lundi 1 décembre 2008

De l'enfance à la délinquance

J’ai tout d’abord été éducatrice de jeunes enfants, puis maintenant je suis éducatrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse où j’ai pu connaître différents postes : en foyer, en milieu ouvert ou encore en quartier des mineurs en prison. Le travail en détention et le contexte général durant l’exercice de cette mission, ont constitué un élément déclencheur pour moi d’une réflexion en profondeur sur ma pratique professionnelle et plus largement sur l’éducation en général.

Je me souviens de mon choc quand j’ai vu sortir des cellules des jeunes de 13 et 14 ans, la situation avait quelque chose de surnaturel tant le décalage entre leur âge, leur développement encore d’enfant, était incohérent avec le couloir de la détention.
Je me rappelle les jeunes enfants en crèche avec leurs yeux qui pétillent, leur émerveillement devant chaque petite découverte de la journée, leur envie de faire : la vie qui déborde. Comment une dizaine d’année plus tard cette énergie de vie a-t-elle disparu pour faire place à la révolte, à la dépression, au désespoir ?
Avec ce constat humain douloureux je dois accompagner les adolescents dans leur réinsertion dans un contexte qui rend cette mission impossible pour des raisons que je tenterai de développer.
Les jeunes les plus démunis posent les vraies questions « je ne veux pas grandir, je ne veux pas devenir adulte... pour faire quoi ? » ou encore « Le travail y’en a pas, je ne veux pas faire une formation, je gagne de l’argent à ma manière et tant pis si je retourne en prison... »
Les adolescents difficiles, comme on les appelle, témoignent de leur mal-être. Dans cette période charnière entre l’enfance et l’âge adulte, où la sensibilité et l’ouverture de cœur sont encore présentes, où l’on découvre le monde et les questions existentielles ; les jeunes sont face à un gouffre que vient combler, tout naturellement, l’argent.
A partir du symptôme social que représentent les adolescents délinquants, incarcérés ou pas, je touche la nécessité de remettre en question les fondements de l’éducation actuelle et donc nos valeurs communes de vie.

Notre société fonctionne selon la logique individuelle et collective de l’avoir, du pouvoir et du paraître. Nous sommes tous soumis à la logique de l’intérêt et à la mentalité d’arriviste, impliquant un comportement égoïste, égocentrique et cela à tous les niveaux de la société.
A l’heure de la mondialisation, dès le plus jeune âge, l’enfant est éduqué, formaté en consommateur. La consommation est aussi psychologique, psychique, en n’éveillant ni à la créativité ni à la responsabilité individuelle tant au niveau intellectuel, affectif que matériel.
Ainsi, le système scolaire est devenu vecteur d’endoctrinement, excitant l’avoir, la compétition... On n’apprend pas aux enfants à développer leurs capacités propres, mais on les oriente en fonction des besoins économiques définis. Et tous ceux qui ne suivent pas passent dans la classe supérieure au bénéfice de l’âge, sont en échec, posent problèmes et sont exclus...
Les adolescent délinquants sont en quelque sortent victime d’un système qui les a conditionnés, marginalisés et exclus. Mais ils demeurent inconsciemment identifiés aux exigences de ce système.
Soit j’essaie de les faire, malgré tout, rentrer dans les règles du jeu initial : une stratégie de compétition et de profit qui leur laisse peu de chance car beaucoup sont trop « déstructurés » ou marginalisés vis-à-vis des codes en vigueur pour y parvenir ; soit ils font leur chemin sur les mêmes valeurs mais par l’économie parallèle, la délinquance.
Alors j’en arrive à la question fondamentale pour l’exercice de mon métier : c’est quoi éduquer ? Se questionner sur ce qu’est « l’éducation » c’est se questionner tout d’abord sur le sens de l’existence, qu’est-ce qu’on fait sur terre, au-delà de l’approche religieuse, dépassée pour certains, source de conflit pour d’autres. Il y a une réalité commune à tous qu’est la condition humaine : on naît puis on meurt et entre les deux, on fait quoi ? Qu’est-ce que le sens de l’existence humaine ? C’est là tout le fondement d’une société, d’une humanité. Sans savoir à quoi sert l’existence, peut-on savoir comment organiser et structurer une société ?
Soit on se situe dans une logique de profit et d’intérêt, donc d’avidité et de compétition, soit on se situe dans une logique désintéressée, de partage dans le respect de la vie en soi et autour de soi. Ainsi on poserait les bases d’une société complètement différente dans sa logique d’approche et donc dans son organisation sociale, lui donnant un sens autre que la recherche de pouvoir, d’argent et de profit.
Si dès la naissance, on a le souci de préserver chez l’enfant sa perception intuitive et de l’éduquer dans le respect et l’éveil à son identité profonde, c’est-à-dire son humanité, il apprendra à évoluer et à décider de ses actes au regard de sa propre autorité intérieure. On n’est plus alors dans un rapport de contrainte mais on accompagne l’individualité dans son aspiration légitime à la liberté et la responsabilité.
On demande aux jurés d’assises de décider en leur âme et conscience. Apprenons-nous aux enfants à décider de leurs choix en se référant à leur conscience ? Qu’est devenue la Sagesse, issue de l’expérience millénaire de l’humanité, référence présente dans toutes les cultures ? Elle demeure encore dans les contes, dans quelques films, mais elle a disparu du monde réel... de notre quotidien.
La Justice ne peut être réduite à une machine à condamner et faire exécuter les peines. Symbolisée par les plateaux de la balance en équilibre, elle ne peut jouer son rôle -de veiller et de permettre d’améliorer le contexte social dans son ensemble- que si la société reconnaît l’équilibre et l’épanouissement individuel comme fondement de l’équilibre et de la paix sociale.
Entre missions professionnelles, convictions personnelles et réalités de terrain, l’adéquation est complexe voire impossible. Pourtant, lorsque dans le quotidien de mon métier, je parviens vraiment à instaurer un contact avec un adolescent en difficulté ou délinquant, à l’extérieur ou en détention, lorsque l’on partage une parole authentique, que je vois un vrai sourire, je sais que tout est encore possible mais pour cela un changement collectif, radical, de mentalité s’impose.
Geneviève

Pour que vivent les écoles maternelles

Vous tous qui avez des enfants en bas-âge, des enfants qui sont ados, des enfants qui ont eux-mêmes des enfants maintenant, vous savez combien l'école maternelle est un lieu vital d'épanouissement et d'éducation pour les premières années de la vie.
Tous les pays étrangers, qui n'ont pour structures de petite enfance que des "Jardins d'enfants", des garderies municipales ou privées, nous envient notre école maternelle où la pédagogie est adaptée à l'enfant dès la petite section.
Or pour des raisons d'économies budgétaires, le gouvernement français menace de supprimer les petites et moyennes sections des écoles maternelles au profit de garderies municipales ou privées, où les enfants seraient sous la garde de personnels titulaires du CAP petite Enfance (2 ans après le BEPC) et non plus encadrés par des enseignants qualifiés (5 ans après le BAC).Ainsi on sacrifie les plus jeunes et ensuite on criera à l'échec scolaire et social !

Alors pour défendre l'école maternelle française publique, laïque et gratuite pour tous, signez la pétition mise en ligne par l'Association Générale des Enseignants des Ecoles Maternelles (AGEEM) :

http://marnesia.free.fr/phpPetitions/index.php?petition=2

Les trois axes de la marchandisation scolaire

par Nico Hirtt
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Depuis la fin des années 80, les systèmes éducatifs des pays industrialisés sont soumis à un feu roulant de critiques et de réformes : décentralisations, déréglementations, autonomie croissante des établissements scolaires, allègement et dérégulation des programmes, « approche par les compétences », diminution du nombre d’heures de cours pour les élèves, partenariats avec le monde de l’entreprise, introduction massive des TIC, stimulation de l’enseignement privé et payant. Il ne s’agit pas là de lubies personnelles de quelques ministres ou d’un fait de hasard. La similitude des politiques éducatives menées dans l’ensemble du monde capitaliste globalisé ne laisse planer aucun doute quant à l’existence de puissants déterminants communs, impulsant ces politiques. La thèse soutenue ici est que ces mutations sont le fait d’une mise en adéquation profonde de l’École avec les nouvelles exigences de l’économie capitaliste...