jeudi 30 mai 2013

Lettre ouverte de l'Appel des professionnels de l'Enfance


Madame Taubira, Monsieur Peillon, j’ai un immense service à vous demander...


Par Jérôme Brunet,
Président de l'Appel des professionnels de l'enfance


S’il vous plaît, venez expliquer aux enfants de nos classes de CP comment deux hommes ou deux femmes peuvent avoir un enfant…
Venez leur expliquer pourquoi Emilie a deux papas et comment ils ont fait pour avoir un bébé.
Venez leur expliquer que la femme qui a porté Emilie et qui l’a mise au monde, l’a donnée - probablement contre finance- à ses deux papas, et que ce n’est pas grave… que c’est « normal ».
Venez leur expliquer que, quand on a porté un enfant pendant neuf mois, c’est sans conséquence de s’en séparer… que cela se fait avec le sourire, qu’on gardera le contact par Skype, parce que les origines, c’est important !
Venez leur expliquer pourquoi il y a en Inde des cliniques où des femmes sont payées pour « produire » des bébés pas chers, comme on le voit aujourd’hui dans les reportages de France 2 et de Canal +.

Madame Taubira, Monsieur Peillon, venez expliquer aux enfants de nos classes de CE1 comment on peut faire sa généalogie quand la loi dit que l’on a deux pères ?
Venez au tableau avec nous faire le dessin de l’arbre généalogique à trois branches : une branche pour le premier papa, une branche pour le second papa et une pour la maman dont Emilie descend biologiquement.
Venez expliquer à nos élèves que c’est normal, que cela ne pose aucun problème.

Madame Taubira, Monsieur Peillon, venez expliquer aux élèves de 4e, que la biologie n’a rien à voir avec l’identité sexuée.
Venez expliquer que la testostérone, c’est finalement la même chose que l’œstrogène…
Que le cerveau n’est pas influencé par ces hormones…
Que tout cela, ça n’a pas d’importance car finalement ce qui compte, c’est la façon dont on est éduqué.
Venez expliquer que l’humanité n’est plus composée d’hommes et de femmes, mais qu’en fait, elle se divisera demain en une multitude de genres : hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, transsexuel, multi-sexuels, intersexuels, auto-sexuel, alter-sexuel, allo-sexuel, asexuel…

Madame Taubira, Monsieur Peillon, nous vous suivrons sur le terrain du respect de la différence !
Oui, l’école doit apprendre aux enfants qu’il existe bien des manières d’être un garçon et une fille et qu’on n’éduque pas à coup de caricatures ;
Oui, l’école doit être attentive à ce que les enfants soient accueillis et respectés, quelles que soient leur couleur de peau, leur manière de vivre, leur religion, leur apparence physique, leur niveau intellectuel, leur famille ;
Là-dessus, nous vous suivrons et nous vous soutiendrons, car cela construit une société plus juste, plus fraternelle.
Mais ne nous demandez pas d’expliquer l’inexplicable.
Ne nous demandez pas de justifier l’injustifiable.
Ne nous demandez pas l’équilibre impossible !
Enseignants, aides-maternelles, psychologues, orthophonistes, éducateurs et éducatrices, pédiatres… ces métiers de l’enfance, nous ne les avons pas choisis par idéologie politique ou religieuse.
C’est la passion de l’éducation qui nous conduit chaque jour auprès d’eux pour les aider à grandir et à surmonter les défis de la vie.
Nous faisons notre maximum ! Ne nous demandez pas l’impossible !

J’en appelle à tous les professionnels de l’enfance qui refusent de devenir les complices d’une loi qui brouillera les repères nécessaires à l’éducation des jeunes.
J’en appelle à tous les professionnels de l’enfance qui voient au quotidien la souffrance des enfants et des jeunes à qui il manque les repères élémentaires pour se construire.
Signez l’Appel des professionnels de l’enfance, pour qu’ensemble nous continuions à réclamer des états généraux de la famille et à redire qu’on n’éduque pas les jeunes avec des théories, mais en donnant des bases, des repères qui permettent de vivre le réel.

Les enfants n’ont pas voix au chapitre, ils ne votent pas, n’ont pas accès aux médias : c’est notre métier, notre passion et notre devoir de faire entendre leur voix !



Demandez le programme !

Par Bernard COLLOT

Peu après la chute de l’URSS, j’ai participé à un stage du mouvement Freinet à Moscou. J’avais été sidéré par ceci : alors que les services publics étaient en pleine désorganisation, voire en pleine déliquescence, alors que le salaire d’un prof d’université ne dépassait pas la valeur de deux kilos de saucisson, alors que certains nous disaient que leurs propres enfants devaient être en train de regarder la télé emmitouflés parce que les chauffages des appartements communautaires étaient régulièrement coupés, alors que… quelle était la première revendication de l’association des professeurs de mathématique ? Redonnez-nous un programme ! 

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