samedi 22 décembre 2012

L’utilisation trop fréquente des médias digitaux réduit les capacités intellectuelles de nos enfants

Manfred Spitzer, psychiatre et spécialiste du cerveau, met en garde les parents et les éducateurs

par Rudolf Hänsel


Le spécialiste en neurologie et directeur médical de la Clinique psychiatrique universitaire d’Ulm, Manfred Spitzer, a déclenché avec son nouveau best-seller «Digitale Demenz. Wie wir unsere Kinder um den Verstand bringen» [Démence digitalisée, Comment nous perdons nous-mêmes la raison et la faisons perdre à nos enfants.] et ses thèses pointues des échos violents dans les médias. Dans son livre, Spitzer étaie, par de nombreux diagnostics neurologiques et de nouvelles connaissances les faits décrits par des spécialistes sérieux des médias, que l’utilisation trop fréquente d’Internet peut rendre bête. Il n’a jamais vilipendé les utilisateurs adolescents et adultes d’Internet. Dans une interview, il a répondu aux attaques venimeuses de la presse de la manière suivante: «Je n’en fais pas une pathologie, mais je constate: là où il y a des effets, il y a aussi des risques et des effets secondaires.»1 Spitzer ne met pas seulement en garde, il montre aussi ce que les parents, les enseignants et les politiciens peuvent faire pour protéger notre jeunesse.

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Faut-il interdire les écrans aux enfants ?

Serge Tisseron (ST), psychanalyste, s'est fait connaître en découvrant le secret de Hergé par la seule lecture des albums de Tintin. Bernard Stiegler (BS), philosophe est directeur de Recherche et Innovation du centre Pompidou et a occupé différents postes de directeur dont l'IRCAM et l'INA.



« Faut-il interdire les écrans aux enfants ? » 
 Editions MORDICUS, novembre
                                                     Par Serge Tisseron et Bernard Stiegler

En France, les enfants passent plus de 3 heures par jour devant les écrans (TV, Internet, consoles, SMS...) soit près de 1200 heures par an contre 900 heures / an à l'école, qui elle-même, utilise de plus en plus les écrans. Une révolution est en marche...
Si les écrans peuvent faciliter l'accès au savoir, ils ne sont pas pour autant inoffensifs.


Quels écrans, à quel âge ?
Serge Tisseron propose une règle simple , celle des 3/6/9/12 ans
•    moins de 3 ans : pas d'écran, pas même les programmes qui s'adressent spécifiquement aux bébés! Le développement psychomoteur de l'enfant mobilise ses 5 sens, l'usage de la TV le rend passif, elle diminue la relation affective entre le petit enfant et son environnement. Même après 3 ans, la TV ne lui apporte pas grand chose et l'empêche surtout d'avoir d'autres activités. les DVD choisis et qui peuvent être revus plusieurs fois sont le meilleur choix.
•    moins de 6 ans : pas de console ; c'est l'âge des mains (collage, pliage, pâte à modeler...) pour appréhender l'espace. A cet âge, «c'est avec les mains qu'on apprend à penser ».
•    moins de 9 ans : pas d'internet, car les repères essentiels du développement psychique ne sont pas en place, notamment la différenciation de la sphère intime et de la sphère publique
•    moins de 12 ans : internet mais pas toujours seul ; l'enfant ne doit pas avoir un rapport uniquement solitaire avec les écrans. 


Interdiction ou responsabilisation ?
Un équilibre à toujours réinventer, mais tout sauf l'indifférence. L'autorité structure. Elle repose désormais plus sur la notion de contrat car les repères demandent à être justifiés. Le contrat peut être négocié, il doit être bien explicité mais ensuite il faut s'y tenir absolument.
Où mettre les écrans ?
Pour l'ordinateur, préférer une pièce partagée. Pour la TV, pas en mangeant...pour préserver la communication familiale car le plus grand danger des écrans est l'isolement de l'enfant, le remplacement de ses relations réelles par des relations uniquement virtuelles.
Pour la TV, l'important est de devenir un spectateur actif, qui choisit ses programmes, qui peut échanger avec des adultes sur ce qu'il a vu. Pour limiter la consommation passive de programmes, on peut par exemple mettre en place des « tickets TV » d'une demi-heure/ une heure, à choisir à l'avance sur les programmes.
 

Parents - enfants : une fracture numérique?
Les adultes ont tendance à diaboliser les nouvelles technologies qu'ils ne maîtrisent pas, les jeunes à s'enfermer dans un monde connu d'eux seuls, avec le risque d'une forme de dépendance ou plutôt d'utilisation excessive des écrans, pouvant, à l'extrême, perturber leurs relations sociales «réelles».
Mais les jeunes ont aussi à faire découvrir aux adultes les nouvelles technologies - l'échange devient alors valorisant. 


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