mardi 15 décembre 2020

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (28)


Par Anne-Sophie (maman de S., 5 ans)


Suite au travail fait en classe autour de La leçon de Professeur Hibou*, nous avons vu S. se transformer en début d’année scolaire. Il n’était plus le même et les retours du centre aéré allaient dans le même sens. Depuis les vacances de la Toussaint, je ne sais pas pourquoi, c’est à nouveau très difficile. Rien ne le contraint ; quand on le punit, il sait qu’il suffit d’aller faire la punition et après il peut recommencer… J’ai constaté, il n’y a pas longtemps, en l’accompagnant pour l’écoute de son cœur, que ça marche ! 
 
* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS


mardi 1 décembre 2020

«  Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter. »  ( Primo Lévi, écrivain italien, 1919-1987)

À Poitiers, dialogue de sourd entre les jeunes et leur secrétaire d’État

Une centaine de jeunes ont eu l'occasion de rencontrer la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, à l'issue de leur rencontre nationale autour de la question des religions dans la société, organisée par la Fédération des centres sociaux, à Poitiers, le 22 octobre. Sarah El Haïry n'a pas réussi à établir le dialogue qu’espéraient les jeunes.


Par Laurent Grzybowski

C’est ce qu’on appelle un rendez-vous manqué. Après trois jours d’échanges et de débats intenses, sur le thème de « La place des religions dans la société », les 130 adolescents venus de toute la France, rassemblés du 20 au 22 octobre au lycée Isaac de l’Étoile, à Poitiers – à l’initiative de la Fédération des centres sociaux –, espéraient engager un dialogue de fond avec Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement. Celle-ci était venue tout exprès de Paris pour les rencontrer à l’issue de leurs travaux et pour écouter ce qu’ils avaient à lui dire.

Un rendez-vous d’autant plus opportun qu’il intervenait quelques jours après l’attentat terroriste contre Samuel Paty, ce professeur d’histoire assassiné par un fanatique religieux devant son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). De quoi donner un certain relief à cette rencontre prévue de longue date. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu.

Tout avait pourtant bien commencé. Réunis dans le gymnase du lycée, des porte-parole désignés par leurs camarades ont commencé à dresser un état des lieux. « On est partis de notre propre vécu, de nos expériences personnelles dans différentes situations, le lycée, la rue, le travail ou la formation, et on s’est rendu compte que nous vivions des choses similaires, des discriminations, par rapport à notre couleur de peau, notre origine, notre orientation sexuelle ou notre religion », raconte l’une d’entre eux, Tina, 17 ans, élève en classe de terminale.

Les paroles prononcées sont directes et sans filtre. Mais au moment où l’un des adolescents évoque « les violences policières » et les contrôle au faciès dont certains s’estiment victimes, la ministre se lève d’un bond, n’hésitant pas à l’interrompre pour lui expliquer qu’« il faut aimer la police, car elle est là pour nous protéger au quotidien. Elle ne peut pas être raciste, car elle est républicaine ! ». Malaise dans la salle.

Puis, c’est au tour d’Émilie, 16 ans, élève de seconde dans un lycée toulousain, d’apporter son témoignage. « Nous avons constaté que, dans la société, nous manquions d’espaces pour pouvoir parler des religions, en débattre, pour pouvoir mieux les connaître. Même au lycée, on aborde rarement ce sujet. On sait que les religions et la laïcité sont au programme, mais c’est trop court, inefficace, et les discours sont souvent maladroits. On fait souvent face à des représentations, à des jugements sommaires. Ici, c’est la première fois de ma vie que je peux parler librement de ma religion et que je ne me sens pas jugée. Ce n’est pas parce qu’on est chrétien ou musulman qu’on représente une menace pour la société. Pour moi, la diversité est une chance. » « Quand j’ai expliqué à mon prof d’histoire que j’étais musulmane, il m’a tout de suite agressée », poursuit Farah, 16 ans, élève en seconde, encore choquée d’avoir été prise à partie par son enseignant. « Il a cherché à convaincre les musulmans de la classe que Dieu n’existait pas, que c’était prouvé par la science. Moi, je n’impose rien à personne, pourquoi est-ce que lui m’imposerait sa vision ? J’ai failli porter plainte. Je crois à la liberté d’expression, mais j’ai le sentiment qu’on n’est pas tous libres de la même manière : lorsqu’il s’agit d’exprimer un propos athée ou critiquant les religions, la parole est totalement ouverte et c’est très bien ! Mais lorsqu’il s’agit de dire qu’on aime la religion ou qu’on est croyant, la parole est étouffée. On peut même se retrouver rejeté ou montré du doigt. Pourtant, la liberté d’expression devrait être la même pour tous. D’accord pour l’expression publique du blasphème à l’école, mais alors il faudrait aussi respecter l’expression publique de la foi. »

« Je ne peux pas laisser dire ça ! », répond Sarah El Haïry, s’emparant aussitôt du micro. La secrétaire d’État se lance alors dans un cours d’éducation civique et morale autour de la loi de 1905 : « La République protège ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Elle apprend aux jeunes à être des citoyens libres. Dans notre pays, c’est la liberté, l’égalité et la fraternité, en tout temps et en tout lieu. Notre jeunesse doit faire vibrer les valeurs républicaines partout. De la même manière que la police nous protège, l’école nous instruit. » Des propos loin de faire l’unanimité parmi les adolescents, incrédules, qui ont l’impression de ne pas être entendus. « Mais qu’est-ce que c’est que ce catéchisme qu’elle vient nous débiter ? », souffle discrètement l’un d’entre eux [...]


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Le dehors, puissant anticorps au virus autoritariste

Depuis les débuts de la pandémie, les mesures gouvernementales (télétravail ou couvre-feu) impliquent un repli sur la sphère privée. Pour préserver le « sens commun », ne faudrait-il pas réinvestir le dehors, demande l’auteur de cette tribune. Enseignement en plein air, réunion sur des places publiques, partage de repas… Le politique vit de rencontres et de confrontations.


Par Guillaume Sabin

Au début du XXe siècle, pour faire face à la tuberculose et à la grippe espagnole, des expériences de classe en plein air furent menées à New York et, plus généralement, en Nouvelle-Angleterre. Plus d’un siècle plus tard, faire classe dehors ne semble pas être une alternative sérieusement envisagée.

Il y a quelques semaines, le gouvernement de Buenos Aires a proposé que l’école, à l’arrêt depuis sept mois en Argentine, reprenne à l’extérieur, dans les rues, parcs ou places publiques. L’alternative proposée aurait pu faire réfléchir sur la place de l’institution scolaire dans cette période de crise, mais elle s’est retrouvée prisonnière de la politisation de la situation sanitaire, polarisée entre la capitale, dirigée par un libéral, et le gouvernement fédéral, de centre gauche.

S’appuyant sur les données scientifiques qui signalent que la transmission du Covid-19 est moins grande en extérieur qu’en milieu confiné, les propositions de faire classe à l’air libre ne manquent pas aujourd’hui à travers le monde, et de nombreux réseaux s’emploient à les diffuser. Malgré ces appels, la voie du dehors ne semble pas faire recette. Qu’est-ce que cela dit de notre temps [...]


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« Pas d’écran du tout avant trois ans »

Par Ecole des parents

Smartphone, tablette, ordinateur, console de jeux… Les écrans font partie intégrante de notre quotidien. Toutefois, les petits, qui sont en plein développement, s’avèrent extrêmement sensibles. Une surexposition ou un simple usage peut alors avoir des effets dévastateurs sur leur métabolisme, leur équilibre émotionnel et même leur comportement en société [...] 

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dimanche 15 novembre 2020

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Paroles d'enfants : bilan de journée (1)


Après la lecture de
« La leçon de Professeur Hibou »* en mater-nelle, les bilans de la journée s’avèrent souvent intéressants et fructueux… notes prises en classe multi-âges (3 à 5 ans).

 

-        La maîtresse : Comment vous sentez-vous en cette fin d’après-midi ?

-        La majorité des enfants : Content.

-        Une minorité : Pas bien.

 -        Quelques enfants : Moyen.

 

   

-         La maîtresse : Pourquoi, parfois, vous vous sentez bien et parfois pas bien ?

-        R. : Je ne me sens pas bien parce que je me dispute trop avec L., E. et M.

-        La maîtresse : Qu’est-ce vous pouvez faire pour vous sentir mieux ?

-        R. : Parfois, il faut se séparer.

-        L. : Il faut pas se dire des méchancetés quand on joue.

-        M. : Des fois, il ne faut pas jouer ensemble.

-        N. : En ce moment, je fais pas de bêtises, j’écoute le soleil dans mon cœur.

-        F. : Professeur Hibou, il m’a dit qu’il faut pas crier dans les toilettes.

-        N. : Mon cœur n’est pas content parce que j’ai détruit ce qu’a fait mon copain.

-        E : Mon cœur, il m’a dit : si j’écoute la maîtresse, je me sentirai bien, je serai calme.

-        J. : Mon cœur, il m’a dit que je suis bien parce que je me dispute pas avec les copines.

 * "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS

 

dimanche 1 novembre 2020

«  La nuit n'est tombée que pour ceux qui se sont laissés tomber dans la nuit. Pour ceux qui sont vivants "le soleil est neuf chaque jour".  »  ( Cornélius Castoriadis, philosophe, économiste et psychanalyste grec, 1922-1997)

Jean Jaurès, « Aux instituteurs et institutrices »


Par « La Dépêche » du dimanche 15 janvier 1888


Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort  [...]

Réchauffement climatique : comment s’habiller au lycée ?

Par Prof femme en collège

Le corps de chacun lui appartient.

Les enseignants, dont certains sont pourtant sans complexes, ou craignent le chaud, viennent rarement au collège ou au lycée en débardeur à bretelles spaghetti ou en bermuda....
Il est bon, à un moment ou à un autre de la vie, d’apprendre à différencier la tenue pour travailler de la tenue de plage. Pas parce que la tenue de certaines demoiselles déconcentrerait des mâles en rut, pas parce que la tenue des mâles perturberait la pudeur de demoiselles, mais parce qu’on ne va pas au travail comme on est au camping, c’est peut être malheureux, mais sans être extrémiste, cela fait partie des conventions de notre société, ici et maintenant.

Attention aussi, sexualiser le corps d’une enfant est malsain. Mais au lycée la plupart des jeunes gens ont atteint l’âge de la majorité sexuelle. Vouloir avoir le droit de coucher (ne nous leurrons pas...) et en même temps vouloir considérer un corps d’adulte comme non sexualisable alors qu’on le dévoile, c’est un peu antinomique. Nous sommes des êtres sexués. Qui normalement savons réfréner nos pulsions, ne pas les avoir dans le monde du travail.

Mais pour autant, a-t-on moins chaud en débardeur spaghetti échancré jusqu’aux mamelons qu’en débardeur à bretelles larges échancré jusqu’à la naissance des seins ? Difficile de prendre parti, pour la direction ou pour les élèves, sans avoir vu la tenue qu’elles portaient.

Toujours est-il qu’à titre personnel, en tant qu’enseignante, je continuerai à demander aux garçons qui portent leurs pantalons tellement bas qu’on voit la moitié de leurs sous-vêtement de le remonter (parce que la vue de leurs sous-vêtement doit rester du domaine du privé, et que je ne suis pas dans leur vie privée), et aux filles qui viennent en jean déchiré ou en jupe aussi courte que des ceintures comment elles réagiraient si je faisais pareil. Bizarrement, le lendemain, les jupes sont toujours là, mais plus longues....
Comme quoi, sans que ce soit une question de sexualiser l’attitude ou la vesture, c’est peut être seulement une question d’adaptation de la personne à son milieu, à son lieu de travail... Quelque soit le sexe de la personne qui fait la remarque, quelque soit le sexe de la personne à qui on fait la remarque (ce n’est pas normal si ce n’est qu’aux filles/femmes qu’il est demandé une tenue couvrante....)

Sinon, moi la prochaine fois que je dois faire cours dans une salle où il fait 35, je viens en maillot de bain.


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La suppression annoncée de l’instruction à domicile scandalise les familles

Quelque 50.000 enfants sont actuellement scolarisés en famille, dont la moitié pour des raisons médicales.


Par Marie-Estelle Pech

Afin d’enrayer la lente progression des déscolarisations, Emmanuel Macron a annoncé, vendredi, lors de son discours aux Mureaux, la fin prochaine de l’instruction scolaire à domicile, sauf justification médicale.

C’est une annonce choc qui laisse les familles concernées furieuses. Parmi les mesures de la loi sur le séparatisme, figurera l’obligation de l’instruction à l’école, sauf exceptions. Ce choix national restrictif est déjà celui de l’Allemagne, de la Croatie, de la Grèce et de l’Espagne. La mesure concerne 50.000 enfants français actuellement instruits à domicile. Les malades ou handicapés, qui représentent la moitié de cet effectif, pourront poursuivre cette forme d’éducation. Comme les enfants de familles en itinérance et les sportifs de haut niveau, précise le ministère de l’Éducation. D’autres exceptions suivront-elles? Ce sera l’enjeu de débats, certainement acharnés, devant le Parlement.

Ce mode d’éducation marginal ne concerne que 0,4 % des 12,4 millions d’enfants d’âge scolaire mais il augmente régulièrement: 35.000 en 2017, 41.000 en 2019 et 50.000 en 2020. Le gouvernement suit avec attention ce mouvement et a exigé un renforcement des contrôles en 2019.

Coprésidente de l’association Laia, Alix Fourest, qui a scolarisé ses deux enfants à la maison, à Toulouse, s’étonne de la «radicalité de la mesure». «Nous savions qu’Emmanuel Macron allait parler de nous et nous attendions à un énième tour de vis. Mais une interdiction pure et simple, non!», s’étonne-t-elle. Elle estime qu’avec cette annonce, le président «écrase une mouche avec un marteau» car les familles qui font ce choix pour des raisons de séparatisme religieux sont «extrêmement minoritaires»  [...]


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jeudi 15 octobre 2020

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (27)


Par Anne (maman de deux enfants, 3 et 5 ans)


Voici des commentaires du plus jeune à propos de la méthode de Professeur Hibou*.
C'était en octobre, nous mangions autour d'une table ronde et un soir, il nous a demandé de faire le silence, de fermer les yeux et d'écouter notre cœur... il nous a montré, puis c'était à chacun de dire ce que son cœur disait...
Lui : " et ba mon cœur il me dit que je suis content ", " je suis content d'être tous les quatre."

Il m'a ensuite souvent raconté qui dans la classe allait écouter son cœur... En tous cas il aime beaucoup aller à l'école.
Il nous exprime très souvent ce qu'il apprécie, ce qu'il n'aime pas, ses émotions, ses ressentis. Régulièrement il aime nous faire faire ces tours de table pour écouter notre cœur...


* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS    

jeudi 1 octobre 2020

 « Entre les hommes il n'existe que deux relations : la logique ou la guerre. Demandez toujours des preuves, la preuve est la politesse élémentaire qu'on se doit. Si l'on refuse, souvenez-vous que vous êtes attaqué et qu'on va vous faire obéir par tous les moyens. » ( Paul Valery, écrivain, 1871-1945)

Une "écriture excluante" qui "s’impose par la propagande" : 32 linguistes listent les défauts de l’écriture inclusive


Par Tribune collective

"Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral." Bien que favorables à la féminisation de la langue, plusieurs linguistes estiment l'écriture inclusive profondément problématique.

Présentée par ses promoteurs comme un progrès social, l’écriture inclusive n’a paradoxalement guère été abordée sur le plan scientifique, la linguistique se tenant en retrait des débats médiatiques. Derrière le souci d'une représentation équitable des femmes et des hommes dans le discours, l’inclusivisme désire cependant imposer des pratiques relevant d’un militantisme ostentatoire sans autre effet social que de produire des clivages inédits. Rappelons une évidence : la langue est à tout le monde.

Les défauts de l'écriture inclusive

Les inclusivistes partent du postulat suivant : la langue aurait été "masculinisée" par des grammairiens durant des siècles et il faudrait donc remédier à l’"invisibilisation" de la femme dans la langue. C’est une conception inédite de l’histoire des langues supposant une langue originelle "pure" que la gent masculine aurait pervertie, comme si les langues étaient sciemment élaborées par les locuteurs. Quant à l"invisibilisation", c’est au mieux une métaphore mais certainement pas un fait objectif ni un concept scientifique.

Si la féminisation est bien une évolution légitime et naturelle de la langue, elle n’est pas un principe directeur des langues.
Nous relèverons simplement ici quelques défauts constitutifs de l’écriture inclusive et de ses principes.

- La langue n’a pu être ni masculinisée, ni féminisée sur décision d’un groupe de grammairiens, car la langue n’est pas une création de grammairiens — ni de grammairiennes. Ce ne sont pas les recommandations institutionnelles qui créent la langue, mais l’usage des locuteurs. L’exemple, unique et tant cité, de la règle d’accord "le masculin l’emporte sur le féminin" ne prétend posséder aucune pertinence sociale. C’est du reste une formulation fort rare, si ce n’est mythique, puisqu’on ne la trouve dans aucun manuel contemporain, ni même chez Bescherelle en 1835. Les mots féminin et masculin n’ont évidemment pas le même sens appliqués au sexe ou à la grammaire : trouver un quelconque privilège social dans l’accord des adjectifs est une simple vue de l’esprit [...]


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Covid : la pédagogie asphyxiée

Malgré leur progressif allègement, les protocoles sanitaires successifs ont considérablement limité l’étendue des possibilités pédagogiques. Or, cette conséquence fort dommageable a été très peu évoquée, preuve que l’École souffre davantage de conservatisme que de modernisme. Entrons pour une fois en classe pour mesurer concrètement l’impact direct de ces restrictions


Par Sylvain Grandserre

Depuis l’allocution présidentielle du jeudi 12 mars, l'École française vit donc au rythme de l'épidémie. Les conséquences ont été largement discutées, questionnant la prétendue « continuité pédagogique » vantée par un ministre de l’Éducation finalement désavoué quand la réouverture progressive des écoles, à partir du 11 mai, fut officiellement justifiée par la fracture numérique qu’il était bien le seul à ne pas percevoir. Mais nous avons peu entendu dire combien le cadre sanitaire impacte directement les modalités d’apprentissage. Il faut préciser qu’il est couramment admis que c’est en immobilisant les corps qu’on mobilise les esprits. En dehors du sport, il est difficilement accepté que la mobilité puisse favoriser la construction des savoirs. La représentation populaire est souvent confirmée par l’observation lointaine des pratiques professorales. Car généralement, surtout dans le secondaire, les élèves entrent et s’assoient face au tableau avant d’écouter l’enseignant, de faire (en principe) ce qu’il indique et éventuellement d’interagir avec lui autour de la notion étudiée ou d’un résultat trouvé. Ce dispositif a ses avantages mais aussi ses limites (chahut, ennui, indifférenciation). Toujours est-il qu’on représente ainsi le travail scolaire au cinéma, à la télévision ou dans les albums de jeunesse. Demandez à quelqu'un de dessiner une salle de classe et il y a fort à parier qu’il placera des tables façon « autobus » avec des rangées face au tableau. Pour l’enseignant ressentant le besoin de rompre avec cette configuration, les obstacles sont nombreux. Il y a peu de chances que les professeurs aient eux-mêmes vécu autre chose quand ils étaient élèves et il est rare d’observer d’autres manières de faire lors des stages. Les innovations peuvent être plus suspectes qu’encouragées, tant du côté de l’institution, des collègues que des parents. Enfin, la structure même des établissements du secondaire date d’une époque où seuls les élèves convenablement calibrés étaient invités à poursuivre leur chemin dans la tuyauterie scolaire. Un héritage particulièrement pesant mais heureusement moins marqué au primaire [...]

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« Bientôt nous ne pourrons plus du tout »

une universitaire répond à Frédérique Vidal


Je suis maîtresse de conférences dans une “petite” université hors des grandes métropoles. Comme la plupart de mes collègues, la plus grande partie de mes heures de travail consiste non pas à enseigner ou à chercher, mais à effectuer des tâches administratives. La mienne est d’être responsable d’une licence dont les enseignant·es sont, en grande majorité, des vacataires ou des contractuel·les.

En cette semaine de rentrée universitaire à l’ère de la Covid-19, j’ai bossé 75 heures, de 5h à 23h certains jours, pour préparer une rentrée impossible. Aucun moyen humain supplémentaire ne nous a été alloué alors que nous devons, déjà en temps normal, nous surpasser pour tenir le coup. Mais pas de panique : des caméras sont en train d’être installées dans les amphithéâtres : les enseignant·es pourront doubler la capacité de leur cours en enseignant à la fois “en distanciel” et “en présentiel”, en répondant aux questions dans la salle et sur leur ordinateur par chat. Voici la fameuse révolution louée par Frédérique Vidal, car il faut dépasser “les cours magistraux traditionnels, où le professeur lit son cours face à un amphi d’étudiants qui ne posent pas de questions”. Non pas en nous permettant de privilégier les TD en petits groupes plutôt que les CM bondés, non pas recrutant des collègues qui permettront de nous donner plus de temps de suivi individuel des étudiant·es, non pas en nous rendant les heures d’enseignement volées à nos licences au fil des coupes de budget. Non : en mettant les étudiant·es chez eux face à un écran pour suivre les cours. Révolutionnaire comme pratique pédagogique ! Au passage, Frédérique Vidal nous insulte tou·tes et montre sa dangereuse méconnaissance de la réalité : cela fait bien longtemps qu’on a remisé l’image d’Épinal d’un·e mandarin·e monologuant face des étudiant·es qui prennent des notes sans lever la tête. Si la ministre veut voir de vraies “innovations”, qu’elle assiste donc à nos cours et découvre nos pratiques pédagogiques [...]


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mercredi 16 septembre 2020

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Paroles d'enfants : les disputes (2)


 Avec « La leçon de Professeur Hibou »*, les enfants de maternelle apprennent à réagir autrement à leurs problèmes…

  

Discussion autour des disputes

 

-        N. : Quand on se dispute dans la cour, on peut aller s’asseoir sur le banc.

-        E. : Il faut toujours se réconcilier, comme ça, on retrouve le bonheur dans son cœur.

-        S. : Il faut faire attention aux autres et ne pas les bousculer.

-        A. : On a droit de régler les disputes. Il ne faut pas dire de mensonges.

-        M. : C’est pas bien de faire les disputes avec S. et L. C’est bien de jouer avec B.

 

Pendant un temps de jeux libres, S. prend une plaque de construction à J. Ils viennent tous deux voir la maîtresse qui leur demande d’interroger leur cœur. S. dit : « Je dois lui rendre. » J. dit : « Il faut qu’il me le rende. ». Ils repartent jouer ensemble.

 

M. n’est pas gentille, en ce moment, avec ses copines. Elle va s’asseoir sur une chaise puis revient et dit : « C’est bien d’écouter les autres. »

 

* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS    

mardi 1 septembre 2020

«  Renoncer à la liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme.  »  (Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe français, 1712-1778)

La salle de classe : salle de résonance ou espace numérique ?

Home-office est le nom de la nouvelle forme de fonctionnement, également dans les écoles. L’enseignement vit un coup de pouce numérique. L’euphorie est grande – au risque d’oublier que l’éducation est également un processus relationnel. Il est donc grand temps à une réflexion pédagogique.


Par Carl Bossard

La société du non-stop a bégayé et vacillé de manière inattendue, elle s’est même arrêtée à bien des égards. L’enseignement en face-à-face est au point mort. Les soi-disant «vacances du corona»sont à l’ordre du jour. Cependant, les quelque 1,3 millions d’écoliers suisses doivent continuer à apprendre leurs dossier presque comme s’ils se trouvaient à l’école – sans aller à l’école. Ils travaillent à domicile, surveillés et accompagnés par leurs professeurs – à travers les canaux numériques, par des textes d’information, des sujets par ou des messages push, via des sites web ou des applications entiers, par appel vidéo, parfois à l’aide de documents envoyés par la poste, parfois du bon vieux téléphone ou même lors de conversations individuelles à l’école.

L’apprentissage nécessite des relations positives

L’enseignement total à distance est un domaine encore inexploré. On dispose de peu d’expérience. En conséquence, il fonctionne différemment – ici de manière optimale, là parfois mieux, parfois moins bien et, des fois, pas du tout. «Beim Fernunterricht überzeugten nicht alle Lehrer» (Tous les enseignants ne sont pas convaincus par l’enseignement à distance), titre en gros la SonntagsZeitung (Journal du dimanche), non sans sous-entendu.

Cela aurait dû être pris au sérieux il y a longtemps, voilà les accusations actuelles contre l’école. Le développement numérique a tout simplement été trop lent, disent-ils; il prend maintenant sa revanche. C’est pourquoi le mot à la mode retentit avec force pour la numérisation intensifiée, voire radicale, de l’enseignement dans tout le pays. Mais cet appel impulsif à l’école numérique doit être contrecarré par une réflexion pédagogique. Il y a une bonne raison pour laquelle les enfants n’ont pas été abandonnés seuls depuis longtemps avec une sorte de logiciel éducatif parce qu’en un mot, nous sommes des personnes et parce que l’apprentissage exige des relations positives. L’école et l’enseignement sont à bien des égards un processus de résonance, une relation entre les personnes. L’éducation se déroule «dans des processus d’interaction dense (avec les personnes et les choses)», analyse le sociologue Hartmut Rosa.

L’homme n’est pas Robinson Crusoë

C’est donc une des constantes anthropologiques de base que l’homme a besoin d’une contrepartie pour se reconnaître. Martin Buber, pédagogue et philosophe de la religion, a condensé cette idée en une déclaration essentielle: «L’homme devient lui-même en vous».5 Par conséquent, cette contrepartie ne doit pas manquer; même le meilleur programme numérique ne peut remplacer le vis-à-vis humain. C’est ce que l’on peut également constater en ces jours de Corona avec l’enseignement à distance. D’innombrables enfants regrettent la compagnie de leurs camarades de classe et de leur professeur; à l’inverse, de nombreux éducateurs recherchent un contact direct et personnel avec leurs élèves. L’homme n’est pas une figure à la Kaspar Hauser, et très peu d’entre eux conviennent au Robinson Crusoë moderne. Laissés à eux-mêmes, ils se perdent dans un monde sans soutien et sans orientation. Les gens ont besoin d’un «vous» pour pouvoir se développer [...]


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Le mouvement est une composante importante de l’apprentissage mais nous avons tendance à l’oublier dans les écoles.

Par Caroline

Non seulement le mouvement augmente l’engagement du cerveau dans l’action mais le mouvement va également aider le cerveau à fonctionner plus efficacement en augmentant la quantité d’oxygène et de sang qui l’irrigue.

Les premiers systèmes sensoriels à maturer sont ceux qui gouvernent l’activité motrice (cervelet) et l’orientation spatiale (système vestibulaire). Le système vestibulaire nous dit où se trouve notre corps dans l’espace, où se trouvent nos membres, et nous permet d’aller d’un point A à un point ou encore de rester assis ou debout sans tomber. Ces systèmes travaillent ensemble pour percevoir, rassembler et traiter des informations dans le but de planifier nos mouvements et de diriger notre attention.

Par ailleurs, les enfants ne sont pas des purs esprits ou des cerveaux désincarnés. Les enfants n’apprennent pas seulement à former des idées mais apprennent également à utiliser leurs mains, à parler, à interagir avec les autres ou encore à utiliser leur corps au service de leurs objectifs. Ces compétences se construisent justement par le mouvement, par l’interaction avec les autres, par le toucher, par l’engagement actif au sein d’un environnement donné.

En classe, on a trop souvent tendance à oublier que les élèves ont des corps (voire à considérer les corps comme des éléments gênants, source de nuisances).

Les conséquences du manque de mouvement chez les enfants

Un accroissement des problèmes sensoriels et moteurs 

Angela Hanscom, ergothérapeute américaine spécialisée dans le développement de l’enfant, a remarqué un accroissement des problèmes sensoriels et moteurs chez les jeunes américains. Elle estime qu’il y a un effet de causalité entre ces problèmes (chutes fréquentes, problèmes de repérage dans l’espace, agressivité, motricité fine peu précise, problèmes de maintien de l’attention) et le manque de mouvement des enfants […]


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Blanquer transforme l’École de la République en succursale d’Uber

La contre-révolution Blanquer est en marche. L’objectif est de faire basculer l'école vers un système entrepreneurial et ubérisé, inégalitaire et territorialisé.


Par Francis Daspe

Celles et ceux qui estimaient que l’école, de par son supposé statut de fonction régalienne, était préservée d’un certain nombre de dérives doivent se rendre à l’évidence et amèrement déchanter. Avec cette majorité se voulant disruptive, une contre-révolution scolaire est bel et bien en marche. Le ministre Blanquer a résolu de la réaliser pleinement. Pour y parvenir, il a opté pour un modèle d’ubérisation de l’école. Plusieurs leviers sont manipulés à cet effet, afin de transformer l’École de la République en une vulgaire succursale éducative d’Uber.

Les racines de cette basse besogne se trouvaient déjà dans la vision managériale et autoritaire qui bousculait le service public d’éducation. Les méthodes déshumanisantes et autoritaires du New Public Management sont très largement utilisées, avec la brutalité qui va de pair. Pour les enseignants, il ne s’agit plus d’exercer leur métier mais de se contenter de se soumettre aux injonctions ministérielles. Les dispositions de la loi sur l’école de la confiance furent à cet égard une accélération significative, avec le prétendu devoir de réserve. Sans oublier l’enseignement à distance, testé grandeur nature en raison de la crise sanitaire, qui a vu la prolifération de l’utilisation de logiciels privateurs de liberté et capteurs de données privées.

L’école ubérisée se caractérise également par l’imposition de savoirs utilitaristes et minimalistes. Sous couvert de la nécessaire maîtrise des savoirs fondamentaux hélas trop souvent négligés et galvaudés, le ministre se rabat sur une vision purement rétrécie et rabougrie des savoirs, en les déconnectant des dimensions culturelles, scientifiques et artistiques. Au final, bien loin des objectifs de construction de l’individu et de son émancipation par l’acquisition de savoirs structurés et structurants.

Un autre aspect de cette dérive préoccupante se traduit par la prédominance accordée à la technique et à l’expertise dans l’acte pédagogique. Comme si celui-ci pouvait se réduire à un simple protocole… Le ministre Blanquer veut imposer ses conceptions personnelles à l’ensemble d’une profession, celles des neurosciences. Et ce sans un quelconque débat contradictoire, sans évaluer de façon indépendante ni la pertinence ni l’efficacité de ces politiques éducatives, en tournant le dos aux apports des sciences cognitives et des sciences de l’éducation pour ne privilégier que le seul pan de la recherche lié aux neurosciences. La marotte du Ministre est d’imposer une neuropédagogie désincarnée qui réduit drastiquement les fondements de la liberté pédagogique.

De ce parti-pris, découle la systématisation d’évaluations nationales. Au prétexte encore une fois de la crise sanitaire et des conséquences de la fermeture des écoles pendant la période de confinement, le ministre les impose pour l’ensemble des niveaux scolaires à la rentrée 2020. Les évaluations ont montré leur violence institutionnelle envers les élèves et les enseignants; pire, elles ont aussi démontré leur très mauvaise conception et leur profonde inutilité. Ces évaluations standardisées engendrent un biais parfaitement identifié maintenant: le “teaching to the test”, c’est-à-dire adapter son enseignement aux seules perspectives des prochains tests. La généralisation du contrôle continu pour l’obtention du bac va de surcroît aggraver la situation de “bachotage permanent” à tous les échelons du système éducatif [...]


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