mardi 18 novembre 2008

Paroles d'enfants

Comment un enfant élevé dans le bruit, les sollicitations extérieures incessantes, le matraquage publicitaire et les injonctions éducatives diverses et variées pourrait-il devenir un être conscient, libre et responsable ?

Pour moi, la condition première à l’exercice de la citoyenneté est la prise de recul, la connexion en soi à ce qui est au-delà du temps, des modes, des cultures, à cette dimension atemporelle et universelle que l’on ignore aujourd’hui jusqu’au point de la nier et qui pourtant permet d’être authentique et solidaire. Et comment mieux accéder à cet espace de liberté intérieure, sans faire intervenir les concepts, les dogmes ou les croyances, autrement qu’à travers le silence ?

Il y a quelque chose de magique qui s’instaure lorsqu’une collectivité d’enfants (ou d’adultes) se tient, d’un commun accord, calme, immobile, les yeux fermés (ou ouverts) pendant quelques minutes ou même seulement quelques secondes. Tous face au mystère de la vie en soi, le mental baissant la garde de son orgueil dans le silence partagé. Quand on ré-ouvre les yeux ou que l’on se remet en action, un recul s’est opéré, on y voit plus clair, on relativise les situations vécues, on peut sentir ce que l’on a à faire ou pas. L’enfant exprime alors des paroles justes pleines de sens, de compréhension et de bienveillance. Il trouve son équilibre et contribue à mettre de l’harmonie dans l’espace social dans lequel il évolue.

Voici quelques phrases glanées auprès d’élèves de CP (6-7 ans) avec lesquels j’ai pratiqué un temps de silence en début de journée et à chaque fois que le besoin s’en faisait sentir pour calmer l’agitation ou aider un enfant au comportement difficile à se reprendre :

-J’avais froid et cela m’a réchauffé le cœur.
-Ça me fait toujours la même chose : j’y vois sombre et après j’y vois plus clair.
-Je suis comme dans mon lit.
-Mon cœur s’est ouvert.
-Ça m’a bien réveillé.
-Ça m’a beaucoup éveillé.
-J’ai senti mon cœur s’agrandir de plus en plus.
-J’ai senti mon cœur s’agrandir encore plus.
-Ça m’a donné envie d’être sage.
-Ça me fait quelque chose de doux.
-Ça m’a beaucoup relaxé.
-J’étais à l’aise.
- l’autre jour, mon papa (ou ma maman) était énervé(e), je lui ai fait faire le silence.
-Mon cœur m’a dit quelque chose d’important : si on est gentil avec les autres, il arrive des choses gentilles dans sa vie. Si on n’est pas gentil, il nous arrive des méchantes choses.
-Ça me donne des choses nouvelles comme : aimer tout le monde.
-Mon cœur m’a dit que j’allais respecter mon cœur et ça m’a reposé.
-Si on n’aime pas son cœur, on n’aime personne.
-Il faut faire l’harmonie, l’harmonie c’est quand on est tous ensemble et que l’on s’entend bien.
-Tellement ça m’a relaxé que j’avais les larmes aux yeux !
-Tellement que j’étais heureux, j’avais l’impression d’être allongé dans l’air !

Une étape est franchie quand les enfants intègrent la pratique du silence chez eux, dans leur quotidien, sans qu’il y ait besoin de le leur suggérer. Voici des témoignages d’enfants de CM2 (10-11 ans) :

-J’étais sur mon cheval, je n’arrivais pas à le guider, je me suis centrée et c’est allé mieux…
-Je n’arrivais pas à m’endormir, j’ai fait la relaxation.
-L’autre jour Sarah était à la maison, elle était toute excitée et l’on se disputait. Je lui ai apporté une chaise et je lui ai dit de faire l’exercice de la maîtresse… Sarah : Je l’ai fait et après on ne s’est plus disputé.
-Ma maman garde des petits enfants et elle n’aime pas quand ils sont excités avant de partir à l’école, je leur fais faire le silence avant de partir, je ne sais pas si je fais bien mais ça les calme.

Il est évident que ce genre de petit exercice que Maria Montessori appelait « la leçon de silence » n’est qu’un point de départ pour instaurer une autre humanité. Tout est à revoir de fond en comble, mais dans une journée d’école le silence constitue pour moi un axe autour duquel peuvent se greffer d’autres pratiques respectueuses de la liberté de conscience de l’enfant.

Diane

jeudi 13 novembre 2008

Lettre d'un instituteur à son inspecteur

Colomiers, le 6 novembre 2008

Monsieur l'Inspecteur,

Je vous écris cette lettre car aujourd'hui, en conscience, je ne puis plus me taire ! En conscience, je refuse d'obéir.

Depuis un an, au nom des indispensables réformes, un processus négatif de déconstruction de l'Education Nationale s'est engagé qui désespère de plus en plus d'enseignants. Dans la plus grande précipitation, sans aucune concertation digne de ce nom, au mépris de l'opinion des enseignants qui sont pourtant les « experts » du quotidien sur le terrain, les annonces médiatiques de « réformes » de l'école se succèdent, suscitant tantôt de l'inquiétude, tantôt de la colère, et surtout beaucoup de désenchantement et de découragement. La méthode est détestable. Elle témoigne de beaucoup de mépris et d'arrogance vis-à-vis de ceux qui sont les premiers concernés. La qualité d'une réforme se juge autant par son contenu que par la façon dont est elle est préparée, expliquée et mise en oeuvre. L'Education Nationale n'est pas l'armée ! Il n'y a pas d'un côté ceux qui décident et d'un autre côté ceux qui exécutent ! L'honneur de notre métier est aussi de faire œuvre de raison, de critique et de jugement.

Aujourd'hui, la coupe est pleine ! Le démantèlement pensé et organisé de l'Education Nationale n'est plus à démontrer tant les mesures décidées et imposées par ce gouvernement l'attestent au grand jour : des milliers de suppressions de postes qui aggravent une situation d'enseignement déjà difficile, la diminution du volume horaire hebdomadaire, la préférence accordée à la semaine de 4 jours, pourtant dénoncée par tous les chronobiologistes, l'alourdissement des programmes scolaires malgré une rhétorique qui prétend le contraire, la suppression des IUFM, la disparition annoncée des RASED alors qu'aucun bilan de leur action n'a été réalisé, la réaffectation dans les classes des enseignants travaillant pour les associations complémentaires de l'école, ce qui mettra à bas grand nombre de projets éducatifs dont l'utilité n'est plus à démontrer, la mise en place d'une agence chargée du remplacement avec l'utilisation de vacataires, la création des EPEP où les parents et les enseignants seront minoritaires dans le Conseil d'Administration, la dévalorisation du métier d'enseignant dans les écoles maternelles et les menaces qui pèsent sur celles-ci, la liste est longue des renoncements, des coupes franches et finalement des mauvais coups portés à notre système éducatif. Sans compter, ce qui m'est le plus insupportable, l'insistance à dénoncer le soit disant « pédagogisme », c'est-à-dire les mouvements pédagogiques qui, depuis des décennies, apportent des réponses innovantes, crédibles, raisonnables à l'échec scolaire.

Le démantèlement des fondements de l'Education Nationale est un processus que je ne peux accepter sans réagir. L'objet de ma lettre est de vous informer que je ne participerai pas à ce démantèlement. En conscience, je refuse de me prêter par ma collaboration active ou mon silence complice à la déconstruction d'un système, certes imparfait, mais qui a vocation à éduquer et instruire, à transmettre tout autant un « art de faire » qu'un « art de vivre », en donnant toutes ses chances à chaque élève, sans aucune distinction.

1. Les « nouveaux » programmes constituent une régression sans précédent. Ils tournent le dos à la pédagogie du projet qui permet aux élèves de s'impliquer dans les savoirs, de donner du sens à ce qu'ils font, de trouver des sources de motivation dans leur travail. Cette vision mécaniste et rétrograde des enseignements, qui privilégie l'apprentissage et la mémorisation, va certainement enfoncer les élèves en difficulté et accentuer l'échec scolaire. Ces programmes sont conçus pour pouvoir fournir des résultats « quantifiables, publiables et comparables » Or, « en éducation, tout n'est pas quantifiable, ni même évaluable en termes d'acquisitions immédiatement repérables ». (Philippe Meirieu). Nous sommes bien dans une logique d'entreprise et de libéralisation de l'école. Désormais, les enseignants seront évalués sur les progrès des acquis des élèves, c'est-à-dire sur la progression des résultats chiffrés. C'est notre liberté pédagogique qui est ainsi menacée. Dans la mesure où les programmes de 2002 n'ont fait l'objet d'aucune évaluation sérieuse et que d'autre part nous ne savons toujours pas qui a élaboré et rédigé les programmes 2008, d'ailleurs sans aucune concertation digne de ce nom, nous sommes en présence d'un déni de démocratie et de pédagogie. Pour toutes ces raisons, je considère que ces programmes sont totalement illégitimes. C'est pourquoi en conscience, j'ai décidé de ne pas les appliquer et de continuer à travailler dans l'esprit des programmes de 2002.


2. Tout particulièrement, je refuse de m'inscrire dans la logique d'une « Instruction morale et civique » aux relents passéistes. C'est une insulte faite aux enseignants et aux élèves de penser que l'inscription d'une règle de morale au tableau, apprise par cœur par les élèves, fera changer un tant soit peu leur comportement ! Aujourd'hui, plus que jamais nous avons besoin de mettre en place dans nos classes des dispositifs qui offrent aux élèves la possibilité de se connaître, de se rencontrer, d'échanger, de se respecter. Nous avons besoin d'une éducation au vivre ensemble, car si nous ne le faisons pas, qui le fera ? L'éducation citoyenne est l'un des piliers de l'école pour construire une société ouverte, démocratique et libérée de l'emprise de la violence. La priorité aujourd'hui est d'apprendre aux élèves à se respecter, à réguler positivement les inévitables conflits du quotidien par la parole, la coopération, la médiation. Aujourd'hui, comme hier, en conscience, j'ai fait le choix d'une éducation citoyenne qui permette aux élèves de découvrir leur potentiel créatif et émotionnel au service du mieux vivre ensemble.


3. La réduction du volume horaire de la semaine scolaire de 26h à 24h apporte des bouleversements tels dans l'organisation des écoles, qu'il faut aujourd'hui parler de désorganisation structurelle. Le dispositif d'aide personnalisée pour « les élèves en difficulté » n'est qu'un prétexte démagogique pour supprimer les RASED. Ce dispositif porte un coup fatal à la crédibilité du métier d'enseignant. En effet, de nombreuses expériences pédagogiques d'hier et d'aujourd'hui ont montré et montrent que la difficulté scolaire se traite avec efficacité avec l'ensemble du groupe-classe, dans des dynamiques de coopération, de tutorat, de travail différencié, d'ateliers de besoin, etc. Le dispositif actuel considère que la difficulté doit être traitée de façon « médicale », avec un remède individuel, en dehors de toute motivation et de tout projet de classe. C'est une grave erreur. Ce dispositif est une faute contre l'esprit et la pédagogie. Dès la rentrée, en conscience, je n'appliquerai pas ce dispositif d'aide personnalisée tel qu'il est actuellement organisé. Ces deux heures seront mises à profit pour mener à bien un projet théâtre avec tous les élèves de la classe, répartis en demi-groupe, le mardi et le vendredi de 15h30 à 16h30, ceci avec l'accord des parents.


4. Les stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires à destination des élèves de CM1 et CM2 sont eux aussi des dispositifs scandaleux et démagogiques destinés à caresser l'opinion publique dans le sens du poil. Mis en place sous le motif populiste qu'il est anormal que seuls les riches peuvent se payer des heures de soutien scolaire (dixit notre ministre), ces stages dont certains ne seront pas animés par des enseignants, ne règleront en rien l'échec scolaire. Ils sont destinés à appâter les enseignants qui souhaitent effectuer des heures supplémentaires avec bonne conscience, alors que dans le même temps des milliers de postes sont supprimés, aggravant ainsi les conditions de travail dans les écoles. Parce que je respecte profondément les élèves qui ont des difficultés et leurs parents et que je suis persuadé que ce dispositif est néfaste, je continuerai à refuser de transmettre des listes d'élèves pour les stages de remise à niveau.

5. La loi sur le service minimum d'accueil dans les écoles les jours de grève n'est pas autre chose qu'une loi de remise en question des modalités d'application du droit de grève. Il est demandé aux enseignants de se déclarer gréviste 48h avant la grève afin que ce service minimum d'accueil puisse se mettre en place. Ce qui signifie clairement que les enseignants doivent collaborer à la remise en cause du droit de grève ! On ne saurait être plus cynique ! La commune de Colomiers ayant décidé de ne pas organiser ce service minimum d'accueil les jours de grève, il devient inutile de se déclarer 48h avant. En conscience, je ne me déclarerai pas gréviste à l'administration et j'informerai les parents trois jours avant de mon intention de faire grève.

Dans son dernier ouvrage, « Pédagogie : le devoir de résister », Philippe Meirieu écrit : « Nous avons le devoir de résister : résister, à notre échelle et partout où c'est possible, à tout ce qui humilie, assujettit et sépare. Pour transmettre ce qui grandit, libère et réunit. Notre liberté pédagogique, c'est celle de la pédagogie de la liberté. […] Nous n'avons rien à lâcher sur ces principes pédagogiques. Car ils ne relèvent pas de choix passagers de majorités politiques, mais bien de ce qui fonde, en deçà de toutes les circulaires et de toutes les réformes, le métier de professeur dans une société démocratique.

Et devant les errances de la modernité, le professeur n'a rien à rabattre de ses ambitions, bien au contraire… Face à la dictature de l'immédiateté, il doit travailler sur la temporalité. Quand, partout, on exalte la pulsion, il doit permettre l'émergence du désir. Contre les rapports de force institués, il doit promouvoir la recherche de la vérité et du bien commun. Pour contrecarrer la marchandisation de notre monde, il doit défendre le partage de la culture. Afin d'éviter la sélection par l'échec, il doit incarner l'exigence pour tous.

Personne ne prétend que la tâche est facile. Elle requiert détermination et inventivité. Echanges, solidarité et travail en équipe. Elle exige du courage. Et la force de nager à contre-courant. Il ne faut pas avoir peur de la marginalité. Car, plus que jamais et selon la belle formule de Jean-Luc Godard, « c'est la marge qui tient la page. »

Si aujourd'hui je décide d'entrer en résistance et même en désobéissance, c'est par nécessité. Pour faire ce métier, il est important de le faire avec conviction et motivation. C'est parce que je ne pourrais plus concilier liberté pédagogique, plaisir d'enseigner et esprit de responsabilité qu'il est de mon devoir de refuser d'appliquer ces mesures que je dénonce. Je fais ce choix en pleine connaissance des risques que je prends, mais surtout dans l'espérance que cette résistance portera ces fruits. J'espère que, collectivement, nous empêcherons la mise en œuvre de ces prétendues réformes. Cette action est une action constructive car dans le même temps il s'agit aussi de mettre en place des alternatives pédagogiques concrètes, raisonnables et efficaces.

Monsieur l'Inspecteur, vous l'avez compris, cette lettre n'est pas dirigée contre vous, ni votre fonction, mais je me dois de vous l'adresser et de la faire connaître. Le propre de l'esprit responsable est d'agir à visage découvert, sans faux-fuyant, en assumant les risques inhérents à cette action. C'est ce que je fais aujourd'hui.

Je vous prie de recevoir, Monsieur l'Inspecteur, l'assurance de mes sentiments déterminés et respectueux.


Alain REFALO
Professeur des écoles
Ecole Jules Ferry, Colomiers (31)

Laissez-moi devenir ce que je choisis d'être

Extrait de "Mon utopie" par Albert Jacquard

L’actualité apporte plutôt des exemples d’enfermement dans la logique sécuritaire. Le plus inquiétant est donné par les recherches en vue de dépister le plus tôt possible les enfants « à risque », c’est-à-dire susceptibles de devenir des délinquants. Dès l’école maternelle, quelques experts seront chargés de cette détection qui permettra de surveiller avec une particulière attention les individus potentiellement dangereux, ou même de les soumettre préventivement à des traitements médicaux. Ainsi l’ordre sera préservé.
C’est exactement la société que prévoyait Aldous Huxley dans son roman Le Meilleur des mondes, une humanité où chacun serait défini, catalogué, mis aux normes. Le concept même de personne autonome, capable d’exercer sa liberté, disparaîtrait. Un des aspects les plus insupportables de ce projet, tel qu’il a été présenté par la presse, est l’établissement d’un document qui suivra le jeune au long de sa scolarité : inscrit dans un registre ou sur un disque d’ordinateur, ce document, avatar du casier judiciaire, permettra, au moindre incident, d’exhumer son passé. S’il est pris à dix-sept ans à faire l’école buissonnière ou à taguer un mur du lycée, ce comportement pourra être rapproché de son instabilité caractérielle déjà notée au cours préparatoire. Cet enfermement dans un destin imposé par le regard des autres est intolérable, il est une atteinte à ce qu’il y a de plus précieux dans l’aventure humaine : la possibilité de devenir autre.
Notre parcours n’est pas déjà écrit, demain n’existe pas. A chacun de le faire advenir. Laissons la prédestination à quelques théologiens, soyons conscients et aidons les autres à devenir conscients qu’en face de nous la page est blanche.
J’ai raconté au début de ce livre comment, passant durant l’Occupation sans livret scolaire d’un lycée à un autre, j’ai saisi au bond l’occasion de changer la définition que les autres donnaient de moi. J’en ai gardé la conviction que la liberté de chacun ne peut s’épanouir que si la société ne possède pas trop d’informations sur lui. « Je suis celui que l’on me croit », dit un personnage de Pirandello. Mieux encore serait : « Laissez-moi devenir ce que je choisis d’être. »

Non à l'éducation biométrique

Des citoyens, parents d’élèves et organisations français dénoncent la mise en place de bornes biométriques dans certains établissements scolaires de l’Hérault où des machines destinées à reconnaître le contour de la main conditionnent l’accès des enfants aux cantines scolaires.

Nous, citoyens, parents d’élèves, organisations signataires de ce texte, dénonçons la mise en place de bornes biométriques dans certains établissements scolaires de l’Hérault où des machines destinées à reconnaître le contour de la main conditionnent l’accès des enfants aux cantines scolaires.
En dépossédant les enfants de l’usage de leur nom patronymique, cette technique réduit dangereusement l’identité de chacun à un simple code basé sur l’enregistrement d’une particularité physique. Par ailleurs, nous nous interrogeons sur l’utilité de ces bornes pour le bien-être des élèves et sur leur place dans le projet pédagogique. L’argument de la sécurité, de l’efficacité, mis en avant par les établissements, ne nous semble pas évident, bien au contraire.
Nos craintes sont décuplées par les liens éventuels de ces fichiers biométriques avec les autres fichiers utilisés dans l’Éducation nationale (Base-élèves pour le primaire, Sconet pour le secondaire), de même qu’avec les autres outils dits de surveillance, telles les caméras de vidéo. Les entreprises commercialisant les logiciels biométriques argumentent d’ailleurs sur la possibilité de croiser les fichiers de présence, de notes et de comportement avec celui de la cantine. Dans le cadre de la loi de prévention de la délinquance, ces données détenues par l’éducation nationale peuvent être partagées, entre autres, avec les services de police, les collectivités territoriales (mairies, conseil généraux), les organismes publics ou para-publics (CAF, bailleurs sociaux).
De plus, l’annonce récente du fichage des enfants de plus de 13 ans via le fichier Edvige 2ème version montre bien qu’une politique globale de fichage de la population est en cours, dans la continuité du fichier de police STIC dans lequel 25 millions de français sont enregistrés.
Pour nous l’éducation doit permettre l’épanouissement des enfants, dans le respect de leur intégrité physique et morale. L’école a pour mission d’éduquer à l’exercice de la liberté et non pas d’habituer les enfants à un contrôle social permanent. Les rapports humains, qui sont le propre d’une vie en société n’ont pas à être subordonnés au rapport à la machine.
Nous nous sommes donc réunis en collectif pour dénoncer et combattre l’installation de bornes biométriques dans les communautés éducatives.

Nous appelons les familles partout où les bornes biométriques ont été installées à refuser que leurs enfants utilisent ce genre de dispositif et qu’un système de remplacement soit mis en place, comme le prévoit la déclaration unique de la CNIL n° AU-009 d’avril 2006.

Vous invitons toutes les personnes préoccupées par ces questions-là à prendre contact avec le collectif qui apporte son soutien aux diverses initiatives de refus déjà en cours.

Le 3 octobre 2008, [Collectif « Non à l’éducation biométrique »], Citoyens, parents, organisations membres du collectif : Attac Cœur d’Hérault, CGA (Coordination des Groupes Anarchistes), CGT-SGPEN, CNT Éducation Santé-social 34, CUAL Montpellier, FCPE 34, FSU, Groupe Décroissance de Montpellier, LCR, LDH (Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen), le MAI, SAF (Syndicat des Avocats de France), SM (Syndicat de la Magistrature), SUD-Education 34, UD CGT 34.

Contact : nonaleducationbiometrique@gmail.com

Main basse sur l'école publique

« Main basse sur l'école publique «

Un livre d'Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi :
Xavier Darcos veut-il démanteler l'école publique ? Oui, répondent les auteurs d'un livre paru chez Demopolis.

Pour l'enseignant Eddy Khaldi et la journaliste Muriel Fitoussi, l'actuel ministre de l'Education nationale entend saper les bases de l'école publique républicaine et pousser peu à peu classes moyennes et supérieures vers le privé. Leur livre, "Main basse sur l'école publique", est, malheureusement, aussi étayé que convaincant.

Les auteurs se sont penchés sur la généalogie des idées qui marquent ce gouvernement, en matière d'éducation nationale. Celles-ci vont puiser dans un vivier idéologiquement marqué, qui emprunte aussi bien au Club de l'Horloge (extrême-droite) qu'à l'Opus Dei.

Catholiques conservateurs et droite ultra-libérale se sont rejoints, expliquent Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, pour prôner "le chèque éducation" (aux Etats-Unis, "school voucher"): un coupon donné à l'école de son choix. L'école remet le coupon au gouvernement, qui le convertit en argent. On se doute des conséquences d'une telle mesure : appauvrissement de l'école publique, enrichissement des écoles privées les plus prisées, baisse générale du niveau des enseignants, fin de toute mixité sociale.

Xavier Darcos s'est bien gardé, expliquent les auteurs, d'appliquer d'emblée une mesure si brutale. Pour affaiblir l'école publique et préparer les esprits, mieux vaut avancer masqué. Il s'agit d'abord, martèle le gouvernement, de faire des économies. Sans guère susciter de réaction, deux heures d'enseignement ont ainsi été supprimées cette année dans le primaire (le samedi matin). Suppression également de 11.200 postes d'enseignants dans l'Education nationale (13.500 prévus l'an prochain). Détail rarement souligné, mais relevé par nos auteurs (pages 69 et 78) : le gouvernement a ôté, en proportion, moins de postes dans le privé (les enseignants des écoles sous contrat sont payés par l'Etat), que dans le secteur public.

Insidieusement, l'argent public s'oriente de plus en plus vers l'enseignement privé, en particulier catholique. Et le mouvement ne date pas d'aujourd'hui : la loi sur la décentralisation du 13 août 2004 "impose aux communes de contribuer aux frais de scolarité des élèves qui résident sur leur territoire et sont inscrits dans une école privée située sur une autre commune". Une loi impulsée par Jean-Pierre Raffarin qui aurait prononcé en juin 1994, devant des personnels d'établissement catholique de Poitou-Charentes, cette phrase ahurissante : "Je ne serai pas le complice du développement de l'enseignement public" (page 142).

Autre concession de taille à la droite la plus réactionnaire : la suppression des IUFM, dénoncés depuis longtemps par celle-ci comme un nid de "pédagogistes" malfaisants. "L'économie réalisée par une telle opération se chiffre à près de 30.000 emplois de stagiaires, le volet IUFM du budget de l'éducation nationale étant purement et simplement supprimé, puisque la formation dispensée aux élèves-professeurs ne serait plus rémunérée". Conséquence incroyable : l'enseignement devient le seul métier qui ne nécessite pas de formation spécifique.

A ranger dans le même rayon, la pseudo-suppression de la carte scolaire. Comme il est difficile de pousser les murs, lycées et collèges publics cotés n'accueillent pas plus d'enfants. L'annonce gouvernementale d'"aménagement" de la carte scolaire a surtout multiplié les parents déçus, qui se sont rabattus (quand ils ont pu) sur les lycées et les collèges privés. Une déception qui ne doit rien au hasard : si l'on en croit les auteurs du livre, tel était le but de la manœuvre. "Devant le naufrage annoncé et comme précipité de l'Education nationale, ... l'école privée, bien que porteuse de ségrégation sociale, est en passe de devenir le nouvel eldorado de familles séduites par les slogans des marchands d'école, à longueur de palmarès et d'articles élogieux que, pourtant les statistiques officielles démentent."

Autant lire au plus vite cet ouvrage salutaire qui met en garde l'ensemble des parents contre l'asphyxie programmée de l'école républicaine. Certes, celle-ci ne saurait être exempte de critique et ne parvient pas toujours à mener à bien toutes ses missions. Mais elle tente de le faire, avec de moins en moins de moyens. L'école publique est encore un lieu de mixité sociale, et elle est seule à garantir un enseignement laïc, gratuit et obligatoire. Un héritage républicain en voie de liquidation.

http://culture.france2.fr/livres/essais/46682721-fr.php -> "Main basse sur l'école publique" Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi (Demopolis, 20 euros) Ce livre a déjà fait l'objet d'articles dans Le Monde diplomatique de septembre 2008 , Charlie hebdo n° 845 et Le Monde du 29 août 2008 , Le Canard Enchainé du 10 septembre 2008.

Les bases spirituelles de l'éducation

Par Rudolf Steiner

On dirait volontiers : amener justement l'enfant à développer en lui-même et de la façon juste des impulsions morales, c'est là la question la plus importante et la plus grande de l'éducation. Mais nous ne lui communiquons pas d'impulsions morales si nous lui donnons des ordres : c'est cela que tu dois faire, ce doit être ainsi, c'est bien ainsi - et si nous voulons, en faisant appel à son intellect, lui démontrer que c'est bien ainsi. Ou bien en lui disant encore : ceci est mauvais, c'est mal, tu ne dois pas le faire - et en lui démontrant que c'est mal. L'attitude de l'être humain vis-à-vis du bien et du mal, de l'ordre moral universel, doit s'éveiller d'abord. Et cet éveil n'a lieu que lorsqu'avec la puberté le système rythmique a accompli sa tâche essentielle en vue de l'évolution de l'être et que l'intellect est alors mûr pour se déployer complètement. C'est alors seulement que les impulsions morales justes se manifestent dans l'être humain avec la force nécessaire, lorsque, ayant atteint la bonne maturité, il ressent la satisfaction intérieure de pouvoir se former un jugement moral devant l'existence elle-même. II ne s'agit pas de transmettre des jugements moraux, mais de cultiver les germes d'où naîtront les forces morales individuelles. On ne doit pas inoculer à l'enfant de jugement moral. On doit le préparer de telle façon que lorsque, à la puberté, la pleine faculté de jugement s'éveille, il puisse se former lui-même son propre jugement en observant la vie. C'est ce dont on reste le plus éloigné lorsqu'on transmet à l'enfant un commandement tout fait.
On y parvient, par contre, en agissant par l'exemple ou en lui montrant des exemples. Qu'on donne à l'enfant des images du bien en lui décrivant des êtres qui ont été bons ou le sont encore ou grâce à une imagination qui sache modeler des êtres bons. Ainsi le système rythmique participe en l'enfant à l’appréhension du bien. L'enfant ressent des sentiments fluant et refluant, dont les vibrations se prolongent subtilement dans le système rythmique. Et parce qu'à cette phase de la vie le système rythmique est en lui particulièrement actif, il développe le goût du bien et le dégoût du mal. Il n'est pas fait appel à l'intellect, mais à la sympathie envers le bien dont l'image se présente à son âme, et à l'antipathie envers le mal.
Son âme est alors préparée de telle façon que le jugement affectif peut plus tard, lorsqu'il grandit, mûrir pour devenir un jugement intellectuel. Ce qui importe, ce n’est pas d'inculquer le « tu dois», mais d'éveiller en l'enfant un jugement esthétique, si bien que le bien lui plaît, lui est sympathique et qu'il ressent vis-à-vis du mal du déplaisir, de l'antipathie, lorsque sa sensibilité perçoit les faits d'ordre moral.
II v a une grande différence entre ce comportement et l'action exercée sur l'intellect par des formules de commandement abstraites, qui parleront plus tard à l'enfant lorsqu'il aura dépassé l'âge où l'on est éduqué, lorsqu'il sera déjà un homme qui reçoit les leçons de la vie. En l'organisation humaine, quelque chose s'étiole lorsque l'être n'est pas préparé à ressentir au bon moment la satisfaction intérieure que lui procure l’éveil de sa force morale. Si l'on procède autrement que comme il vient d'être exposé, il ne s'éveillera pas à la réalité morale et ne pourra avoir à l'âge correspondant qu'un souvenir abstrait de ces commandements moraux valables pour d'autres. L'enfant y est correctement préparé pendant la période de sa vie que domine le rythme lorsqu'on l'amène à ressentir un plaisir esthétique devant le bien, un dégoût devant le mal, car c'est dans cette sensibilité que réside le germe à partir duquel se développeront les facultés intellectuelles. Un jugement intellectuel développé directement est comme une fleur qu'on a coupée de sa tige et de sa racine.
Lorsque, après la puberté, l'enfant s'éveille en ne disposant que des jugements moraux intellectuels tout faits dont il a un souvenir, il se sent intérieurement comme devenu esclave. I1 ne se le dit peut-être pas, mais il lui manque pour le reste de sa vie cette expérience si importante qui s exprime par un sentiment assourdi : la réalité morale a été éveillée en moi par la vie; j'ai développé moi-même en moi le jugement moral, il est mien.

Source : Extrait du livre "Les bases spirituelles de l'éducation", Editions TRIADES Poche
http://www.editions-triades.com/

Respect et coopération pour un apprentissage de la citoyenneté

Je rejoins les propositions de Béatrice qui a un fonctionnement assez proche du mien : je pense en effet que le meilleur moyen de faire comprendre ce que c'est « être citoyen responsable » c'est d'exercer , au moins en partie, cette fonction . Pour ça, les pistes sont nombreuses quand on veut bien se donner la peine d'y réfléchir :
- il existe effectivement de nombreuses pistes pédagogiques qui permettent aux enfants d'exercer leur esprit critique et de faire des propositions réfléchies ( il ne s'agit pas seulement de critiquer ou dénoncer , mais de proposer autre chose) : ça commence par des conseils d'enfants dans la classe où l'on discute de ce qui ne va pas et de ce que l'on peut améliorer ( mais attention, il ne s'agit pas d' un bureau des plaintes, mais d'un espace de décision : on ne discute que de ce qui concerne au moins une partie de la classe, on ne change de sujet que quand on a trouvé une solution collective que la majorité accepte) ; on propose des projets et on se donne les moyens d'y arriver ( y compris la recherche de solutions financières si nécessaire ). ce sont les élèves eux-même qui président, distribuent la parole , et l'attitude des enfants, dans ces conseils qui les concernent directement , est significative : ils sont dignes, respectueux les uns des autres, et souvent plus attentifs qu'en classe ! Et ils ont plein de bonnes idées qu'ils accomplissent d'autant plus facilement que ça vient d'eux ! ( c'est reposant pour la maîtresse !)
- En classe toujours, j'utilise aussi un outil de l'OCCE ( Office de la Coopération à l'Ecole, qui d'ailleurs propose une réflexion et des actions qui souvent vont dans le sens dont nous parlons ) : l'agenda coopératif qui propose des activités pour développer l'estime de soi de chacun, qui est essentielle : quelque soit l'espace de liberté que vous proposez aux enfants, ils ne pourront en prendre possession que s' ils ont suffisamment confiance en eux.
- D'autres opérations à l'extérieur de la classe peuvent effectivement permettre de développer des attitudes citoyennes et constructives : parlement des enfants, semaine de la presse, concours d'écriture ... mais plus que l'opération elle-même, c'est la façon dont on l'aborde avec les enfants qui est importante. Les enfants sont au maximum acteurs, donc responsables du bon déroulement et de la réussite de leur projet . C'est à dire qu'ils sont impliqués . Le projet est collectif, les risques sont partagés mais personne n'est porté, chacun a son rôle et le tout dépend de la réussite de chacun . Quand les enfants se sentent responsables de leur projet ( y compris leur projet d'apprentissage, car n'oublions pas que nous sommes à l'école) , ils progressent ( on en revient au principe de liberté : « on n'apprend rien sans motivation ») .
- En classe, les enfants( de CM) sont responsables d'une tâche à la semaine . Ils sont aussi médiateurs auprès des petits dans la cour , ils ont des droits supplémentaires s'ils respectent bien la règle et se montrent responsables; ils sont aussi responsables de leur travail, ont des contrats à remplir ... bref, ils sont mis en position d'acteurs, pas de récepteurs . Quand des enfants ont du mal à respecter la règle, on les aide et on les conseille, on les encourage avant de les sanctionner . (la loi est fondatrice, c'est à dire que nul ne peut s'y opposer, ...y compris la maîtresse ). La sanction n'est pas absente ( dans la société non plus) mais elle est au maximum dans une logique de réparation de la faute .
Enfin le respect est fondamental : j'ai le droit de ne pas être d'accord, mais il m'est interdit de l'exprimer violemment, et je ne peux rien exiger sous la contrainte quelle qu'elle soit : menaces, chantages, promesses, sinon ce n'est pas valable.

Bref, je n'ai rien inventé, j'ai lu les ouvrages d'un certain nombre de pédagogues, je fais « ma sauce » avec ces apports, mes convictions, les « ordres » du ministère ( dans lesquels je fais aussi mes propres choix, que j'assume pleinement, mais toujours ce que je pense être dans l'intérêt de l'enfant avant tout ). Ce n'est pas toujours simple mais quand on parvient à appliquer (tant bien que mal, nous avons nous aussi nos contradictions ...) cette façon d'agir, d'enseigner, on arrive à avoir des enfants heureux de venir, d'apprendre, de s'investir, d'être là. Bien sûr, ce n'est pas gagné à tous les coups, bien sûr ça demande du travail et de l'humilité, mais quel bonheur quand un gamin qu'on croyait « éteint » se remet à pétiller !

Isabelle

Pour une école démocratique et citoyenne

Je suis enseignante en CM2. Je suis extrêmement vigilante à ce que les élèves de ma classe ne deviennent pas des moutons, ne soient pas des enfants que l'on gave... Je considère ma classe non pas comme un groupe d'élèves mais comme une société démocratique avec ses droits et ses devoirs.
Je ne me considère pas uniquement comme un transmetteur de savoir mais aussi comme une éducatrice. Malheureusement, éduquer pour beaucoup signifie seulement apprendre à dire "bonjour", "merci".
Selon moi, éduquer dans une classe, c'est apprendre aux élèves à vivre en collectivité, à coopérer, à respecter les autres, leur parole, leurs différences, à devenir eux-mêmes...
Je crois qu'effectivement on leur communique parfois des idées, des valeurs différentes de celles de la maison, de la société... Je m'interroge parfois sur mon action : est-ce que je suis un guide ou est-ce que je transmets mes valeurs, est-ce que je les impose ? Finalement, je crois qu'il est bon aussi de faire partager d'autres valeurs, d'aller à l'encontre de ce que propose la société. On est dans un monde où l’on expulse des gens, où l’on est en compétition permanente, où il faut écraser le voisin pour réussir, où tout va vite... Je n'ai pas peur ni honte de parler de racisme, de leur demander de coopérer, de s'entraider, de prendre le temps..., d'aller donc à l'encontre de la société.
Il est vrai qu'il faut faire le deuil de tout modifier, de tout transformer mais je sais que même si certains de mes élèves vivent dans un milieu où les valeurs, les discours sont opposés à ce que je pense et dis, ils auront entendu autre chose et ils pourront peut-être un jour faire un choix, se positionner...
Jaurès disait: "on n'enseigne pas ce que l'on sait, mais on enseigne ce que l'on est." Je crois très fort à cela.
En ce qui concerne les outils plus concrets :

* je pose le cadre en premier lieu. Je travaille donc la loi, le règlement intérieur de l'école ; nous construisons le règlement de la classe en termes de droit et de devoir. Ce cadre est pour moi essentiel car il est garant de la sécurité, du respect... Ce cadre vit tout au long de l'année. Je reprends par le débat les entorses au règlement. Je suis persuadée que ce n'est pas en répétant des maximes que l'on intègre les notions de Loi, de droit et de devoir mais en vivant la démocratie. Vivre la démocratie pour des élèves, c'est être dans une classe où l’on peut faire des choix, où l'on a des devoirs mais aussi des droits. On en vient donc au deuxième impératif qui pour moi est la parole :

* Les élèves ont le droit de s'exprimer, de proposer des projets, de participer à la vie de la classe, de faire des choix, de ne pas être d'accord. Il y a dans la classe du non négociable (venir ou pas à l'école, ne pas respecter les autres...) mais aussi du négociable. Cela passe par des conseils d'élèves une fois par semaine, par des débats philosophiques, par la pédagogie de la coopération, par la pédagogie institutionnelle.

Je participe à de nombreux projets qui me permettent d'éduquer les élèves et de leur permettre de devenir des citoyens éclairés (du moins je l'espère) : venue de personnes handicapées dans la classe, semaine de la presse et éducation à l'image, participation à un conseil municipal des enfants... Je saisis toutes ces occasions.
Je suis donc à l'encontre de ce que proposent les nouveaux programmes mais je l'assume et je le revendique. Je me moque de ne pas satisfaire la société (et au contraire, je n'ai pas à le faire selon moi, vu l'état de la société actuelle qui laisse des milliers de gens au bord du chemin). Quant aux parents avec lesquels je communique beaucoup par le biais de rencontres, de mots explicatifs de mes projets... ils acceptent une telle pédagogie.
J'ai souhaité donner mon point de vue car il me paraît essentiel de lutter pour conserver une école de qualité. J'ai livré mes idées un peu en vrac comme elles me venaient: j'espère que je suis malgré tout claire et lisible. J'ai tenté de donner quelques outils concrets mais il est difficile de tout dire en un message.
Je revendique le fait de faire dans ma classe ce que certains appellent du "pédagogisme" et je me reconnais aussi dans le travaux de Meirieu mais aussi Oury, Freinet... qui ne peuvent que se retourner dans leurs tombes.

Béatrice

APPEL A TEMOIGNAGES

Dans cette rubrique sont mis en ligne des témoignages qui proposent des pistes éducatives concrètes aux acteurs qui souhaitent aller dans un autre sens que celui dicté par la société actuelle.
Pour nous faire partager votre expérience écrivez à : r.i.r.e@orange .fr