mardi 3 juin 2014

Enseigner avec des projets ou laisser s'accomplir le programme de la vie


Tout dans l’univers répond à des lois connues ou inconnues, tout évolue selon une logique unitaire même si elle demeure invisible. Tout ce qui existe est en quelque sorte programmé pour être d’une certaine façon, pour remplir un rôle déterminé dans un ensemble et non un autre. Il en va de même pour l’être humain, mais ce qui lui est spécifique c’est qu’il peut dévier de son programme. Cette possibilité de s’autoprogrammer selon sa fantaisie ou de se laisser programmer par d’autres a toujours nourri la soif de pouvoir.

Un exemple frappant fut l’exploitation de la souffrance humaine par la promesse d’un paradis dans l’au-delà, emprise dont nous sortons à peine. De nos jours, l’espoir d’un avenir meilleur s’inscrit dans un futur proche plus accessible à l’imagination. Dans nos sociétés individualistes, cela se traduit, en particulier chez les jeunes, par la planification des principales étapes de son existence pour toucher au but ultime de la « réussite sociale ». On projette son couple -en s’aidant au besoin des agences sur Internet, son travail -en intégrant mobilité et flexibilité, puis on se marie, on fait construire une maison, on creuse une piscine et enfin, on prépare la chambre de bébé, sachant que l’on n’aura que l’embarras du choix pour la procréation en optant si possible pour un sexe, une couleur des yeux, bref, ce que l’on pourra se permettre d’acheter. Rendu là, on se consacrera à la programmation des vacances.

Pour un idéal de vie instillé par la « pensée unique », on vit coupé du présent et l’on affronte tout un tas d’embûches qui l’empêcheront en fin de compte de se réaliser. Pour alléger nos difficultés, nous en sommes à paramétrer des systèmes informatiques qui nous programmeront à leur tour. Le commerce des objets dits « connectés » est en plein essor pour nous donner l’illusion de vivre tout en menant l’existence d’un automate.

L’enseignement n’échappe pas à ce mode de fonctionnement, il en établit même le fondement : en faisant entrer l’école dans « l’ère du numérique », on ne va plus enseigner pour permettre aux jeunes générations de s’épanouir et de s’accomplir dans leur existence, mais on va les mener sur des parcours d’étude dans le but précis d’obtenir des résultats calibrés [...]

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