samedi 1 février 2020

Le bruit dans la classe

Par Mathieu

La question du volume sonore dans la classe se pose régulièrement lors de discussions entre collègues, et plus encore si l’on envisage de modifier ses pratiques pour aller vers un fonctionnement plus coopératif. Ainsi, différentes inquiétudes sont en général présentées à l’évocation du développement des libertés par exemple. Le bruit serait pour certain-e-s l’indicateur d’une classe qui travaille car naturellement, les échanges entre pairs voire les déplacements, entraîneraient un niveau sonore élevé. C’est l’image de la ruche qui bourdonne (et parfois davantage).

Ce problème du contrôle du niveau sonore me paraît parfois révélateur d’une impasse dans laquelle nous sommes tou-te-s tenté-e-s de nous engouffrer : celle du laisser-faire face à une classe qui chercherait avec constance la voie de l’auto-organisation. Il me semble au contraire que la capacité pour les élèves à faire usage de leur liberté dans un cadre accueillant pour tou-te-s dépend d’une structuration forte de la classe, notamment du point de vue disciplinaire. C’est aussi dans la pagaille que pourront se cacher les conflits voire les violences entre élèves, nous laissant alors souvent incapables de démêler les causes du désordre.
D’autre part, le bruit dans la classe participe souvent au développement d’une souffrance chez certains profs. La situation mérite donc qu’on ne se résigne pas à choisir entre calme et développement de pratiques émancipatrices pour les élèves.

Même si en éducation prioritaire on suppose que beaucoup de nos élèves ne sont pas familiarisé-e-s avec le silence, ou tout au moins le calme de par leur environnement personnel, il semble évident que tou-te-s ne sont pas capables de se concentrer dans un environnement bruyant, qui plus est lorsque les activités en cours les confrontent à leurs difficultés.
Inversement, une classe dans laquelle seule la voix de l’enseignant-e rythmerait les différentes phases de l’heure, pourrait difficilement laisser envisager une quelconque entreprise d’émancipation pour les élèves tant ceux-ci seraient réduit-e-s à une posture de réceptacles passifs pour les savoirs. On pourrait alors conclure que ni le silence ni le bruit ne peuvent être les indicateurs d’une classe au travail.

Le problème qui se pose alors est le suivant : comment permettre le développement de libertés chez les élèves (en terme de travail, d’échanges, de déplacements...), sans pour autant transformer sa classe en piste d’atterrissage d’aéroport [...]


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