jeudi 1 juillet 2021

Bons élèves avant la pandémie, des lycéens racontent leur décrochage : "Moi qui aimais tant aller en cours, je n'y arrive plus"

Ils terminent une deuxième année scolaire rendue chaotique par le Covid-19 et les mesures sanitaires, entre cours au lycée et à la maison. De quoi entamer leur motivation, faire chuter leurs notes et provoquer angoisses ou phobie scolaire.


Par Guillemette Jeannot

"Depuis la rentrée de septembre, je vis au jour le jour", souffle Shirelle, 18 ans, en terminale sport-étude dans un lycée de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Avec la pandémie de Covid-19, la jeune fille n'arrive plus à s'accrocher à ses projets d'avenir ni à se projeter dans quoi ce que soit. Comme elle, plus de deux millions de lycéens jonglent depuis des mois entre cours à la maison, retours en classe et une liste sans fin de devoirs à rendre. L'enchaînement des couvre-feux et autres confinements a également mis en suspens leur vie sociale naissante.

Ces contraintes sanitaires ont aggravé la situation d'élèves déjà en rupture scolaire. Le ministère de l'Education nationale rapporte à franceinfo que, pour l'année 2020, "le corps enseignant a perdu de vue 10% des élèves en collèges et lycées et 18% des élèves en lycées professionnels." Mais elles fragilisent aussi des élèves qui jusque-là n'avaient pas rencontré de difficultés particulières. Parmi eux, Shirelle, Pauline*, Isaure, Emilie, Rose et Thibaut*. Crises d'angoisse, anxiété ou encore insomnies sont apparues chez ces adolescents en perte de repères. Ils ont répondu à l'appel à témoignages de franceinfo et décrivent, à l'occasion de la reprise des cours en demi-jauge lundi 3 mai, un tableau bien sombre dans lequel ils vivent depuis plusieurs mois.

"Nos vies se résument à travailler, dormir, travailler"

C'est un cercle infernal qui semble s'être abattu sur ces adolescents. "Entre confinement et déconfinement, entre période de stress puis de relâchement, je suis dans une instabilité permanente", souligne Shirelle. Cette sportive de haut niveau en tir à l'arc a perdu toute motivation loin de la salle d'entraînement qu'elle fréquentait jusqu'à six heures par jour. Jusqu'à fin septembre 2020, elle n'avait aucun problème avec "le niveau des cours, les devoirs et les attentes des professeurs". Mais les protocoles sanitaires renforcés ont changé la donne [...]


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