L'actualité sape bien trop souvent mon propos car mes élèves, très observateurs, ne sont pas idiots.
Par Dominique Resch (Prof dans les quartiers nord de Marseille, écrivain)
- M'sieur, il est trop fort, lui !
- Qui ça ?
- Ben lui, là... Le premier ministre... Il est trop fort !
Les dérives de nos hommes politiques me créent des difficultés, et c'est un comble. Lorsque je sermonne mes élèves qui arrivent en retard le matin au lycée et qui ne travaillent pas assez, je me sens mal. L'actualité sape bien trop souvent mon propos car mes élèves, très observateurs, ne sont pas idiots.
Mais le problème n'est pas là où l'on pense. Et il est plus grave qu'on imagine.
Si mes élèves trouvaient pénible d'être obligés de travailler en cours alors que des gens sont payés à ne rien faire, je pourrais me contenter d'expliquer que certains adultes, en principe irréprochables, donnent le mauvais exemple. J'essayerais de trouver les mots. De faire avec. Je me débrouillerais toujours... Hélas, le problème est plus compliqué: beaucoup de mes élèves, au lieu d'être scandalisés par des attitudes révoltantes, sont totalement admiratifs. Sous le charme. Ceux-là ont trouvé leur leader: le plus futé, le plus rusé, c'est qui ?
- Ben lui, là... Le premier ministre... Il est trop fort !
Que dire ?
Heureusement, il y a quelques jours, la lucidité d'Abdel m'a aidé à revenir sur terre :
- Oh, les gars, arrêtez, c'est pas normal, quand même !
Ouf.
Lueur d'espoir.
Mais parfois, c'est sans issue : le prof, il est bien gentil avec ses consignes et ses règles mais, comme dit Irchad: "Il est pas à jour" [...]
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- M'sieur, il est trop fort, lui !
- Qui ça ?
- Ben lui, là... Le premier ministre... Il est trop fort !
Les dérives de nos hommes politiques me créent des difficultés, et c'est un comble. Lorsque je sermonne mes élèves qui arrivent en retard le matin au lycée et qui ne travaillent pas assez, je me sens mal. L'actualité sape bien trop souvent mon propos car mes élèves, très observateurs, ne sont pas idiots.
Mais le problème n'est pas là où l'on pense. Et il est plus grave qu'on imagine.
Si mes élèves trouvaient pénible d'être obligés de travailler en cours alors que des gens sont payés à ne rien faire, je pourrais me contenter d'expliquer que certains adultes, en principe irréprochables, donnent le mauvais exemple. J'essayerais de trouver les mots. De faire avec. Je me débrouillerais toujours... Hélas, le problème est plus compliqué: beaucoup de mes élèves, au lieu d'être scandalisés par des attitudes révoltantes, sont totalement admiratifs. Sous le charme. Ceux-là ont trouvé leur leader: le plus futé, le plus rusé, c'est qui ?
- Ben lui, là... Le premier ministre... Il est trop fort !
Que dire ?
Heureusement, il y a quelques jours, la lucidité d'Abdel m'a aidé à revenir sur terre :
- Oh, les gars, arrêtez, c'est pas normal, quand même !
Ouf.
Lueur d'espoir.
Mais parfois, c'est sans issue : le prof, il est bien gentil avec ses consignes et ses règles mais, comme dit Irchad: "Il est pas à jour" [...]
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