vendredi 15 mars 2019

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (22)

Par Laure (maman de C., 6 ans et de J., 4 ans)

C. vient de rentrer au CP et c'était une petite réservée et plutôt introvertie. Au fil des années, elle a su écouter son cœur grâce à La leçon de Professeur Hibou*.
Peu après la rentrée scolaire, C. répondait beaucoup à son papa et à sa maman. Un soir après avoir bien discuté avec elle de son comportement, elle m'a demandé un gâté et je lui ai demandé si elle pensait le mériter. Elle a répondu "je ne sais pas". Alors, je lui ai demandé ce que son petit cœur en pensait. Elle m'a dit : « Mon petit cœur pense que non, je n'ai pas été sage et je ne t'ai pas écouté. Et c'est pas bien. » C. ne parle plus du Professeur Hibou mais par contre elle écoute son cœur pour savoir si ce qu'elle fait est bon ou pas bon et elle change de comportement. Lorsque son petit frère J. n'écoute pas, elle prend le livre et lui explique l'histoire et lui demande de fermer ses yeux et d'écouter son cœur. Ensuite, elle lui demande si c'est bien de faire des caprices ou des bêtises et J. répond non.
C. a beaucoup évolué suite à La leçon de Professeur Hibou, elle lui a appris à se centrer sur ce qu'elle ressentait et surtout à prendre des décisions seule sans attendre la réponse de ses copines.


* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS


dimanche 3 mars 2019

Paroles d'enfants à partir du silence


Comment un enfant élevé dans le bruit, les sollicitations extérieures incessantes, le matraquage publicitaire et les injonctions éducatives diverses et variées pourrait-il devenir un être conscient, libre et responsable ?

Pour moi, la condition première à l’exercice de la citoyenneté est la prise de recul, la connexion en soi à ce qui est au-delà du temps, des modes, des cultures, à cette dimension atemporelle et universelle que l’on ignore aujourd’hui jusqu’au point de la nier et qui pourtant permet d’être authentique et solidaire. Et comment mieux accéder à cet espace de liberté intérieure, sans faire intervenir les concepts, les dogmes ou les croyances, autrement qu’à travers le silence ?

Il y a quelque chose de magique qui s’instaure lorsqu’une collectivité d’enfants (ou d’adultes) se tient, d’un commun accord, calme, immobile, les yeux fermés (ou ouverts) pendant quelques minutes ou même seulement quelques secondes. Tous face au mystère de la vie en soi, le mental baissant la garde de son orgueil dans le silence partagé. Quand on ré- ouvre les yeux ou que l’on se remet en action, un recul s’est opéré, on y voit plus clair, on relativise les situations vécues, on peut sentir ce que l’on a à faire ou à ne pas faire. L’enfant exprime alors des paroles justes pleines de sens, de compréhension et de bienveillance. Il trouve son équilibre et contribue à mettre de l’harmonie dans l’espace social dans lequel il évolue.

Voici quelques phrases glanées auprès d’élèves de CP (6-7 ans) avec lesquels j’ai pratiqué un temps de silence en début de journée et à chaque fois que le besoin s’en faisait sentir pour calmer l’agitation ou aider un enfant au comportement difficile à se reprendre :

- J’avais froid et cela m’a réchauffé le cœur.
- Ça me fait toujours la même chose : j’y vois sombre et après j’y vois plus clair.
- Je suis comme dans mon lit.
- Mon cœur s’est ouvert.
- Ça m’a bien réveillé.
- Ça m’a beaucoup éveillé.
- J’ai senti mon cœur s’agrandir de plus en plus.
- J’ai senti mon cœur s’agrandir encore plus.
- Ça m’a donné envie d’être sage.
- Ça me fait quelque chose de doux.
- Ça m’a beaucoup relaxé.
- J’étais à l’aise.
- l’autre jour, mon papa (ou ma maman) était énervé(e), je lui ai fait faire le silence.
- Mon cœur m’a dit quelque chose d’important : si on est gentil avec les autres, il arrive des      choses gentilles dans sa vie. Si on n’est pas gentil, il nous arrive des méchantes choses.
- Ça me donne des choses nouvelles comme : aimer tout le monde.
- Mon cœur m’a dit que j’allais respecter mon cœur et ça m’a reposé.
- Si on n’aime pas son cœur, on n’aime personne.
- Il faut faire l’harmonie, l’harmonie c’est quand on est tous ensemble et que l’on s’entend bien.
- Tellement ça m’a relaxé que j’avais les larmes aux yeux !
- Tellement que j’étais heureux, j’avais l’impression d’être allongé dans l’air !

Une étape est franchie quand les enfants intègrent la pratique du silence chez eux, dans leur quotidien, sans qu’il y ait besoin de le leur suggérer. Voici des témoignages d’enfants de CM2 (10-11 ans) :
- J’étais sur mon cheval, je n’arrivais pas à le guider, je me suis centrée et c’est allé mieux…
- Je n’arrivais pas à m’endormir, j’ai fait la relaxation.
- L’autre jour Sarah était à la maison, elle était toute excitée et l’on se disputait. Je lui ai apporté une chaise et je lui ai dit de faire l’exercice de la maîtresse… Sarah : Je l’ai fait et après on ne s’est plus disputé.
- Ma maman garde des petits enfants et elle n’aime pas quand ils sont excités avant de partir à l’école, je leur fais faire le silence avant de partir, je ne sais pas si je fais bien mais ça les calme.

Il est évident que ce genre de petit exercice n’est qu’un point de départ pour faire naître une autre humanité. Tout est à revoir de fond en comble, mais dans une journée d’école, le silence constitue pour moi un axe autour duquel peuvent se greffer d’autres pratiques respectueuses de la liberté de conscience de l’enfant.
Diane

Réflexions sur l’enseignement en classe

Par Hedwig Schär

Que se passe-t-il pendant l’enseignement en commun dans la classe? Voici quelques-unes de mes réflexions.
Dans ma classe du premier cycle, j’ai la chance d’enseigner à la moitié de la classe pendant quelques heures par semaine. Dans ces moments, les enfants s’installent sur leurs chaises en formant un cercle. Ainsi tous les enfants se trouvent dans mon champ visuel. A ma droite et à ma gauche, je place les enfants ayant besoin de ma proximité pour pouvoir se concentrer. Ensemble, nous travaillons le sujet actuel avec divers matériaux ou sur une grande feuille. Chaque enfant peut participer à sa façon: actif ou en suivant calmement nos réflexions.
Une bonne préparation didactique de la leçon demeure la condition indispensable à l’enseignement. La matière doit être transmise d’une manière précise en petites étapes afin que tous les enfants puissent suivre. Il faut que chaque phase soit bien comprise, avant d’entamer la prochaine. Si j’observe qu’un enfant ne comprend pas une des phases, je m’en souviens, et j’y reviens – si nécessaire – pendant que les autres enfants  [...]


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À qui profite la paix scolaire ?

Des établissements confessionnels aux fonds de pension


Par Laura Raim

Vendre un service sans avoir à supporter le « coût du travail » : n’est-ce pas le rêve de tout actionnaire ? Ce rêve est devenu réalité pour certains fonds d’investissement, qui placent leur argent dans des écoles privées françaises dont les enseignants restent rémunérés par l’éducation nationale. Un état de fait qui n’est toutefois qu’un indice de la séduction croissante exercée par l’enseignement privé.

Le fonds Providence Equity Partners peut se vanter d’avoir mis la main sur une affaire rentable : pour cette rentrée, l’École internationale bilingue (EIB) de Paris facture la scolarité 6 495 euros par élève, mais elle ne débourse pas un centime pour les salaires des professeurs. L’astuce est simple : le lycée EIB Étoile est une école privée sous contrat d’association avec l’État. La loi Debré, en 1959, a en effet associé la plupart des établissements privés au service public de l’éducation. Les prétextes invoqués alors étaient la nécessité de faire face à l’afflux des enfants du baby-boom ainsi qu’à l’allongement de la scolarité obligatoire (jusqu’à 16 ans), et de mettre fin à la guerre entre l’école publique et l’école privée — essentiellement catholique.

Depuis, tout établissement privé peut, au bout de cinq ans d’existence, demander à être lié à l’État par un contrat, à condition qu’un « besoin scolaire » soit reconnu dans son périmètre géographique. Alors que les collectivités locales et l’État contribuent à ses dépenses de fonctionnement dans les mêmes conditions que pour le public, il peut exiger des frais de scolarité et sélectionner ses enseignants, pourtant rémunérés par l’État. En revanche, il supporte seul l’essentiel des charges d’investissement, les fonds publics ne pouvant dépasser sur ce point 10 % de ses dépenses annuelles, pour des besoins précisés par la loi.

En théorie, ces établissements, qui accueillent 17 % des élèves du premier et du second degré en France, doivent accepter tous les enfants. En pratique, la forte demande leur permet d’effectuer un tri. Cela explique en partie pourquoi beaucoup affichent de bons résultats : parmi les 195 lycées généraux et technologiques dont 100 % des élèves de terminale ont passé avec succès leur baccalauréat en 2015, presque 90 % relèvent du privé. Toutefois, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que, à profil socio-économique égal, les élèves du public obtiennent de meilleurs résultats dans les classements  [...]


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Alerte rouge : les services de proximité sont sinistrés ! Danger

Par Jean-Pierre Rosenczveig

Comment ne pas être a priori inquiet en relevant que depuis quatre ans le nombre d’enfants accueillis physiquement par l’Aide sociale à l’enfance a augmenté de presque 20 % passant 140 000 à 170 000 ? Le flux croissant de mineurs étrangers non accompagnés n’explique pas tout.

Comment rester indifférent devant le fait que le nombre de mineurs incarcérés ait singulièrement non augmenté passant de 700 en moyenne au 1er du mois à plus de 800 ? Là encore les mineurs étrangers accompagnés n’expliquent pas tout, loin de là.

En s’appuyant sur l’expérience on peut avancer une hypothèse. Ces réponses dures trahissent une défaillance relative, mais réelle, des dispositifs qui en amont doivent venir en soutien aux familles fragiles, aux parents comme aux enfants.

Presque tous les voyants sont, sinon au rouge, du moins à l’orange très vif – faut-il relever que les responsables publics chiffrent désormais à 3 millions sur 14 les enfants vivant sous le seuil de pauvreté ? – au point que très préoccupé pour les années à venir on se doit de tirer le signal d’alarme avant que la situation bascule à un point irréversible… [...]


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