mardi 15 octobre 2019

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (25)

Par Amélie (maman de A., 5 ans)

A. a découvert la Leçon du Professeur Hibou* lors de son entrée en grande section. Il venait d’une autre école, d’un autre pays avec un système très différent et a dû dans un premier temps s’adapter et assimiler beaucoup de règles et de nouvelles impressions à l’école, mais aussi à la maison.
Cela explique en partie, je pense, qu’il n’ait pas manifesté un intérêt immédiat pour la leçon. Il refusait même d’en parler à la maison lorsque je le questionnais à ce sujet. C’était une chose nouvelle de plus.
Puis un jour, il est rentré de l’école avec le livre, sourire aux lèvres, fier de nous faire partager l’histoire. Le livre est un peu devenu son livre de chevet avant les vacances de la Toussaint.
Sa sœur aînée était de prime abord plutôt moqueuse et pas du tout réceptive, ce qui le contrariait beaucoup. Son petit frère, quant à lui, est trop petit pour y accorder de l’attention. L’enthousiasme est un peu retombé au cours de l’automne avant de reprendre de plus bel.
A.l se retire dans sa chambre parfois afin d’écouter son cœur, ou pour se calmer, lorsqu’il se sent dépassé par ses émotions.
Après la réunion à l’école, nous avons installé un petit fauteuil vert, au-dessus duquel nous avons accroché la leçon de Professeur Hibou. A. s’y assoit de temps en temps et s’y ressource.
En ce qui le concerne, les petits exercices de respiration et le fait de fermer les yeux lui suffisent pour se recentrer sur lui-même. Sa sœur préfère se retirer dans sa chambre car elle n’aime pas qu’on la regarde écouter son cœur.
A. temporise souvent les situations tendues dans la fratrie. Il respire, écoute son cœur et va généralement accepter de céder en cas de conflit, sans en éprouver de difficulté. Ça le rend bien souvent plus heureux de faire plaisir à son frère ou à sa sœur que de s’opposer et de se disputer.
Ça ne fonctionne pas forcément quand il est trop fatigué, mais même là, il sait reconnaître qu’il est fatigué et qu’il n’a plus autant de patience. A. a manifesté un enthousiasme tout particulier à réaliser la boîte à histoire(1). Il avait une idée bien précise de ce qu’il voulait pour coller au plus près de l’histoire, avec de minutieux détails. Sa sœur a également participé à l’élaboration avec entrain. La boîte est dans la cuisine et A. l’admire et joue avec par moment ou nous raconte l’histoire. Il a été très fier de l’apporter à l’école pour la montrer, mais a voulu très vite la remporter avec lui à la maison.
Pour conclure, je dirais que le message délivré par l’histoire de Professeur Hibou a eu un impact positif sur le comportement d’A. et lui a indiqué comment trouver la juste voie dans la plupart des cas. Il s’en trouve plus épanoui.

(1) Mini théâtre fait dans une boîte à chaussures


 * "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

mardi 1 octobre 2019

«  Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, 
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, 
Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, Alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie.  »  ( Platon, philosophe grec, 428 av. J.-C. / 348 av. J.-C.)

Le sensible et l'intelligible dans l'éducation

la recherche de la troisième voie


Par Diane Combes

Les récentes Assises de la maternelle qui se sont déroulées à Paris, les 27 et 28 mars derniers, témoignent de la volonté de renouveler l’approche de l’éducation et par conséquent de la société, en changeant notre regard sur la période fondatrice du développement des enfants entre 3 et 6 ans.

Au nom de la lutte contre la difficulté scolaire, se créent de nouveaux liens entre des notions jusque-là complètement séparées. Ainsi, la corrélation est maintenant établie entre l’épanouissement de l’enfant et les apprentissages fondamentaux, entre la qualité relationnelle et la qualité intellectuelle, entre l’affectif et le cognitif.

Le choix du neuropsychiatre, Boris Cyrulnik(1), pour organiser ces premières Assises de la maternelle, témoigne de cette volonté d’effacer les anciens clivages entre les différentes approches. Ouvrir une troisième voie en éducation, trouver l’équilibre entre le sensible et l’intelligible, telle a été la motivation du Président de la République, Emmanuel Macron, en introduisant ces rencontres. Celui-ci n’a pas caché son plaisir d’entrer dans « la matière humaine » et de décliner, une fois de plus, « et en même temps ! ».

Depuis quelque temps déjà, la conception du but du système scolaire s’élargit discrètement. Pour l’actuel ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, l’école doit apprendre à lire, écrire, compter et respecter autrui. Ses premiers mots aux Assises furent pour citer Marie Carpentier(2), l’une des principales fondatrices de l’école maternelle française : « Aimer par-dessus tout. » Beau programme… ! De son côté, Emmanuel Macron a parlé du rôle essentiel de l’école sur le plan de « l’éveil de l’esprit » [...]


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Mael Virat : Faut-il aimer ses élèves ?

Aimer ses élèves ? Le mot fait sursauter voire indigne. C'est pourtant celui qu'utilise Mael Virat, chercheur en psychologie à l'ENPJJ (Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse). Dans un nouveau livre (Quand les profs aiment les élèves, Odile Jacob) il démontre, études à l'appui, que l'implication affective des professeurs ne nuit pas aux apprentissages des élèves. Cet amour, dont il définit les contours, bien au contraire, a des effets positifs. Par ce livre, Mael Virat veut lever un tabou dans un système éducatif qui veut instruire plus qu'éduquer et où les relations personnelles sont encore très mal considérées. Il explique ses thèses dans cet entretien.


Par Le café pédagogique

On sait que noter généreusement en maths a des effets positifs sur les progrès des élèves. Mais peut-on vraiment assurer que les relations affectives entre enseignant et élèves ont des effets positifs prouvés sur les apprentissages ?


Dans mon livre je produis de nombreux éléments qui montrent un lien indéniable qui n'a rien à envier à celui des notes que vous évoquez. J'ajoute que cet effet a pu être constaté indépendamment de la question des notes. Là-dessus on a des dizaines d'études que vous retrouverez dans le livre.

Pour résumer, je dirais que la relation affective entre professeur et élèves, se sentir en sécurité affective pour l'élève, va expliquer 10% de sa réussite dans la matière enseignée. Cela s'explique par la motivation et l'implication du jeune.

Mais l'effet va au-delà de la motivation dans la matière du professeur. Il y a un effet sur le comportement dans l'établissement. Ça touche à quelque chose de plus profond. L'enseignant c'est une figure adulte qui compte dans la vie de l'élève et pas seulement en classe.

Pour nommer cette relation vous parlez "d'amour compassionnelle". Comment la définir et quelles limites lui donner ?

Dans le livre j'explique que quand on se pose la question des limites c'est un indice qu'on conçoit encore mal le type de lien affectif dont il est question. Ce n'est certainement pas devenir copain avec l'élève.

L'amour compassionnel est une relation asymétrique de responsabilité de l'adulte envers l'enfant. Cette responsabilité implique un intérêt pour l'enfant et une grande attention. Cela coûte de l'énergie et fait que l'enseignant est personnellement affecté émotionnellement par la réussite ou l'échec de l'élève. Mais il sait qu'il n'a pas à attendre grand-chose en retour.

C'est une relation qui n'a pas besoin de limites car par définition elle est attentive à l'autonomie de l'élève. C'est le contraire du copinage, de l'intrusion ou de la relation amoureuse [...]


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Des « jeux dangereux » de plus en plus connus des élèves

Une recherche menée depuis 2014 dans deux circonscriptions d’Arras montre une augmentation sensible des pratiques des jeux de non-oxygénation par rapport à une enquête de 2012. État des lieux de l’ampleur d’un problème de santé publique mal connu des acteurs du monde éducatif.


Par Mickael Vigne

Une enquête quantitative, sur le phénomène des « jeux dangereux » en général, et celui du « jeu du foulard » en particulier, commencée en septembre 2014, a permis d’obtenir des résultats émanant de deux circonscriptions d’Arras (Pas-de-Calais) à partir de 2810 élèves de cycle 3 interrogés dans soixante-trois écoles différentes. [...]

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