lundi 16 janvier 2012

« On aurait des enfants tout élevés, si les parents étaient élevés eux-mêmes. » (Voltaire, écrivain français, 1694-1778)

La petite fille aux deux doudous

La théorie du genre qui revendique le droit de changer de sexe à volonté est au goût du jour. On la retrouve à la Une de l’information à sensations jusqu’aux manuels scolaires du lycée. Dans la foulée, on cherche à instituer le mariage homosexuel et à promouvoir l’homoparentalité.

De son côté, l’enfant, réduit à un simple objet de désir, n’a plus le droit d'être élevé par un père et une mère. Les deux rôles complémentaires de l’homme et de la femme, relégués à des temps reculés, ne sont plus considérés comme essentiels pour l’aider à construire son individualité. Dans notre recherche effrénée de plaisirs, notre désir de toute puissance, notre égoïsme exacerbé et notre aveuglement, nous ne percevons pas le trouble et le déséquilibre que nous engendrons ainsi chez l’enfant et, par voie de conséquence, dans la société.

J’ai eu l’occasion d’accueillir dans ma classe de maternelle la fille d’un couple de lesbiennes et de partager tout au long de l’année scolaire les prises de conscience de sa mère. Je vous livre ici cette histoire qui parle d'elle-même, mieux que toute théorie ou a priori idéologique.

Après avoir constaté sur la fiche de renseignement que les noms des représentants légaux de l’enfant, que je nommerai A., étaient deux noms de femmes, j’ai demandé à rencontrer celle qui accompagnait la fillette pour qu’elle m’expose la situation réelle de l’enfant, ainsi que son rôle et celui de sa compagne.

Avec un grand naturel, la mère biologique –celle qui avait porté l’enfant- me parla de son couple homosexuel, de leur désir commun d’avoir un enfant, de leur décision que l’une d’elle se fasse inséminer artificiellement à l’étranger avec donneur anonyme, et de sa volonté à elle de donner à l’autre le rôle du second conjoint. Donner à l’enfant deux mères à part entière leur semblait tout à fait possible.

A. avait deux ans et demi et, dans le contexte de la classe, j’eus tout le loisir de suivre son évolution parmi ses camarades. Pendant les premières semaines, je n’ai vu A. qu’emmurée en elle-même, n’établissant de contact avec personne, ne communiquant qu’avec deux doudous identiques dont elle était inséparable. L’amener à respecter la vie collective et à s’y intégrer fut une véritable gageure et je ne pus l’atteindre que par la médiation de ses deux doudous.

La première chose qu’elle me communiqua fut le nom du premier doudou : « mon chéri ». C’est en m’adressant à « mon chéri » que je pouvais lui transmettre ce que j’attendais d’elle. Elle refusait tout le reste. Deux doudous identiques, « mon chéri », un isolement psychologique notoire, pas besoin d’être fin psychologue pour voir et sentir le trouble de l'enfant et sa difficulté à construire sa personnalité.

Comme il se doit, j'ai informé la mère du comportement de sa fille à l’école. Elle y fut attentive, visiblement agacée par ces deux doudous derrière lesquels se cachait sa fille. Petit à petit, à travers le lien de confiance qui s’instaurait avec la mère, j’ai établi un contact avec A. qui commença à prendre sa place dans le collectif. Un jour que nous parlions avec tous les enfants des mamans et des papas, A. prit la parole et dit tout à trac : « Moi, je n’ai pas de papa. »

Afin de ne pas créer de distorsion avec ce qui était vécu à la maison et pour m’enquérir de la façon dont on lui avait présenté sa parenté, je transmis le propos de l’enfant à sa mère. D’une manière surprenante, cette dernière eut une réaction totalement incontrôlée : une brusque colère l’envahit aux mots de sa fille : « Je n’ai pas de papa » ; elle s’agenouilla devant l’enfant sans prendre garde aux allers et venues des autres parents à cette heure de sortie et se mit à l’invectiver avec une agressivité et un désespoir que je ne lui avais jamais connus :
- Tu n’as pas de papa… mais tu as ? Tu as ?… Tu as ?...
La gamine ne comprenait rien, elle restait muette.
- Eh ! bien, combien de fois on te l’a dit ?!... Tu as deux mamans !
Un conflit profond, intime, se révélait au grand jour. Tout n’était pas aussi évident que cela en avait l’air. Il fallait contraindre l’enfant pour que rien n’y paraisse. A partir de là, la mère tira par étapes les conclusions qui s’imposaient. Tout un processus de prise de conscience se déclencha en elle pour aboutir finalement à une profonde remise en question.

Foncièrement sincère et soucieuse du bien-être de son enfant, elle démina progressivement le terrain. Elle avait tout fait pour que sa compagne prenne en charge la moitié de la responsabilité sur l’enfant, elle s’était effacée au maximum, mais l’autre n’était pas arrivée à prendre cette place. Avec une grande honnêteté intellectuelle, elle constata que cela était tout simplement impossible. Puis, elle reconnut qu’un être naît de la fusion d’un gamète mâle et d’un gamète femelle et que par conséquent le père biologique –même s’il restait inconnu- existait bel et bien. Elle admit qu’en reniant la complémentarité psychologique entre l’homme et la femme, en amalgamant les rôles de père et de mère, on fausse la cohérence de la première cellule sociale que représente la famille.

Pendant tout ce temps, l’enfant allait de mieux en mieux comme tous les enfants dont on prend en compte les problèmes et qui sentent intuitivement que l’on travaille à leur résolution.

Dans le couple, par contre, cela allait mal depuis un moment et la situation se dégradait. La décision d’une séparation fut prise. La deuxième compagne, prise de panique, déposa une requête devant les tribunaux pour obtenir la garde de l’enfant… Des déchirements et des conflits pires que dans les plus douloureux divorces éclatèrent. La mère biologique y vit la confirmation évidente qu’on n’est pas « mère » simplement parce qu’on le décrète. Une mère ne peut pas vouloir arracher l’enfant à son contexte naturel et prendre des décisions qui lui nuiraient. La mère biologique quitta définitivement le domicile avec l’enfant, prête à refaire sa vie sur de nouvelles bases. L’année suivante, je reçus leur visite. A. s’était beaucoup épanouie et équilibrée, elle avait laissé ses doudous.

La question se pose de savoir pourquoi l’on cherche à forcer l’instauration d’une nouvelle norme en matière familiale. Pourquoi d’une vérité individuelle singulière –l’existence de l’homosexualité et du désir de transsexualité- veut-on faire une vérité universelle hors de laquelle l’hétérosexualité serait devenue une tare et les familles naturelles montrées du doigt ? Le mal n’est pas dans les phénomènes mais bien dans la façon de les imposer à tous sournoisement. Laisser libre –en matière de sexualité- est-il devenu obsolète ? Sous le prétexte de non-discrimination, non seulement on ne respecte plus les différences, on nie la réalité, mais encore on impose l’uniformisation du genre humain en promouvant l’homosexualité et la transsexualité. On ne marie plus l’homme et la femme en encourageant l’harmonie dans le couple, on crée des luttes de pouvoir entre les sexes que l’on cherche ensuite à exploiter.

Une institutrice

Alexandrins...

par Sylvain Grandserre :

Comment Candide, rencontrant son ancien maître,
découvrit notre système scolaire
et ce qui advint de son optimisme…

J’ai eu peur mon cher Maître, de vous avoir perdu,
Après toutes ces années, qu’êtes-vous donc devenu ?

Je dirige, Candide tout un système scolaire
Le plus grand, le plus beau de notre système solaire !
Lis donc ces documents et vois notre talent
Pour prendre des mesures en à peine cinq ans.

(Deux heures plus tard)

Ayant lu avec toute l’attention qui se doit
J’avoue ne pas comprendre certains de vos exploits.
Pourquoi vous refusez l’accès en maternelle
A des petits auxquels ça eut donné des ailes ?

Me crois-tu devenu soudain irresponsable
Pour les avoir privés de leurs jolis cartables ?
Je t’assure qu’ils sont plus heureux chez leur nourrice
qu’entassés et pleurant dans une classe à 36 !

M'en direz-vous autant pour tous ces lycéens
Dont les parents soucieux s’inquiètent au plus haut point ?
Où est donc l’intérêt, puisqu'on les ratatine,
D’appliquer un rangement réservé aux sardines ?

Tu penses comme au passé ignorant désormais
Que nous ne craignons plus les cohortes élevées.
Nos parcours aujourd'hui sont « personnalisés »
J'ai une formule magique : « individualisez » !
Ne nous abaissons plus à penser quantité,
Quand nous avons pour guide la noble qualité !

Ça ne doit pas être aisé pour vos jeunes professeurs,
Surtout quand ils ne voient plus un seul formateur.
Pourtant les étudiants se plaignaient à raison
Même en IUFM d'un manque de formation.

Lancés dans le grand bain des pires situations
Nous verrons mieux ainsi tous ceux qui surnageront.
Crois-tu qu’en formation différence il y a
Qu’on la reçoive par l’État ou sur le tas ?

Pourquoi avoir supprimé la classe du samedi ?
La semaine de 4 jours recueille bien des lazzi.

Car avant de devoir se retrousser les manches
Chacun souffle en famille puis… boulot le dimanche !

Vous avez imposé l’aide personnalisée
Aux élèves les plus faibles, ceux en difficulté.
Matin, midi ou soir, on frôle l'overdose,
Quand les autres enfants jouent ou bien se reposent…

Encore une belle idée que j'assume pleinement :
Aux élèves les plus faibles d'être les plus résistants !

Mais comment justifier ce qui semble être un drame,
Avoir encore une fois modifié les programmes ?

Si nous avions voulu vraiment les appliquer
Il aurait trop fallu de choses chambouler.
Les programmes – qu’ils soient scolaires ou politiques -
Sont écrits pour rassurer l’opinion publique !

De toutes les nations de notre continent
Vous affichez le pire des taux d'encadrement !

Je respecte le Grenelle de l’environnement !
Les élèves entassés se chauffent mutuellement.
Et le bilan carbone pendant mon ministère,
Restera dans l'histoire comme étant exemplaire !

Vous manquez tout de même souvent de professeurs
Et c'est bien Pôle emploi qui joue les recruteurs.
Comment expliquez-vous de devoir appeler
De simples étudiants et même des retraités ?

Ainsi les étudiants entrent dans la vie active,
Et nos vieux sortent enfin d'une vie trop passive !

Vous deviez diviser par trois l’échec scolaire.
Or, c’est bien des RASED qu’il ne reste qu'un tiers.

Isolés, démunis face à l'échec scolaire,
Les profs progresseront pour se tirer d'affaire !

Et pendant les vacances, au lieu d'être à la mer,
Ces stages pour les enfants en échec scolaire ?

Une remise à niveau...mais du pouvoir d’achat
Pour nos chers enseignants au salaire raplapla !

Oui, vos professeurs sont très mal rémunérés,
Est-ce trop demander que de les augmenter ?

En maintenant si basses leurs rémunérations,
Ils connaissent bien la vie de la population.
Ils ressentent mieux ainsi chaque difficulté,
Tout comme quand un médecin est déjà enrhumé !

C'est fini la retraite à cinquante-cinq ans
Il faudra patienter encore près de dix ans ?

Il faut gérer ensemble des problèmes similaires,
Qu’on ait l’âge d’un enfant ou celui de grand-mère
Car dans chacun des cas au final il ne reste
Que deux priorités : les couches et puis la sieste ! (rires)

Maître, vous me troublez, votre humour est cynique
Et fausse ma vision du devoir étatique.
Je compte encore sur vous, apportez vos lumières :
D'où vient la suppression de la carte scolaire ?

Si tu vois dans quel état de délabrement
Sont restés certains de nos établissements,
Tu comprendrais alors que nous encouragions
Les meilleurs à tenter cette forme d’évasion !

Je reconnais mon maître qui a réponse à tout.
Mais j’aimerais poser mes questions jusqu’au bout.
Pourquoi diable évaluer des élèves en janvier
Sur des notions qu’ils n’ont pas encore étudiées ?
Et cette notation que vous appelez binaire,
Je la juge franchement on ne peut plus sévère !

Tu ne mesures pas leur chance en vérité
De découvrir la suite en exclusivité !
Quant à la correction voulue au ministère
Elle vient récompenser les meilleurs du primaire.
Enfin grâce à nos primes de quatre cents euros
chacun a su faire une bonne tête aux totaux !

Vous avez la dent dure et des termes vengeurs
Quand vous vous en prenez aux désobéisseurs.
Vous faites réellement preuve de méchanceté
En affirmant qu’ils se sont trompés de métier !

Tu n' sais pas tout Candide. Avant la politique,
J’apportais mes services au monde des cosmétiques.
Ensuite j'ai présidé aux destins du tourisme !
J'ai donc, comparé à ces barbus gauchistes,
Une grande expérience du changement de métier
Que j'aimerais à mon tour les amener à goûter !

Et pour les jours de grève, vous imposez en somme
A toutes les communes le service minimum ?

A ma grande surprise, quand il y a des grèves
Les gens s’en aperçoivent, et vois-tu, ça m'énerve !
Le service minimum va les rendre invisibles
Et même pour tout te dire, en partie inutiles.
En évitant aux profs d'aller manifester,
C'est leur pouvoir d'achat que je veux préserver !

Tout de même, je sursaute, quelque chose m'affole,
Vous réintroduisez la morale à l’école ?

Ah... l’argent fait régner partout la corruption,
Tu serais effrayé du nombre de biftons !
En ayant pour bagages la morale à leur guise,
Nos élèves seront moins tentés par les valises !

Mais comment justifier qu'il y ait moins d'EVS
Pour tant d’handicapés qui sombrent dans la détresse ?

C’est que nous avons fait le difficile pari
De développer chez eux toute leur autonomie !

Sans vouloir abuser, vous voulez de l'anglais,
Dans les classes maternelles tout au long de l'année.
Or je lis, étonné, dans le même moment
Que vous faites la chasse à vos intervenants !

Tous nos maîtres d'école, miraculeusement
Ont eu, non sans surprise, soudain leur agrément !
Avec moins d'assistants, ça devait être pire,
Or nos instituteurs parlent la langue de Shakespeare !

Si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
Pourquoi toutes ces banderoles sur les façades qui grondent ?

Nous voulions que les maîtres, en art soient bien à l'aise
Pour garder l'exception culturelle française !

Je dois prendre congés e vous fais confident.
En secret Cunégonde porte caché notre enfant.
Dites-moi juste le nom du pays si brillant
Où l'on vous a laissé exercer vos talents.

Je t'invite à y vivre, malgré ton ignorance !
Réfléchis grand dadais, ce pays c’est la France !

Merci pour ce conseil, je saurai l’éviter,
Et j’emmène Cunégonde en Finlande accoucher !