jeudi 13 novembre 2008

Respect et coopération pour un apprentissage de la citoyenneté

Je rejoins les propositions de Béatrice qui a un fonctionnement assez proche du mien : je pense en effet que le meilleur moyen de faire comprendre ce que c'est « être citoyen responsable » c'est d'exercer , au moins en partie, cette fonction . Pour ça, les pistes sont nombreuses quand on veut bien se donner la peine d'y réfléchir :
- il existe effectivement de nombreuses pistes pédagogiques qui permettent aux enfants d'exercer leur esprit critique et de faire des propositions réfléchies ( il ne s'agit pas seulement de critiquer ou dénoncer , mais de proposer autre chose) : ça commence par des conseils d'enfants dans la classe où l'on discute de ce qui ne va pas et de ce que l'on peut améliorer ( mais attention, il ne s'agit pas d' un bureau des plaintes, mais d'un espace de décision : on ne discute que de ce qui concerne au moins une partie de la classe, on ne change de sujet que quand on a trouvé une solution collective que la majorité accepte) ; on propose des projets et on se donne les moyens d'y arriver ( y compris la recherche de solutions financières si nécessaire ). ce sont les élèves eux-même qui président, distribuent la parole , et l'attitude des enfants, dans ces conseils qui les concernent directement , est significative : ils sont dignes, respectueux les uns des autres, et souvent plus attentifs qu'en classe ! Et ils ont plein de bonnes idées qu'ils accomplissent d'autant plus facilement que ça vient d'eux ! ( c'est reposant pour la maîtresse !)
- En classe toujours, j'utilise aussi un outil de l'OCCE ( Office de la Coopération à l'Ecole, qui d'ailleurs propose une réflexion et des actions qui souvent vont dans le sens dont nous parlons ) : l'agenda coopératif qui propose des activités pour développer l'estime de soi de chacun, qui est essentielle : quelque soit l'espace de liberté que vous proposez aux enfants, ils ne pourront en prendre possession que s' ils ont suffisamment confiance en eux.
- D'autres opérations à l'extérieur de la classe peuvent effectivement permettre de développer des attitudes citoyennes et constructives : parlement des enfants, semaine de la presse, concours d'écriture ... mais plus que l'opération elle-même, c'est la façon dont on l'aborde avec les enfants qui est importante. Les enfants sont au maximum acteurs, donc responsables du bon déroulement et de la réussite de leur projet . C'est à dire qu'ils sont impliqués . Le projet est collectif, les risques sont partagés mais personne n'est porté, chacun a son rôle et le tout dépend de la réussite de chacun . Quand les enfants se sentent responsables de leur projet ( y compris leur projet d'apprentissage, car n'oublions pas que nous sommes à l'école) , ils progressent ( on en revient au principe de liberté : « on n'apprend rien sans motivation ») .
- En classe, les enfants( de CM) sont responsables d'une tâche à la semaine . Ils sont aussi médiateurs auprès des petits dans la cour , ils ont des droits supplémentaires s'ils respectent bien la règle et se montrent responsables; ils sont aussi responsables de leur travail, ont des contrats à remplir ... bref, ils sont mis en position d'acteurs, pas de récepteurs . Quand des enfants ont du mal à respecter la règle, on les aide et on les conseille, on les encourage avant de les sanctionner . (la loi est fondatrice, c'est à dire que nul ne peut s'y opposer, ...y compris la maîtresse ). La sanction n'est pas absente ( dans la société non plus) mais elle est au maximum dans une logique de réparation de la faute .
Enfin le respect est fondamental : j'ai le droit de ne pas être d'accord, mais il m'est interdit de l'exprimer violemment, et je ne peux rien exiger sous la contrainte quelle qu'elle soit : menaces, chantages, promesses, sinon ce n'est pas valable.

Bref, je n'ai rien inventé, j'ai lu les ouvrages d'un certain nombre de pédagogues, je fais « ma sauce » avec ces apports, mes convictions, les « ordres » du ministère ( dans lesquels je fais aussi mes propres choix, que j'assume pleinement, mais toujours ce que je pense être dans l'intérêt de l'enfant avant tout ). Ce n'est pas toujours simple mais quand on parvient à appliquer (tant bien que mal, nous avons nous aussi nos contradictions ...) cette façon d'agir, d'enseigner, on arrive à avoir des enfants heureux de venir, d'apprendre, de s'investir, d'être là. Bien sûr, ce n'est pas gagné à tous les coups, bien sûr ça demande du travail et de l'humilité, mais quel bonheur quand un gamin qu'on croyait « éteint » se remet à pétiller !

Isabelle