchement on ne peut plus sévère !

Tu ne mesures pas leur chance en vérité
De découvrir la suite en exclusivité !
Quant à la correction voulue au ministère
Elle vient récompenser les meilleurs du primaire.
Enfin grâce à nos primes de quatre cents euros
chacun a su faire une bonne tête aux totaux !

Vous avez la dent dure et des termes vengeurs
Quand vous vous en prenez aux désobéisseurs.
Vous faites réellement preuve de méchanceté
En affirmant qu’ils se sont trompés de métier !

Tu n' sais pas tout Candide. Avant la politique,
J’apportais mes services au monde des cosmétiques.
Ensuite j'ai présidé aux destins du tourisme !
J'ai donc, comparé à ces barbus gauchistes,
Une grande expérience du changement de métier
Que j'aimerais à mon tour les amener à goûter !

Et pour les jours de grève, vous imposez en somme
A toutes les communes le service minimum ?

A ma grande surprise, quand il y a des grèves
Les gens s’en aperçoivent, et vois-tu, ça m'énerve !
Le service minimum va les rendre invisibles
Et même pour tout te dire, en partie inutiles.
En évitant aux profs d'aller manifester,
C'est leur pouvoir d'achat que je veux préserver !

Tout de même, je sursaute, quelque chose m'affole,
Vous réintroduisez la morale à l’école ?

Ah... l’argent fait régner partout la corruption,
Tu serais effrayé du nombre de biftons !
En ayant pour bagages la morale à leur guise,
Nos élèves seront moins tentés par les valises !

Mais comment justifier qu'il y ait moins d'EVS
Pour tant d’handicapés qui sombrent dans la détresse ?

C’est que nous avons fait le difficile pari
De développer chez eux toute leur autonomie !

Sans vouloir abuser, vous voulez de l'anglais,
Dans les classes maternelles tout au long de l'année.
Or je lis, étonné, dans le même moment
Que vous faites la chasse à vos intervenants !

Tous nos maîtres d'école, miraculeusement
Ont eu, non sans surprise, soudain leur agrément !
Avec moins d'assistants, ça devait être pire,
Or nos instituteurs parlent la langue de Shakespeare !

Si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
Pourquoi toutes ces banderoles sur les façades qui grondent ?

Nous voulions que les maîtres, en art soient bien à l'aise
Pour garder l'exception culturelle française !

Je dois prendre congés e vous fais confident.
En secret Cunégonde porte caché notre enfant.
Dites-moi juste le nom du pays si brillant
Où l'on vous a laissé exercer vos talents.

Je t'invite à y vivre, malgré ton ignorance !
Réfléchis grand dadais, ce pays c’est la France !

Merci pour ce conseil, je saurai l’éviter,
Et j’emmène Cunégonde en Finlande accoucher !