dimanche 15 avril 2018

LA LEÇON DE PROFESSEUR HIBOU - Témoignage d'un parent d'élève (17)

Par Nathalie (maman de G., 6 ans et de L., 3 ans)

Nous pratiquons depuis plusieurs mois la leçon du Professeur Hibou* que notre fils G. de 6 ans a découverte en classe. Lorsqu’il se dispute avec sa sœur ou qu’il s’énerve, nous lui conseillons de se retirer dans sa chambre et de s’asseoir sur la chaise dédiée pour prendre un moment et écouter son cœur (nous avons collé juste au-dessus de cette chaise sur le mur la leçon du Professeur Hibou). Après un certain temps G. revient plus calme et nous explique que son cœur lui a indiqué qu’il ne fallait pas taper / s’énerver.

Sa petite sœur de 3 ans s’y est mise aussi et se rend volontiers sur la chaise lorsqu’on l’y invite.

Nous avons constaté que G. devenait petit à petit plus posé et plus empathique. Il trouve plus facilement des réponses par lui-même à des questionnements qu’il peut avoir. A titre d’exemple, G. prend des cours de batterie depuis plus d’un an. Il se plaignait régulièrement en y allant, me disant que ça ne lui plaisait pas. Un jour, je lui ai expliqué que nous l’avions inscrit à ces cours car c’est lui qui l’avait demandé à l’origine, mais que si vraiment son cœur lui disait qu’il fallait arrêter alors nous irions en parler à son professeur. Il a demandé à son cœur et la réponse était qu’il devait continuer. Ce jour là, son professeur de batterie m’a dit à la fin du cours qu’il n’avait jamais été aussi motivé. Depuis, G. ne se plaint plus avant d’aller à ses cours et, selon son professeur, il a vraiment « franchi un cap »!

Merci encore pour cette belle découverte ! 


* "La leçon de Professeur Hibou" - les ateliers de la plume EDITIONS


dimanche 1 avril 2018

«  L’histoire de l’humanité devient de plus en plus une course entre l’éducation et la catastrophe.  »  ( Herbert George Wells, écrivain, 1860-1945)

Et si j’étais un poisson ?


A la suite de la visite d’un club d’aquariophilie, avec mes élèves de maternelle, nous avons procédé à une visualisation en nous demandant quel poisson nous serions si nous étions nés dans la mer…

-        V. : J’étais un poisson-serpent. Dans une grotte, il y avait un diamant qui s’appelait « l’œil du diable ». J’ai essayé de le porter et je l’ai apporté dans ma maison d’algues.
-        E. : J’étais un petit poisson rose qui allait lentement et un peu plus vite.
-        L. : J’étais un poisson orange et rouge. Il était très gros, il n’arrivait pas à passer entre les algues.
-        T. : Mon poisson était rouge et grand comme un éléphant.
-        B. : Mon poisson était rouge, énorme, il se battait avec un requin.
-        J. : J’étais une sirène, j’habitais dans les algues avec mon papa.
-        G. : J’étais le poisson arc-en-ciel avec des paillettes, je nageais vite.
-        F. : J’ai vu un poisson requin, je l’ai habillé en fille.
-        M. : Il y avait un minuscule, minuscule poisson, il y avait un gros poisson qui est venu. La reine des sirènes a sauvé le petit poisson et l’a amené dans son royaume.
-        C. : J’ai vu un poisson-dinosaure avec une tête en bouclier et la nageoire de derrière avait plein de force. Il nageait très vite et aussi lentement. Il y avait des scorpions de mer.
-        M. : J’ai rencontré un dauphin. J’étais un poisson moyen, orange et il y avait un requin qui voulait me manger.
-        R. : J’étais un gros poisson multicolore. J’ai vu des coffres aux trésors, des sirènes, des requins, des dauphins, un bateau qui a coulé.
-        D.(enfant autiste) : Mon poisson était vert et tout petit.

Le tact, vertu du pédagogue

Eirick Prairat est membre de l’Institut universitaire de France (IUF). Il vient de publier chez ESF « Eduquer avec tact ».


Par Eirick Prairat

Le tact est primitivement le sens du toucher. Il n’est pas seulement ce par quoi nous découvrons les propriétés tangibles d’une chose (sa fluidité, sa mollesse, sa dureté, sa forme, sa température, sa sécheresse ou encore son humidité), il est aussi sensibilité, c’est-à-dire ce que l’on éprouve en touchant ladite chose. A la différence de la vue qui est un sens de la distance, il requiert le contact.

En un second sens, qui est celui qui nous intéresse ici, le tact est un art de juger et une manière de se conduire. Il est un art de juger qui conjugue finesse et justesse et une manière de se conduire attentive aux nuances et aux circonstances.

Une vertu de peu

La tradition philosophique ne l’a guère encensé. Il est vrai que le tact n’a pas de facette politique, il est peu spectaculaire et ne saurait rivaliser avec le courage, il n’a pas non plus la grandeur et le prestige de la générosité. Mais il est vertu, « presque » dit Renan, non bel et bien vertu.

Certes, c’est une vertu de peu, presque invisible, mais nous aurions tort de la sous-estimer ou de la négliger car elle se révèle et excelle dans le jeu des échanges et des interactions.

Le tact est souci du lien, c’est sans doute pour cette raison que le grand écrivain hongrois Imre Kertész n’hésite pas à dire que « dans les relations humaines, le tact est le maximum qu’on puisse atteindre ».

Bonnes manières ou manières bonnes ?
N’assimilons pas dans un geste de pensée un peu rapide le tact à la civilité, ils sont certes l’un et l’autre des attitudes qui manifestent qu’autrui compte et qu’à ce titre il mérite des égards. Mais ce qui d’emblée les démarque c’est que la civilité est respect des conventions et des usages alors que le tact se manifeste là où les préconisations viennent à manquer. On peut inventorier les règles de civilité pour en faire des traités, rien de tel avec le tact qui s’invente dans son effectuation même.

Avoir du tact : c’est faire preuve d’une juste attention aux choses et aux personnes, c’est être soucieux de nos manières de dire et faire. C’est moins avoir de bonnes manières que des manières bonnes et ce n’est pas jouer sur les mots que de parler ainsi. L’homme qui a du tact est le contraire même de l’homme maniéré car ce dernier joue sur les codes de la bonne conduite. L’homme de tact oppose à celui qui aime la forme pour la forme l’attachement éthique à la forme, manière attentionnée de s’avancer vers autrui [...]


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Jean-Michel BLANQUER bien peinard !

Par Bernard Collot

Certains s’étonnent du peu de réactions aux annonces de pseudo-réformes par le ministre de l’Education nationale Jean Michel Blanquer. Ce n’est pas si étonnant que cela :

Pas plus lui que tous ses prédécesseurs ne touche à l’architecture et la logique du système éducatif. D’ailleurs ce sont les réformes ou mini-réformes incompatibles avec cette architecture en chaine industrielle tayloriste qui, elles, ont provoqué des levées de boucliers, depuis le tiers-temps pédagogiques, en passant par la réforme des cycles jusqu’aux dernières tentatives concernant le collège. C’est presque normal, chacun sait que vouloir mettre un peu d’essence dans un moteur diésel ou l’inverse, ça ne marche pas.

Il se garde bien de mettre en débat la finalité de l’école, l’immense majorité du personnel de l’EN non plus, pas plus que l’immense majorité des familles. Voilà une énorme machine qui emprisonne toute la population enfantine d’un pays sans qu’on sache finalement pourquoi en dehors du fait que si elle n’existait pas on ne saurait pas quoi faire des enfants.

Pourtant ces finalités qui n’émanent pas d’une nation mais d’un État étaient bien clairement annoncées depuis Guizot ou Jules Ferry, ont été décortiquées par de nombreux analystes et leurs liaisons avec la société de marché parfaitement démontrées comme par exemple par Nico Hirt ou sur le site Q2C.

Oui, mais ! Mettre sur la table d’une nation, et pas seulement sur la table des experts et militants, les finalités de l’école, ce serait se les faire approprier par ceux directement concernés. On proclame bien que l’école doit être émancipatrice, enfin au moins quelques-uns, mais pas question d’émanciper ceux qui sont directement responsables du présent et du devenir de leurs enfants. On suppose une foire d’empoigne, on craint l’incompétence de la réflexion, bref on craint la démocratie [...]


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Le gouvernement veut privatiser l’enseignement des langues vivantes

Le 23 février dernier, le Premier Ministre se fendait d’un discours sur le commerce extérieur inquiétant quant à l’avenir qu’il dessinait pour l’enseignement des langues vivantes.


Par SUD Éducation

Une conception utilitariste des langues

Édouard Philippe déclare dans son discours que l’anglais est la « première langue de la mondialisation », qui permettra aux « Français [de] partir à la conquête du monde ». Au-delà du vocabulaire guerrier, les enseignant-e-s et les élèves seront ravi-e-s d’avoir la preuve que l’intérêt pour une langue vivante ne se mesure qu’à son utilité dans les relations commerciales.

Une certification confiée au privé
Comme les enseignant-e-s sont nécessairement incompétent-e-s, le baccalauréat nouvelle mouture ne suffira pas à attester d’un niveau de langue : Édouard Philippe annonce l’introduction d’une « logique d’attestation de niveau en langues étrangères » dès le lycée. Il s’agira de faire passer des certifications proposées par des organismes privés — le Premier Ministre donne lui-même des noms – qui seront « financées par l’État ». Financées par le public, délivrées et contrôlées par le secteur privé marchand : il s’agit d’une attaque directe contre le monopole d’État sur les diplômes qui garantit la limitation de la pénétration des entreprises dans l’éducation. Il s’agit également d’une expression de la défiance sans borne que nourrissent les membres du gouvernement à l’égard des enseignant-e-s [...]


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