mardi 1 mai 2018

«L'éducation à la parole est le meilleur contrepoint au passage à l'acte»

Éducation - Interview de Philippe Mérieu, chercheur et écrivain, spécialiste des sciences de l'éducation. Il a, entre autres, publié «Éduquer après les attentats» aux éditions ESF en 2016.



Les actes de violence à l'école comme ceux survenus à l'école Jules Ferry de Colomiers et, à une autre échelle au lycée Gallieni de Toulouse, semblent, dans certains cas, prendre une tournure inquiétante ?

La violence scolaire ou la violence entre enfants, telle qu'elle est décrite dans «La guerre des boutons» était déjà assez sévère. Aujourd'hui, nous sommes face à un double phénomène qui est une augmentation de ces violences et, en même temps, une plus grande sensibilité à ces questions. Mais une sensibilité légitime et normale de la part des éducateurs. C'est extrêmement complexe à analyser. Quand cette violence se passe dans l'école, c'est le signe que la clôture entre la société et l'école a partiellement volé en éclats. Avant, l'école était un lieu relativement sacré dans lequel, quand on entrait, on mettait entre parenthèses ses antipathies personnelles. Aujourd'hui, elle est beaucoup plus poreuse aux questions individuelles, aux questions sociales, sociétales, aux conflits ethniques et religieux. Cette clôture scolaire ne fonctionne plus comme elle a fonctionné auparavant. Et ce qui est vrai pour l'école l'est pour toutes les institutions publiques qui se sont construites autour d'un isolement relatif pour résister aux conflits. Cette sanctuarisation est désormais menacée. L'enfant arrive à l'école avec en lui toute sa vie personnelle, ses problèmes sociaux, économiques, parfois une idéologie qui lui a été transmise par sa famille [...]


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