samedi 2 novembre 2019

La vertu du silence

Par Jacques Muglioni

« Ce qui rend l’esprit indisponible, ce n’est donc pas le vide, c’est l’encombrement... D’abord on ne peut entendre une leçon que si la discipline du corps témoigne, pour le sujet lui-même en premier lieu, d’une attente sans laquelle l’attention risque d’être à jamais refusée. Qui n’est pas capable d’écouter, c’est-à-dire de garder le silence, de faire taire ses opinions et ses humeurs, ne comprendra ni n’apprendra jamais rien... Le silence de la classe, à la fois condition et effet de l’attention, symbolise le chez soi de l’esprit et annonce l’esprit de la parole ... On ne dira jamais assez ce qui fait qu’une classe est une classe, non pas un agrégat incertain, mais un nombre fini d’élèves que l’on puisse distinguer, l’immobilité du corps, le maintien, la maîtrise du geste. Il y a des conditions physiques sans lesquelles la parole se perd... dans le bruit et la gesticulation. Qui ignore [la vertu du silence] ne sait pas ce que c’est que la classe, ni ce qu’est enseigner. » 

Réf. "L'école ou le loisir de penser" de Jacques Muglioni, doyen de l'inspection générale de philosophie (années 80)